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Irak: Bush et Blair cherchent la réponse à Baker
En présence de Tony Blair, le prébident américain a répété, hier, son vieux discours sur « les radicaux qui
utilisent le terrorisme pour stopper la progression de la démocratie. » Stefan 7.aklln/.~lpa
Il est peu probable
que Bush accepte
la stratégie de sortie
qui lui est proposée.
De notre correspondant
à Washington
MALGRÉtoutes leurs précautions,
les membres du Groupe d'étude
sur l'Irak (ISG), coprésidé par James
Bakeret Lee Hamilton, se sont
peut -être brûlé les doigts sur l'Irak.
Les solutions qu'ils proposent, détaillées
dans leur rapport de
142 pages publié mercredi, sont
loin de susciter le mouvement de
réconciliation nationale qu'ils espéraient.
Et il est douteux qu'elles
soient mises en œuvre dans leur
ensemble par la Maison-Blanche.
Les cinq démocrates et cinq
républicains de la commission
indépendante ont recherché le
consensus, adoptant leurs 79 recommandations
à l'unanimité.
« C'est le seul conseil bipartisan
que vous aurez ", a dit Lee Hamilton
à George W. Bush. Ils ont essayé
d'éviter tout règlement de
comptes, traçant « une voie pour
aller de l'avant" sans ressasser les
vieilles questions sur les justifications
de la guerre ou les erreurs
commises dans sa conduite. Ils
ont tâché de trouver une voie médiane
entre un départ précipité et
un engagement indéfini. Ils ont
suggéré d'élargir l'effort diplomatique
à l'ensemble de la région,
pour apporter une réponse politique
à un conflit « dont la solution
ne sera pas militaire ». Efforts
louables, mais pour l'essentiel infructueux:
quelle que soit l'intention
des auteurs, le rapport expose
la faillite de la politique actuelle;
en voulant couvrir tout l'éventail
des problèmes, il permet à chacun
de choisir ce qui l'arrange; et sa
philosophie même risque d'être
rejetée par l'Administration.
Mettre à plat la stratégie améncaine
en Irak, c'est rédiger un acte
d'accusation. À travers ses recommandations,
le rapport Baker-
Hamilton dresse l'inventaire de ce
qui aurait dû être fait, de ce a été
fait de travers et de ce qui ne peut
plus attendre. On y découvre que,
sur les mille employés de l'ambassade
américaine à Bagdad, sixparlent
couramment l'arabe.
Les « sages » y lancent des
idées nouvelles, comme celle d'un
« groupe de soutien international",
impliquant d'inverser trois ans de
cavalier seul américain. Ils prônent
une « offensive diplomatique
globale" au Proche-Orient à laquelle
résistent depuis longtemps
la Maison-Blanche et le départe-
ce qui les arrangeait, mais aucun
ne s'est engagé à l'appliquer tel
quel. Nancy Pelosi, chef de la prochaine
majorité démocrate, a applaudi
au « comtat d'échec de la
politique de Bush ». Joseph Biden,
sénateur démocrate aux ambitions
présidentielles, a estimé que
c'était « un pas en avant insuffisant
pour quitter l'Irak sans laisser
le chaos II. John McCain, probable
candidat républicain en 2008,a rejeté
toute « limitation de durée"
au déploiement militaire et jugé
« ténu, au mieux », le lien entre
l'Irak et le conflit israélo-palestinien.
Les experts ne sont pas en reste.
Si Richard Haas, président du
Council on Foreign Relations, salue
« la meilleure chance de progresser
», pour Anthony Cordesment
d'État. Ils introduisent un
critère de conditionnalité dans la
poursuite de l'aide américaine à
Bagdad, principe dont Bush se
méfie. Ils pressent l'Administration
de définir avec clarté ses objectifs,
sur le maintien de bases
permanentes ou le contrôle des
ressources pétrolières.
Réconciliation hors d'atteinte
C'est une révolution culturelle
qui est demandée au locataire de
la Maison-Blanche, invité à faire
entrer l'Iran et la Syrie dans le jeu
en dialoguant directement avec
eux, contrairement à la ligne qu'il
a fixée. Celle-ci a peu de chances
de changer: le porte-parole du
président, Tony Snow, n'a pas
écarté des rencontres dans le cadre
du « groupe de soutien », s'il
voit le jour, mais un face-à-face
Washington -Téhéran demeure
« exclu tant que l'Iran n'a pas suspendu
defaçon vérifiablesesactivi-
tés d'enrichissement» d'uranium.
De même, George Bush semble
peu enclin à faire pression sur
Israël pour négocier des accords
de paix avec « tous ses voiSinS ",
dont certains régimes sont jugés
infréquentables. Enfin, le salut
qu'attendent James Baker et Lee
Hamilton de la communauté internationale
n'est pas garanti:
qu'espérer d'un « groupe de soutien
» associant des voisins mal intentionnés
et des Européens réticents?
L'impact du rapport risque
d'être plus ressenti à Washington
qu'à Bagdad. George Bush est libre
d'y puiser des idées, mais la révision
interne amorcée par son administration
lui permettra d'écarter
ce qui le dérange. Pour inspirer
une nouvelle politique, il faudrait
une pression collective du
Congrès. Or, la réconciliation nationale
espérée n'est pas en vue.
Les élus ont pris dans le document
Le rapport du Groupe d'étude sur l'Irak en quelques phrases clés
• Le rapport Baker recèle quel- du gouvernement irakien et une ment avec l'Iran et la Syrie pour
ques phrases appelées à nourrir le catastrophe humanitaire. Les pays essayer d'obtenir leur engage- '
débat, dont celles-ci, relevées hier voisins pourraient intervenir." ment à mener des politiques 1
par la presse américaine: " " n 'y a " Des affrontements entre sunni- constructives à l'égard de l'Irak et i
pas de formule magique pour ré- tes et chiites pourraient se propa- d'autres problèmes régionaux. " '
soudre les problèmes de l'Irak." ger et al-Oaida pourrait remporter " Les États-Unrs doivent accom- 1
" La situation en Irak est grave et une vlctolfe de propagande. " " La plir des efforts réels pour dmlose
détériore."" C'est une guerre pOSition mondiale des États-Unis guer avec toutes les parties en
longue et coûteuse. ",," n'y a pas pourrait se retrouver diminuée. " Irak à l'exception d'al-Oaida. "
de chemin garantissant le succès, " Si le gouvernement irakien ne " Les États-Unis ne peuvent pas
même si les perspectives peuvent fait pas des progrès substantiels atteindre leurs objectifs au Proêtre
améliorées. " (... J, les États-Unis devraient ré- che-Orient s'ils ne s'occupent pas
« Un glissement vers le chaos duire leur soutien. " « Les États- directement du conflit israélo-papourrait
entraÎner l'effondrement Unis devraient discuter directe- lestinien. "
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