Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Revue <strong>de</strong> Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro <strong>de</strong> la Prensa-Bastn Ozeti<br />
fe1Jlon<strong>de</strong><br />
21 décembre 2006<br />
WASHINGTON<br />
CORRESPONDANTE<br />
Dans un entretien au« Washington Post », le prési<strong>de</strong>nt<br />
américain se démarque du rapport Baker-Hamilton<br />
M. Bush envisage<br />
<strong>de</strong>s renforts en Iral{,<br />
où la guerre<br />
« n'est pas gagnée»<br />
Cinq semaines après la défaite <strong>de</strong>s<br />
républicains aux élections <strong>de</strong><br />
mi-mandat et <strong>de</strong>ux semaines après<br />
la publication du rapport Baker-Hamilton<br />
plaidant pour un changement <strong>de</strong> stratégie<br />
en Irak, le prési<strong>de</strong>nt George Bush a<br />
fait, mardi 19 décembre, une proposition<br />
allant nettement à contre-courant: augmenter<br />
les effectifs <strong>de</strong>s forces armées<br />
américaines.<br />
Dans une interview publiée par le<br />
Washington Post, M. Bush a indiqué que<br />
cette idée ne s'appliquait pas à l'Irak en<br />
particulier mais à l'armée en général,<br />
durement mise à l'épreuve par la « guerre<br />
antiterronste ». Pour l'Irak, il a indiqué<br />
que sa décision n'était pas prise. Selon la<br />
Maison Blanche, l'augmentation<br />
<strong>de</strong>s effectifs est l'une <strong>de</strong>s<br />
possibilités à l'étu<strong>de</strong> concernant<br />
le changement d'approche<br />
promis au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s<br />
élections du 7 novembre. Pour<br />
la première fois, M. Bush a<br />
admis que les Etats-Unis ne<br />
gagnaient pas la guerre.<br />
« Nous ne gagnons pas, nous ne perdons<br />
pas », a-t-il dit.<br />
Leprési<strong>de</strong>nt a annoncé son projet d'expansion<br />
<strong>de</strong> l'armée en prélu<strong>de</strong> à son<br />
entretien avec le journal. « Quelques<br />
remarques avant que nous ne commencions,<br />
a-t-il dit. Il est ivi<strong>de</strong>nt que je suis en<br />
train <strong>de</strong> réfléchir à la marche à suivre en<br />
Irak, etje parle à beaucoup <strong>de</strong> gens, et aussi<br />
<strong>de</strong> la marche à suivre dans cette lutte idéologique.<br />
Il y a une réflexion dont je veux vous<br />
faire part, je suis enclin à penser que nous<br />
<strong>de</strong>vons augmenter le nombre <strong>de</strong> nos soldats,<br />
l'armée <strong>de</strong> terre, les marines. » Il a<br />
indiqué avoir <strong>de</strong>mandé au nouveau secrétaire<br />
à la défense, Robert Gates, <strong>de</strong> lui faire<br />
<strong>de</strong>s recommandations en ce sens.<br />
La déclaration <strong>de</strong> M. Bush est intervenue<br />
alors que Washington est en proie à<br />
un vif débat sur l'envoi <strong>de</strong> renforts en<br />
Irak, pour une durée <strong>de</strong> temps dite « limitée<br />
». La solution diplomatique d'un dialogue<br />
avec la Syrie et l'Iran, préconisée<br />
par le rapport Baker-Hamilton, n'est pratiquement<br />
plus discutée, à l'exception<br />
d'une fraction <strong>de</strong>s démocrates tels que<br />
les sénateurs John Kerry et Christopher<br />
Dodd, qui sont arrivés, mardi, à Damas<br />
pour une visite désapprouvée par le<br />
département d'Etat. :<br />
Le débat se concentre maintenant sur<br />
l'option militaire, non pas celle d'un<br />
désengagement <strong>de</strong>s troupes <strong>de</strong> combat<br />
tel que l'a proposé la commission bipartite,<br />
mais sur un accroissement <strong>de</strong>s forces.<br />
Cette solution est préconisée par le<br />
prési<strong>de</strong>ntiable républicain John McCain<br />
et par les néoconservateurs du cercle <strong>de</strong><br />
réflexion American Enterprise <strong>Institut</strong>e,<br />
qui ne cachent pas leur plaisir<br />
d'avoir enfin été débarrassés<br />
<strong>de</strong> Donald Rumsfeld, coupable<br />
à leurs yeux <strong>de</strong> n'avoir<br />
jamais voulu mobiliser un<br />
nombre d'hommes suffisant.<br />
Certains démocrates, tels<br />
que Harry Reid, leur chef <strong>de</strong><br />
file au Sénat, ne sont pas hostiles<br />
à la possibilité d'accroître brièvement<br />
les effectifs en Irak. Devant le consensus<br />
