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Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Basm Ozeti<br />
En amont, ses parrains avaient offert un million<br />
<strong>de</strong> dollars pour que le responsable <strong>de</strong> la commission<br />
sur l'intégrité publique <strong>de</strong> Mossoul ferme les yeux !<br />
Des fonctionnaires irakiens et syriens <strong>de</strong>s ministères<br />
<strong>de</strong> l'Intérieur, <strong>de</strong>s Finances et du Pétrole étaient<br />
complices. Le cas est loin d'être isolé. En 2005, 450<br />
employés <strong>de</strong> l'administration pétrolière furent congédiés<br />
pour avoir tenté <strong>de</strong> revendre du pétrole hors<br />
d'Ii'ak.<br />
« Les gangs pétroliers sont <strong>de</strong>venus une dangereuse<br />
mafia qui menace les responsables <strong>de</strong> la lutte anticorrùption<br />
>l, affirme Ibrahim Bar al-Ouloum, ex-ministre<br />
du Pétrole. L'ancien député Mishan Jbouri n'a<br />
pas résbté aux offres sonnantes et trébuchantes: le<br />
ministère <strong>de</strong> la Défense lui avait <strong>de</strong>mandé d'utiliser<br />
sa tribu pour sécuriser, entre Kirkouk et Bayji, le pipeline<br />
d'exportation vers la Turquie, régulièrement<br />
saboté par la guérilla. En échange d'un partage du<br />
butin, le parlementaire sunnite laissa <strong>de</strong>s insurgés,<br />
, liés aux trafiquants, infiltrer la police tribale. Aujourd'hui<br />
en fuite, Jbouri est accusé d'avoir dérobé l'équi-,<br />
valent <strong>de</strong> plusieurs millions <strong>de</strong> dollars.<br />
À Bassora, « <strong>de</strong>s personnalités politiques influentes<br />
dirigent ces opérations <strong>de</strong> contreban<strong>de</strong> >l, accuse<br />
Salim Hussein, directeur <strong>de</strong> la société Basra Oil Products.<br />
Il est <strong>de</strong> notoriété publique que Mohammed<br />
al-Waeli, le gouverneur <strong>de</strong> la cité méridionale proche<br />
<strong>de</strong> l'immense champ pétrolier <strong>de</strong> Rumeila, a<br />
partie liée avec les trafiquants. Il appartient au Fadila,<br />
le parti chiite qui contrôle le ministère du Pétrole<br />
à Ba.gdad.<br />
A quelques mois d'un début <strong>de</strong> retrait militaire<br />
britannique <strong>de</strong> Bassora, le contrôle <strong>de</strong> la contreban<strong>de</strong><br />
est l'un <strong>de</strong>s principaux enjeux <strong>de</strong> la lutte sanglante<br />
que se livrent les milices chiites rivales. Ici, le gros du<br />
trafic conduit en Iran, que Bagdad accuse <strong>de</strong> donner<br />
refuge aux contrebandiers. Régulièrement, <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>-côtes<br />
irakiens, lancés à la poursuite <strong>de</strong> trafiquants,<br />
sont attaqués <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s navires iraniens,<br />
sans doute <strong>de</strong> mèche avec les voleurs.<br />
L'État impuissant contre la guérilla<br />
Pris en tenaille entre la guérilla sunnite et les milices<br />
chiites, l'État est impuissant. Il est difficile <strong>de</strong> sécuriser<br />
les 7 000 kilomètres d'oléoducs. Il est impossible<br />
<strong>de</strong> contrôler les 200 000 camions qui sont entrés<br />
en Irak via le poste frontière <strong>kur<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> Zakho en 2005.<br />
« Si la contreban<strong>de</strong> est <strong>de</strong>venue un sport national,<br />
c'est aussi parce que les Irakiens n'ont pas confiance<br />
dans un État qu'ils jugent illégitime >l, estime Yahia<br />
Said, expert pétrolier à la London Economic School.<br />
« En raison <strong>de</strong> l'insécurité, aucune autorité n'est<br />
présente à certains postes frontières >l, regrette le rapport<br />
américain, qui préconise la création d'un département<br />
spécial au ministère <strong>de</strong> l'Intérieur pour combattre<br />
le pillage <strong>de</strong>s ressources <strong>de</strong> l'Irak. Un ministère<br />
<strong>de</strong> l'Intérieur dont dépen<strong>de</strong>nt les gar<strong>de</strong>s frontières,<br />
infiltrés par <strong>de</strong>s milices chiites, elles-mêmes impliquées<br />
dans le trafic. « L'imbroglio donne une idée <strong>de</strong><br />
ce que pourrait <strong>de</strong>venir la contreban<strong>de</strong> <strong>de</strong> pétrole en<br />
cas d'éclatement <strong>de</strong> l'Irak >l, prévient un diplomate<br />
européen.<br />
GEORGES~ALBRUNOT<br />
La répartition <strong>de</strong>s recettes pétrolières,<br />
un enjeu colossal<br />
Déterminante pour<br />
l'avenir <strong>de</strong> l'IraK, la loi<br />
sur1'exploitation<br />
<strong>de</strong>s gis~Il!ents pétr~li,ers<br />
pourrait etre exammee<br />
bientôt par le Parlement.<br />
LES « MAJORS» occi<strong>de</strong>ntales<br />
sont dans les starting-blocks. Le<br />
projet <strong>de</strong> loi sur les conditions<br />
