Vol. XXXVIII / 1 - Studia Moralia
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130 RÉAL TREMBLAY<br />
fois remué les coeurs. Les textes évangéliques en témoignent. Il<br />
suffira de citer l’attitude de Zachée (Lc 19, 1-10). Comment un<br />
homme si loin des idéaux proposés par Jésus a-t-il pu changer<br />
aussi rapidement et radicalement de vie sans d’abord avoir été<br />
touché en profondeur par les comportements et les paroles du<br />
maître? Cela dit, une constatation doit être faite. Si profond que<br />
fût l’impact de l’activité missionnaire de Jésus sur l’intériorité de<br />
l’homme, jamais pourtant les Évangélistes notèrent explicitement,<br />
comme en notre péricope, que les “coeurs” de ses auditeurs<br />
furent atteints au point d’être consumés par un feu mystérieux.<br />
Cette remarque nous permet de penser que Jésus a dû<br />
jouir de pouvoirs nouveaux par suite de sa résurrection d’entre<br />
les morts. Appartenant désormais totalement au monde de Dieu<br />
ou encore rempli de la force intérieure de l’Esprit par lequel le<br />
Père l’a ressuscité d’entre les morts, Jésus peut s’introduire, s’infiltrer<br />
dans l’intimité des “coeurs” encore plus finement qu’il<br />
avait pu le faire pendant sa vie terrestre. En l’occurrence, il peut<br />
justement se comporter comme le feu qui rejoint les moindres<br />
recoins de l’objet qu’il consume.<br />
Mais cette première donnée nous conduit à une autre<br />
comme à son présupposé. En effet, si le Crucifié ressuscité peut<br />
par l’Esprit toucher les fibres profondes du “coeur” des croyants,<br />
c’est que par le même Esprit il est devenu radicalement pro-existant.<br />
Depuis son entrée dans l’histoire en raison de la décision<br />
éternelle et purement amoureuse du Père de filialiser sa créature<br />
moyennant la croix de son Fils (cf. Ep 1, 4-5), Jésus fut certes<br />
toujours un être donné, un être “en tenue de service” (cf. Lc 12,<br />
37; 22, 27; Jn 13, 4-5), un être ’εν µορϕ ~˛η δούλου (cf. Ph 2, 7), mais<br />
la résurrection marque un plus à cet égard. Le “Serviteur” est<br />
maintenant glorifié, pénétré de toutes parts par l’Amour du Père<br />
en personne et ainsi devenu justice pour les multitudes (cf. Is 53,<br />
11). À partir de cette imprégnation totale de l’être théandrique<br />
de Jésus par le Pneuma paternel, est-il possible d’attribuer des<br />
traits encore plus précis à ce que nous présentions plus haut<br />
comme une nouvelle maîtrise des “coeurs” due à la force intérieure<br />
de l’Esprit? Sans trop déborder le sens du texte biblique<br />
qui nous sert toujours de guide, on pourrait certainement dire<br />
que cette maîtrise des coeurs est plus attractive et plus unitive<br />
que celle dévolue au Jésus de l’histoire. Comment cela?<br />
Ressuscité d’entre les morts, Jésus jouit de la plénitude