en train <strong>de</strong> se <strong>de</strong>ssiner, les chefs militaires<br />
n'ont pas hésité à faire part <strong>de</strong> leurs<br />
inquiétu<strong>de</strong>s, au risque <strong>de</strong> se trouver en<br />
porte-à-faux avec les autorités civiles.<br />
Quelques heures avant <strong>de</strong> recueillir son<br />
entretien avec M. Bush, le Washington<br />
Post avait publié un article répercutant -<br />
<strong>de</strong> manière anonyme - l'hostilité <strong>de</strong>s<br />
plus hauts responsables <strong>de</strong> l'armée. Pour<br />
ceux-ci, affirmait le quotidien, un accroissement<br />
<strong>de</strong>s effectifs n'aurait <strong>de</strong> sens<br />
qu'accompagné <strong>de</strong> vigoureuses initiatives<br />
politiques et économiques.<br />
Le porte-parole <strong>de</strong> la maison Blanche,<br />
Tony Snow, a démenti toute divergence.<br />
« Ils travaillent ensemble. Le prési<strong>de</strong>nt a le<br />
plus grand respect pour la chaîne <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ment<br />
», a-t-il dit. Les chefs militaires<br />
considèrent que leurs unités sont déjà<br />
au bord du point <strong>de</strong> rupture. M. Bush a<br />
reconnu que l'armée était, sinon « prau'-<br />
quement cassée» comme l'a dit, dimanche<br />
l'ancien secrétaire d'Etat Colin<br />
pO\o~ell,mais du moins « éprouvée».<br />
La prise <strong>de</strong> position <strong>de</strong> M. Bush intervient<br />
aussi alors qu'un supplément budgétaire<br />
doit être <strong>de</strong>mandé au nouveau<br />
Congrès en février 2007. Le prési<strong>de</strong>nt n'a<br />
pas caché qu'il entend mettre la majorité<br />
démocrate au pied du mur. « La question<br />
fondamentale, c'est <strong>de</strong> savoir si les républicains<br />
et les démocrates seront capables <strong>de</strong><br />
collaborer avec cette administration»<br />
pour donner à l'armée les moyens <strong>de</strong><br />
mener une guerre longue, a-t-il dit .•<br />
CORlNE LESNES<br />
Plus haute autorité chiite aux Etats-Unis, l'imam Al-Sahlani<br />
« ne sous-estime pas la lassitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Américains»<br />
NEW YORK<br />
CORRESPONDANT<br />
Plus haute autorité chiite d'Amérique du<br />
Nord, originaire <strong>de</strong> Bassora dans le sud<br />
<strong>de</strong> l'Irak, l'imam Fadhel Al-Sahlani a fui<br />
les persécutions du régime <strong>de</strong> Saddam<br />
Hussein dont sa famille a été victime. Il<br />
dirige <strong>de</strong>puis seize ans le centre islamique<br />
Al-Khoei dans le Queens, à New<br />
York, fréquenté par 5 000 familles chiites.<br />
Modéré, il est le représentant officiel<br />
aux Etats-Unis du grand ayatollah Ali<br />
Al-Sistani.le chef spirituel incontesté<br />
<strong>de</strong>s 14millions <strong>de</strong> chiites ên Irak, où Fadhel<br />
Al-Sahlani s'est rendu à plusieurs<br />
reprises au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années.<br />
Sollicité par l'administration américaine<br />
pour la conseiller, l'imam se dit<br />
« étonné que le gouvernement américain<br />
en soit encore, trois ans et <strong>de</strong>mi aprè,ç l'invasion,<br />
à chercher à comprendre la situation<br />
du pays». Il explique ne pas avoir<br />
été surpris par le chaos et la violence qui<br />
règnent en Irak. Mais il « n'imaginait<br />
pas que cela durerait aussi longtemps».<br />
« Le problème, dit-il, est que l'autorité<br />
du gouvernement n'a toujours pas été éta-<br />
blie " la police est presque inexistante, les<br />
criminelsfontce qu'ils veulent. » « Pendant<br />
<strong>de</strong>s décennies, rappelle-t-il, il ny<br />
avait pas <strong>de</strong> loi, seulement la parole <strong>de</strong> Saddam<br />
[Hussein]. » Le dignitaire religieux<br />
cite ainsi la réunion, « il y a <strong>de</strong>ux mois,<br />
<strong>de</strong>s plus grands et <strong>de</strong>s plus respectés chefs<br />
religieux chiites et sunnites» d'Irak. « Ils<br />
ont signé un accord et appelé solennellement<br />
à lafin <strong>de</strong>s tueries. Cela n'a servi à<br />
rien! », constate-t-il. Un rapport <strong>de</strong><br />
l'ONU indiquait ainsi que le nombre <strong>de</strong><br />
civils tués en Irak avait atteint un niveau<br />
55