d'exploitation <strong>de</strong>s gigantesques<br />
réserves pétrolièr.~s i:~kiennes<br />
est en voië <strong>de</strong> -finalisation. Après<br />
<strong>de</strong>s mois d'âpres discussions à<br />
Bagdad, les différents partis politiques<br />
sont parvenus à s'entendre<br />
sur l'un <strong>de</strong>s aspects les plus<br />
controversés d'un texte qui va<br />
<strong>de</strong>ssiner, en creux, l'avenir institutionnel<br />
<strong>de</strong> l'Irak: comment répartir<br />
la manne pétrolière?<br />
Comme le préconise le récent<br />
rapport américain Baker-Hamilton,<br />
ce~le~~~re..ster~it ?U,ressort<br />
du gouvernement central, qui redistribuerait<br />
les recettes aux régiOllS,au<br />
prorata <strong>de</strong> leur population.<br />
Un Conseil national chargé<br />
<strong>de</strong> la politique pétrolière, présidé<br />
par le premier ministre, sera créé.<br />
Les Kur<strong>de</strong>s et, à un <strong>de</strong>gré moindre,<br />
les chiites, dont les zones <strong>de</strong><br />
population concentrent 85 % <strong>de</strong>s<br />
58<br />
gisements pétroliers, exigeaient<br />
au contraire que ces ressources<br />
soient gérées par les provinces.<br />
Les <strong>de</strong>ux groupes ethnico-religieux<br />
au pouvoir à Bagdad pensaient<br />
ainsi se donner les moyens<br />
<strong>de</strong> l'autonomie territoriale. Mais<br />
en matière pétrolière, les Américains<br />
restent attachés à l'unité <strong>de</strong><br />
l'Irak.<br />
Selon l'accord qui se <strong>de</strong>ssine,<br />
les régions seraient autorisées à<br />
négocier <strong>de</strong>s contrats avec <strong>de</strong>s investisseurs<br />
étrangers mais le <strong>de</strong>rnier<br />
mot resterait au gouvernement<br />
central. Le Conseil national<br />
<strong>de</strong> la politique pétrolière aura le<br />
pOUVOir<strong>de</strong> rejeter tout contrat<br />
proposé pour un gisement. Le<br />
premier ministre irakien, Nouri<br />
àl-Maliki, a « signalé son approbation<br />
» hier du projet <strong>de</strong> loi, a indiqué<br />
l'agence Reuters.<br />
Pressions <strong>kur<strong>de</strong></strong>s<br />
Les Kur<strong>de</strong>s, qui ont reculé sur<br />
le partage <strong>de</strong>s revenus, ont fait<br />
pression sur le mimstre du Pétrole,<br />
Hussein Charistani, pour parapher<br />
les futurs accords pétroliers.<br />
Selon le projet d'accord, la région<br />
du Kurdistan a cependant arcepté<br />
<strong>de</strong> réexaminer les contrats<br />
qu'elle a déjà passés avec <strong>de</strong>s<br />
compagnies pétrolières étrangères<br />
sur ses gisements pour vérifier<br />
leur conformité avec la nouvelle<br />
loi. Parmi ces compagnies figure<br />
la norvégienne DNO.<br />
Ces <strong>de</strong>rniers mois, le gouvernement<br />
autonome <strong>kur<strong>de</strong></strong> (nord) a<br />
en effet signé plusieurs contrats<br />
d'exploitation. Mais à Bagdad,<br />
Hussein Charistani avait récusé<br />
ces accords, les jugeant « illégaux<br />
>1. Pour J'instant, aucune <strong>de</strong>s<br />
« majors », les gran<strong>de</strong>s compagnies<br />
pétrolières américaines ou<br />
européennes, n'a encore soumissionné<br />
sur le marché <strong>kur<strong>de</strong></strong>. Et ce,<br />
malgré les clins d'œil <strong>de</strong>s responsables<br />
du Kurdistan. Ainsi, est-ce<br />
à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> Jalal Talabani<br />
que celui-ci a rencontré les responsables<br />
<strong>de</strong> Total, le mois <strong>de</strong>rnier,<br />
lors <strong>de</strong> sa visite officielle en<br />
France, en tant que prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
la République.<br />
Les « majors» ont besoin d'un<br />
cadre législatif clair avant <strong>de</strong> revenir<br />
opérer en Irak. « Et ce cadre,<br />
c'est le gouvernement central qui<br />
~eut le fixer >l, souligne un responsable<br />
d'une compagnie européenne.<br />
Absent d'Irak <strong>de</strong>puis 2004, en<br />
raison <strong>de</strong> l'insécurité, Total lorgne<br />
toujours les <strong>de</strong>ux champs pétroliers<br />
<strong>de</strong> Noomar et Majnoun,<br />
au sud du pays. Le groupe français<br />
avait reçu la promesse <strong>de</strong><br />
Saddam Hussein d'une concession<br />
<strong>de</strong> ces gisements, estimés<br />
entre 20 et 30 milliards <strong>de</strong> barils.<br />
Aujourd'hui, Total s'estime encore<br />
bien placée pour les exploiter.<br />
À condition, toutefois, que le<br />
gouvernement irakien ne remette<br />
pas en question tous les accords<br />
datant <strong>de</strong> l'ère Saddam. Or<br />
sur ce point également, le débat<br />
est vif. Les chiites ne veulent pas<br />
récompenser ainsi les pays qui se<br />
sont opposés à la guerre qui leur<br />
a permis <strong>de</strong> se débarrasser <strong>de</strong><br />
Saddam.<br />
G.M.<br />
LE FIGARO<br />
21 décembre 2006