Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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s'étaient lancées dans le bombaf'
dement du centre-ville et le ratissage
systématique de tous ses
quartiers. Devant l'évidence, le
président turc lui-même a dû concéder
que le général Aydin avait
été tué par «une balle perdue»
tandis que certains commentateurs
politiques attribuent ce
meurtre aux règlements de compte
entre les durs et les colombes de
l'armée. Ils relevent qu'après la
mort, pour le moins suspecte, du
président Özal,les partisants de sa
tendance modérée (dans le contexte
turc) sont progressivement
éliminés dans l'appareil militaire
et dans le MIT (Organisation Nationale
du renseignement). «Lescolombes
sont abattues les unes après les
autres» par les durs de l'armée a
conclu un éditorialiste du quotidien
Milliyet spécialiste des affaires
militaires.
Se débarrasser d'un général indésirable
pour justifier la destruction
d'une ville considérée comme
«perdue» en raison du nationa-'
Iisme kurde de ses habitants: tel
serait l'argument du drame de Lice
qui s'est soldé par la mort d'une
trentaine de civils, la destruction
d'environ 400 commerces et habitations
et l'exode de la quasi totalité
de la population.
Depuis la destruction en août 1992
de la ville de Sirnak, 25.000 h, la
liste des villes kurdes dévastées
(Kulp, Çukurca, Varto, Lice) ne
cesse de s'allonger dans un processus
qui n'est pas sans rappeler celui
de la destruction de villes et
villages du Kurdistan irakien par
les armées de Saddam Hussein.
.,
Téhéran
E procès des assassins du
Dr. Sadegh Sharafkendi, secrétaire
général du PDKI
(Parti démocratique du
Kurdistan d'Iran) et de trois
de ses collaborateurs abattus
en septembre 1992à Berlin, en
marge du Congrès de l'Internatio~
nale Socialiste s'est ouvert le 28
octobre à Berlin. Les accusés sont
quatre Libanais et un Iranien,
Kazem Darabi. Ce dernier installé
depuis 1982en Allemagne est considéré
comme le cerveau du commando
qui perpétré le quadruple
assassinat.
Dans son acte d'accusation le paf'
quet fédéral de Karlsruhe, chargé
des affaires de terrorisme, affirme
formellement que les services de
renseignements de Téhéran ont
commandité l'attentat et que
Darabi est un de leurs agents. De
son côté, M. Freitjof Kubsch, président
de la première chambre
pénale de Berlin, chargée de cette
affaire a, le 22 octobre, adressé une
accusé dans le procès de Berlin
lettre au secrétaire d'État à la chancellerie
Bemdt Schmidbauer, chef
des services secrets allemands,
invitant ce dernier à remettre à la
justice les informations en sa possession.
M. Schmidbauer avait indiqué
au cours d'une émission télévisée
que les services secrets
connaissaient les détails de cette
affaire. Il avait, la veille, reconnu
devant les députés qu'il n'était pas
exclu que le ministre iranien des
renseignements, M.AIi Fallahian,
qu'il a reçu début octobre à Baon,
ait commandité le quadruple assassinat.
Il avait cependant ajouté
que ses services ne lui avaient pas
fourni jusqu'à présent de preuve
concrète.
La visite à Bonn d'Ali Fallahian considéré
comme l'un des plus impofo
tants responsables terroristes dans
le monde avait suscité de vives
réactions des gouvernements américain
et britannique qui dénoncent
le terrorisme d'État iranien. A
cette occasion la justice allemande
avait voulu ouvrir une information
judiciaire contre Fallahian mais la
chancellerie avait refusé, en arguant
de l'immunité dont bénéficiait
le ministre en tant qu'hôte
étranger.
D'après l'hebdomadaire allemand
Der Spiegel du 25 octobre, les services
secrets iraniens ont bénéficié
depuis 199I de l'assistance technique
de l'Allemagne. Des experts
allemands auraient participé pendant
deux mois à la formation de
leurs homologues iraniens à qui ils
auraient délivré gracieusement du
matériel informatique. A l'issue de
sa visite à Bonn A. Fallahian s'est
d'ailleurs publiquement félicité
«des relations de conffance entre les services
de sécurité allemands .et iranien~)
et affirmé que leur coopération
était appelée à se renforcer.
Dans ce contexte où le droit pèse
peu face aux intérêts et à la raison
d'État, il serait illusoire de croire
que le procès de Berlin aboutisse
à autre chose qu'à la sanction de
quelques exécutants des basses
œuvres terroristes du r~gime islamique
d'Iran.