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Vol. XXXVIII / 1 - Studia Moralia

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LE PAIN ROMPU À MANGER ET LE VIN VERSÉ À BOIRE, VISAGE DU CRUCIFIÉ 131<br />

eschatologique. Comme tel, il implante dans le monde comme<br />

un pôle d’attraction qui fait que l’homme et la création avec lui<br />

sont tournés vers celui qui accomplit toutes choses (cf. Col 1,<br />

16). La recréation de type filial que le Crucifié ressuscité réalise<br />

en sa propre personne - il est comme Fils l’“Homme Nouveau”<br />

(Ep 3, 15) - suscite en l’homme une prédisposition ou une prédétermination<br />

à recevoir la grâce de l’adoption filiale et, chez le<br />

croyant, une préparation immédiate à la recevoir avec l’aspiration,<br />

une fois en possession de ce don, à l’acquérir selon une<br />

intensité toujours plus grande.<br />

Ce don de la filiation progressant au rythme de la croissance<br />

incessante du désir (cf. Ap 21, 16) instaure aussi, entre le<br />

Ressuscité et les croyants, un rapport de caractère beaucoup<br />

plus unitif que celui existant entre le Jésus terrestre et ses disciples.<br />

Ceci affleure dans notre texte biblique lorsque l’on voit passer<br />

les mêmes disciples d’un état de vide et de désarroi par suite<br />

de la perte tragique du Maître en qui ils avaient placé leurs espérances<br />

messianiques à un état de plénitude intérieure due à la<br />

reconnaissance de Jésus désormais “Vivant” (Ap 1, 17) qu’ils<br />

croyaient mort à tout jamais. Autant la tristesse et la lassitude<br />

dues à l’absence de la personne aimée étreignaient d’abord leurs<br />

coeurs, autant la joie de sa présence les dilate maintenant. C’est<br />

précisément cette joie les embrasant intérieurement qui les<br />

pousse à retourner “à l’heure même” à Jérusalem pour communiquer<br />

aux “Onze” et à “leurs compagnons” la “bonne nouvelle”<br />

des retrouvailles du Crucifié ressuscité 7 .<br />

Il découle de tout cela que regretter, après la résurrection du<br />

Christ, le type de contact que les disciples ont eu avec le Jésus de<br />

l’histoire serait faire un pas en arrière considérable. Plus encore.<br />

7<br />

Lohfink cité par Ernst a ce texte suggestif: “Das Sich-Entfernen von<br />

der Stadt, in diesem Fall gleichbedeutend mit der Entfernung von Jesus und<br />

der künftigen Gemeinde, wird durch die Erscheinung des Auferstandenen<br />

eingeholt und umgekehrt in die Bewegung auf die Stadt hin” J. ERNST, o.c.,<br />

664. Et l’on pourrait ajouter qu’il se situe en pleine conformité avec la pensée<br />

de Luc puisque c’est de Jérusalem que doit partir le message du salut par<br />

la mort et résurrection du Seigneur pour être proclamé dans le monde entier<br />

dont Rome est la capitale (cf. Lc 24, 47; Ac 1, 8).

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