Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

REVUE DE PRESSE-PRESS REVlEW-BERHEVOKA ÇAPÊ-RWISTA STAMPA-DENTRO DE LA PRENSA-BASlN ÖZETi
LIB É RA T ION - MARDI 26 OCTOBRE 1993
TURQUIE
La fuite en avant de la guérilla kurde
Le Parti des travailleurs du Kurdistan, en lutte contre le pouvoir central d'Ankara, lance des offensives tous azimuts
contre les militaires turcs avant l'arrivée de l'hiver. Et mise sur la lassitude de l'opinion face à cette ((sale guerre".
Istanbu~ correspondance
est une «sale guerre» d'embuscades
et de ratissages,
d'opérations punitives et de
massacres. Un conflit toujours
plus meurtrier comme
en témoignent les bilans des
«accrochages» entre les rebelles
kurdes et l'armée twque.
Chaque jour une dizaine de personnes,
ou même plus, gendarmes et soldats
turcs, militants annés kurdes et surtout
des civils sont tués dans ces départements
du sud-est de la Turquie peuplés
en majorité de Kurdes. Désonnais, les
journalistes sont interdits de séjour et
d'écriture, qu'ils soient turcs ou étrangers,
Le 16 octobre, le responsable du
PKK pour la zone de Diyubakir, la capitale
du Sud-Est, convoquait lapresse
dans la montagne, annonçant que ceux
qui Continueraient à travaiIler - ou
leurs familles - subiraient des représailles.
Avant-hier, un correspondant local
du grand quotidien Miliyet était en':
levé «pour avoir négligé» cette injonction.
Depuis le début de l'année,
6 journalistes locaux jugés trop fav~
rabIes à la cause kurde ont déjà été
victimes d'enlèvements 'et d'assassinats
par des «inconnus» ou des
groupeS islamistes servant de paravent
aux services de sécurité d'Ankara.
L'armée twque, quant à elle,
poursuit ses opérations terrestres et
aériennes dans cette région, bombardant
systématiquement les zones
montagneuses abritant les camps des
rebelles. Les bilans triomphalistes annonçant
l'élimination de dizaines de
terroristes, la saisie d'importantes
quantité d'armes et de matériels
n'empêchent pas la rébellion de perdurer
et de multiplier les attaques.
Le PKK, le Parti des travai1leurs du
Kurdistan,qui mène la lutte armée depuis
août 1984 contre le pouvoir central,
semble en effet avoir choisi la fuite
en avant fi met toutes ses forces dans
la bataiÏle, avant l'arrivée de l'hiver, et
lance des offensives tous azimuts
contre les militaires turcs et les «gardiens
de village», les milices kurdes
progouvernementaIes. «Plus question
de proclamer comme en mars demier
un nouveau cessez-le{eu unilatéral.
L'année turque l'a interprété comme
un signe de faiblesse. Elle a attaqué
sans cesse nos bases et les civils dims
les villages et hameaux des monts de
Cudi et de Tendiirek. Si désormais il
peut Y avoir un nouveau cessez-le{eu,
il doit être bilatéral. Car qui peut nous
garantir que l'année turque ne violera
pas encore une foisla trêve », déclarait
fm août Abdullah Ocalan, dit Apo, le
leader du PKK. Pour le PKK, il s'agit
en premier lieu de démontrer sa puissance
militaire, un an après les grandes
opérations lancées par l'armée turque.
en Irak du Nord. où auraient été démantelée
une grande partie de ses bases
arrières.
La superpréfecture, responsable de la
sécurité des onze départements du Sud-
Est anatolien placés sous état d'urgence,
évalue à plus de 9000 les «terroristes
séparatistes» actifs sur le
territoire turc. Le PKK, du propre aveu
de ses dirigeants, concentre actuellement
l'essentiel de «sa force de
frappe» à l'intérieur de la Turquie, n~
tamment dans le triangle Diyarbakir-
Van-Kars. «Nous avons assez de munition
pour lutter encore cinq ans»,
déclare le commandant Shemo, res-
'ponsable de la région d'Amed (Diyarbakir).
L'organisation mili~politique des
Kurdes de Turquie, qui a désormais le'
soutient matériel et politique d'au
moins quatre à cinq millions de.
Kurdes, a lancé un défi ouvert contre
l'Etat turc: «Je suis le vrai maître de
la région. Cest moi qui collecte les
taxes. c'est moi qui fait la justice. et
c'est encore moi qui peut assurer la
sécurité dims la région.» Le PKK espère
que l'augmentation du nombre
.de. cercueils de soldats turcs tombés
dans le Sud-Est secouera le reste du
pays. Un pari sur l'écœurement et la
lassitude de l'opinion face à une
guerre ressentie comme un cancer
rongeant les ressources du pays et ternissant
aussi son image de démocratie
moderne «à l'européenne». Mais ce
soutien espéré. notamment dans l'intelligentsia.
est resté marginal. Pire.'
une frange croissante de T'iircs est devenue
non seulement toujours plus
hostile au PKK mais aussi à l'ensemble
des Kurdes.
Le gouvernement turc de Tansu Ciller
mise sur la ligne dure et clame sa v~
lonté «de briser par la force la révolte
des terroristes séparatistes ». La première
dame twque a pris l' iniative de
tenir une réunion du gouvernement en
juillet dans la préfecture d'Hakkari en
plein pays kurde près de la frontière irakienne.
Elle se contenta alors d. annoncer
le débloquage de crédits écon~
miques pour la région affirmant: «Il
n'y a pas de question kurde mais seulement
un problème de sous-développement
du Sud-Est. »Peu après, elle annonçait
que dans les prochains mois le
nombre des hommes des «forces spéciales»
de la gendarmerie, fer de lance
des opérations antiguérilla. serait triplé.
RagipDURAN
A.F.P. -
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