To All Appearances A Lady - University of British Columbia

Books in Review
à une articulation poussée: l'auteur commentant
particulièrement son rapport à
l'écriture et sa conception de la pédagogie,
favorise une fluidité mystique qui tourne
autour de la création ou de l'enseignement,
parce qu'ils sont pour lui des objets d'abord
sentis, jamais pensés et réfléchis. Ne parlet-il
pas, entre autres du "livre-parole" du
"livre-cri", du "livre-désir", du "livre-chant",
comme n'abuse-t-il pas d'associations du
genre "jouer-travailler", "penser-sourire",
"pensée-désir" ou "apprentissage-différence",
qui à elles seules sont tout un programme
qui ne peut être qualifié que de
soft-idéologique. Mais le plus affligeant,
parce que le plus virtuellement dommageable
(et je pèse mes mots), c'est que cette
représentation de l'approximation créationniste
en lieu d'articulation d'une
démarche intellectuelle est offerte, que disje,
imposée puisqu'elle est enseignée à de
jeunes étudiants de collège, car Haeck dans
"Préparatifs d'Écriture" nous expose, et
longuement, ses préparations de cours et
les objectifs qui en découlent. Ainsi, les
jeunes québécois dont on déplore tant et
plus les faiblesses en français écrit et parlé,
se voient invités à rejeter une "expression
rigoureuse (qui) permet à qui l'entend de
penser uniquement ce qui lui convient et ce
que, de toute façon, la raison lui ordonne"
et "à sortir de la langue stéréotypée,
académique, morte", comme s'ils avaient
jamais eu la chance d'y entrer, et comme si
le discours de Haeck lui-même n'était pas
rempli de ces stéréotypes de la naïvetégouroue,
même pas mal intentionnée, ce
qui est un autre comble de l'insignifiance,
parole mystique qui invite ses pathétiques
adeptes à faire des "exercices-jeux avec le
langage" pour ne pas "risquer votre âmepeau,
votre pensée-désir". Pour en finir, je
ne peux, encore une fois, que citer Jean
Larose "... l'Association Québécoise des
professeurs de français (l'un des organismes
qui mettent le plus en danger en ce
moment—bien plus qu'Alliance Québec—
la vie du français au Québec)". No wonder.
Heureusement, pour notre réconfort
moral et intellectuel, La Génération Lyrique
de Ricard s'affirme comme un brillant essai
d'une écriture remarquablement efficace,
sur les paradigmes socio-historiques qui
ont prévalu au surgissement, et ensuite à
l'établissement des baby-boomers, dont
Ricard situe la naissance entre 1945 et 1967.
L'un des grands mérites de cet essai—et ils
sont nombreux—est d'abord de situer le
phénomène démographique du babyboom
dans son contexte mondial pour
ensuite s'attacher à l'étude de ses caractéristiques
au sein de la société québécoise.
Ainsi, l'expression "Révolution Tranquille",
perd sous la démonstration de Ricard sa
spécificité québécoise, car l'auteur démontre
bien que le tournant réformiste des
années soixante n'a pas été une exclusivité
au Québec, mais s'est manifesté partout, de
la même façon en Amérique et dans de
nombreux pays d'Europe. Ces élargissements
faits, l'auteur s'attache ensuite à
montrer, en revenant au cas québécois,
comment la création du Québec contemporain,
avec ses orientations sociales, est
redevable à ce qu'il désigne comme étant
"l'idéologie lyrique", représentation propre
aux baby-boomers marquée d'abord par
l'urgence de couper les ponts avec ce qui a
précédé, les contraintes, les restrictions de
toutes sortes, ensuite par le sentiment, plus,
par la certitude, que toute réalité puisse être
transformée par leur seul désir et leur seul
enthousiasme. Dès lors, devant l'immédiat
succès de cette volonté de faire table rase
d'un univers dépassé, découlerait aussi le
sentiment de la non-résistance du monde,
de la société, devant cette détermination à
instaurer un ordre nouveau, sentiment que
Ricard qualifie globalement de lyrique,
exprimant bien à quel point la génération
des baby-boomers n'aura jamais eu à
éprouver le poids et la lourdeur de ce
monde. Mais c'est aussi à partir de cette
singularité que s'instaure aussi le discours
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