Vol. XXXVIII / 1 - Studia Moralia
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134 RÉAL TREMBLAY<br />
sence 12 au point que c’est là qu’il faudra désormais le chercher et<br />
le trouver. Nous touchons ici à une des assises de la structure<br />
sacramentelle de l’Église en général et, en elle, du septénaire<br />
sacramentel, notamment de son sommet, l’eucharistie. En<br />
somme, l’eucharistie est l’apparition du Crucifié ressuscité dans<br />
le temps qui précède la pleine irruption de l’eschatologie à la fin<br />
des temps.<br />
Or qui dit “apparition” dit visibilité, réalité perceptible à<br />
l’oeil, et qui parle d’“apparition” dans le présent contexte parle<br />
de réalité visible coïncidant avec la réalité manifestée. Dès lors<br />
la question se pose: en quoi le pain et le vin eucharistiques<br />
relaient-ils le Crucifié ressuscité sous les traits retenus plus haut<br />
à la suite de l’épisode lucanien des pèlerins d’Emmaüs?<br />
On pourrait dire que le pain partagé et le vin versé sont des<br />
réalités de ce monde foncièrement données. Le dicton populaire<br />
ne se trompe pas lorsqu’il compare à du pain quelqu’un de particulièrement<br />
dévoué ou serviable: “il est comme du bon pain”<br />
dit-on spontanément. L’être radicalement pro-existant du<br />
Crucifié ressuscité trouverait donc une espèce de parenté avec<br />
ces réalités et prendrait ainsi visage dans le temps de l’Église<br />
“sous les apparences” du pain et du vin distribués aux convives<br />
d’un repas. On pourrait pousser encore plus loin ces rapports<br />
pour continuer à préciser les traits sacramentels du Crucifié ressuscité.<br />
Le pain offert en partage est un pain rompu, brisé, fractionné;<br />
le vin versé est un vin répandu. Or le Ressuscité n’est-il<br />
pas “Serviteur” des hommes jusqu’à la mort dont il porte du<br />
reste encore et pour toujours les marques dans son corps re-vivifié<br />
(cf. Lc 24, 39-40; Jn 20, 27; Ap 5, 6)? Rompu et répandu, le<br />
pain et le vin eucharistiques renvoient ainsi au service de la<br />
croix, au “corps donné pour vous” et au “sang versé pour vous”<br />
(Lc 22, 19-20 et parall.; cf. 1 Co 11, 23-25), sans insister sur la<br />
séparation comme sur l’unité de ces mêmes éléments qui,<br />
comme tels, rendent manifestes dans le temps le sacrifice éternel<br />
du Christ d’abord accompli “une fois pour toutes” sur le<br />
Golgotha (cf. Hé 9, 26).<br />
12<br />
Il est bien entendu qu’il s’agit ici d’une présence forte dans le sens du<br />
dogme de Trente (cf. DH 37 [éd. française], 1651) réaffirmé avec fermeté par<br />
l’Encyclique Mysterium Fidei de PAUL VI (cf. DH 37 [éd. française], 4411-4413).