The Carpathians - University of British Columbia

the language and the gentle turning
towards itself of historical insight and selfknowledge.
Nation & Communauté(s)
Jean-Michel Lacroix & Fulvio Caccia, eds.
Métamorphoses d'une utopie. Presses de la
Sorbonne nouvelle/Eds Triptyque
Bernard Dagenais
La crise d'octobre et les médias: le miroir à dix
faces, vlb éditeur
Richard Poulin, éd.
Criss d'octobre! Les Editions du Vermillon
Compte rendu par Leif Tufte
Le volume intitulé Métamorphoses d'une
utopie, qui constitue les Actes d'un colloque
organisé à Paris conjointement par le
Centre d'études canadiennes et la revue
Vice Versa, est à coup sûr un ouvrage qui
sort de l'ordinaire. Cela se manifeste non
seulement par le grand nombre et la variété
des interventions, mais surtout par l'ampleur
du sujet proposé sous forme d'une
interrogation provocatrice: "A l'orée de l'an
2000, le pluralisme ethnoculturel en
Amérique du Nord peut-il être un modèle
pour l'Europe?" Il est difficile d'imaginer,
dans l'état actuel des choses, une question
plus cruciale, plus controversée et passionnante.
Et quoi de plus opportun que
d'arranger un tel colloque à Paris—le symbole
même de l'Etat-nation—et qu'il se
déroule sous les auspices des Etudes canadiennes,
si intimement apparentées à l'enjeu
du multiculturalisme.
Etant donné qu'une vingtaine de spécialistes
venus des horizons les plus divers de
part et d'autre de l'Atlantique se sont
donné rendez-vous à cette occasion, il est
inévitable qu'ici ou là des sous-thèmes
quelque peu éloignés du thème principal
soient développés. Loin de nuire à une
quelconque homogénéité dont on pourrait
peut-être rêver, cela contribue plutôt à
mettre en relief le caractère fondamentalement
expérimental de cette aventure
pluridisciplinaire. A ce propos, il faut également
se féliciter du bon équilibre obtenu
entre les sciences sociales, malgré tout prédominantes,
et ce qu'apportent les humanités
à travers leurs perspectives
transculturelles appliquées aux problèmes
de langue et de littérature. Cela se voit
clairement dans le nombre important d'interventions
consacrées à certaines
minorités outre-Atlantique, comme par ex.
les autochtones au Canada et les communautés
chicano aux Etats-Unis.
Dans l'ensemble, les contributions ici
réunies sont d'un très grand intérêt pour
quiconque s'intéresse à ce qui touche à la
"transculture"—compris comme un
changement ou une osmose de culture -
pour utiliser le terme proposé il y a
cinquante ans déjà par l'anthropologue
cubain Fernando Ortiz. La plupart des participants
à ce colloque font preuve de la
prudence qui s'impose devant l'ampleur
des problèmes auxquels il faut faire face.
Sans parti pris trop prononcé, ils essaient
de rendre compte de leur mieux des
changements identitaires en cours dans les
consciences, individuelles ou collectives. Ce
n'est peut-être pas un hasard si la contribution
la plus remarquable sort de la plume
d'un des organisateurs du colloque, Jean-
Michel Lacroix. Dans son analyse comparative
entre la problématique de "l'intégration"
selon la logique étatique/juridique de
l'Etat-nation, dont la France reste le prototype,
et celle de "l'insertion" ou de la
"mosaïque" selon la formule canadienne,
l'auteur met l'accent sur les ambiguïtés
plutôt que sur les certitudes. N'empêche
que sa mise au point succincte et lucide
nous fait mieux comprendre le véritable
enjeu des grands mouvements migratoires
de cette fin de siècle. Ce n'est sûrement pas
un hasard non plus si des références aux
ouvrages de Julia Kristeva et de Tzvetan
Todorov sur la nation et le nationalisme—