Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris
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J<br />
rem<strong>et</strong>tre en cause la frontière turcoirakienne.<br />
Ii a même précisé que<br />
l'ancienne province ottomane <strong>de</strong> Mossoul<br />
(couvrant le Kurdistan irakien <strong>de</strong> nos<br />
jours) « appartenait encore à la Turquie ».<br />
C<strong>et</strong>te déclaration venant du somm<strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
l'État a suscité <strong>de</strong> nombreuses réactions<br />
hostiles, dont celles <strong>de</strong> Bagdad <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />
Washington. Elle a été quelque peu<br />
rectifiée le 5 mai par le quotidien<br />
d'Istanbul Turkish Daily News, qui ajoute<br />
qu'une phrase du prési<strong>de</strong>nt n'avait pas été<br />
citée: «un tel rajustement n'était pas<br />
d'actualité dans l'immédiat ».<br />
Au vu du bilan coûteux <strong>de</strong> l'opération<br />
militaire, c<strong>et</strong>te déclaration prési<strong>de</strong>ntielle<br />
mérite réflexion. Elle est en tout cas<br />
susceptible d'expliquer la motivation<br />
cachée <strong>de</strong> la politique que la Turquie<br />
mène au Kurdistan d'Irak <strong>de</strong>puis plusieurs<br />
années. C<strong>et</strong>te politique semble être potentiellement<br />
irré<strong>de</strong>ntiste. Reste à savoir si après<br />
l'aventure chypriote <strong>de</strong> 1974, qui constitue<br />
un problème épineux dans la Méditerranée<br />
orientale, la Turquie se lancera ou non dans<br />
l'avenir dans une <strong>de</strong>uxième aventure <strong>de</strong><br />
conquête territoriale, au risque d'étendre la<br />
guerre kur<strong>de</strong> dans toute la région.<br />
UN MINISTRE TURC DÉNOMBRE<br />
«295 MORTS POUR DES CAUSES NON NATURELLES<br />
À LA MORGUE DE rINSTITUT MÉDICO-LÉGAL»<br />
ES mois <strong>de</strong> mai <strong>et</strong> <strong>de</strong> juin 1995<br />
ont été marqués par une<br />
recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s affrontements<br />
entre l'armée turque <strong>et</strong> les<br />
combattants du PKK. Selon les<br />
agences <strong>de</strong> presse qui, d'une<br />
manière irrégulière en font état,<br />
ces affrontements se seraient<br />
soldés par «<strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> morts». En<br />
raison du black-out officiel sur «les<br />
événements du Sud-Est» on ne sait<br />
combien d'entre eux ont été exécutés<br />
sommairement par telle ou telle unité<br />
militaire <strong>et</strong> combien achevés sous la<br />
torture par la police. Pour les sources<br />
officielles turques tous ces morts sont «<strong>de</strong>s<br />
terroristes du PKK», <strong>et</strong> l'armée est sur le<br />
point d'éradiquer définitivement c<strong>et</strong>te<br />
organisation. Toutefois, on constate que<br />
loin <strong>de</strong> disparaître, le PKK semble<br />
parvenir à étendre son champ d'actions,<br />
élargi désormais à la région <strong>de</strong> Dersim, à<br />
plusieurs centaines <strong>de</strong> kilomètres <strong>de</strong><br />
distance <strong>de</strong>s «zones frontalières passoires»,<br />
si souvent dénoncées par Ankara pour<br />
justifier les opérations militaires dans le<br />
Kurdistan irakien.<br />
Prenant apparemment au sérieux ses<br />
fonctions, le nouveau ministre d'État turc<br />
chargé <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> l'Homme, Algan<br />
Hacaloglu a expliqué, au cours d'une<br />
visite à l'<strong>Institut</strong> <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine légale le 23<br />
mai, que «295 personnes non i<strong>de</strong>ntifiées<br />
avaient trouvé la mort pour <strong>de</strong>s causes non<br />
naturelles». Commentant le cas <strong>de</strong> Hasan<br />
Ocak, opposant politique dont le corps a<br />
été i<strong>de</strong>ntifié par sa famille, le ministre n'a<br />
pas exclu que la plupart <strong>de</strong>s autres<br />
personnes soient également victimes <strong>de</strong>s<br />
assassinats politiques perpétrés par <strong>de</strong>s<br />
escadrons <strong>de</strong> la mort ou dans <strong>de</strong>s centres<br />
<strong>de</strong> torture <strong>de</strong> la police.<br />
Le prédécesseur <strong>de</strong> M. Hacaloglu, qui<br />
avait dénoncé «le terrorisme d'État» avait<br />
été démissionné à la première occasion.<br />
La durée <strong>de</strong> vie ministérielle <strong>de</strong> l'actuel<br />
ministre s'annonce également précaire.<br />
Enfin la répression contre les intellectuels<br />
se poursuit également. Ainsi, le journaliste<br />
Ahm<strong>et</strong> Altan, auteur d'un texte satirique<br />
intitulé «Atakürt», qui lui avait valu son<br />
licenciement du journal MilHy<strong>et</strong>, a été<br />
traduit <strong>de</strong>vant la Cour <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é <strong>de</strong> l'État<br />
d'Istanbul. I.:auteur,dont nous avions publié<br />
le texte dans l'une <strong>de</strong> nos précé<strong>de</strong>ntes<br />
livraisons, risque <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> prison.<br />
SELON FREEDOM HOUSE,<br />
LA TURQUIE N'A PAS DE PRESSE LIBRE<br />
ANS son étu<strong>de</strong> annuelle sur<br />
l'état <strong>de</strong> la liberté <strong>de</strong> presse à<br />
travers le mon<strong>de</strong>, rendue<br />
publique le 4 mai à Washington,<br />
l'organisation spécialisée<br />
américaine Freedom House<br />
classe la Turquie dans la<br />
catégorie <strong>de</strong>s pays n'ayant pas<br />
<strong>de</strong> presse libre. Selon c<strong>et</strong>te étu<strong>de</strong> intitulée<br />
«The Presse: Pressed and Opressed» les lois<br />
<strong>et</strong> régulations turques influencent<br />
gravement le contenu <strong>de</strong>s médias <strong>de</strong> ce<br />
pays, qui subissent également <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s<br />
pressions politiques. Sur le pan <strong>de</strong>s<br />
actions répressives (assassinat <strong>de</strong><br />
journalistes, auto-censure, harassement,<br />
expulsion, violence contre les journalistes<br />
<strong>et</strong> les locaux <strong>de</strong>s journaux) la presse écrite<br />
turque obtient la note <strong>de</strong> 20 sur 20, 20<br />
étant la pire <strong>de</strong>s notes, les radiotélévisions<br />
contrôlées par l'État ou par <strong>de</strong><br />
grands groupes inféodés à l'État s'en<br />
tirent, elles, avec un Il sur 20. Dans le<br />
classement général, la Turquie arrive en<br />
73ème position, loin <strong>de</strong>rrière les pays<br />
d'Amérique du Sud (Bolivie, 17ème;<br />
Argentine, 29ème), d'Europe orientale<br />
(Bulgarie, 39ème; Grèce, 26ème; Croatie,<br />
56ème) <strong>et</strong> même <strong>de</strong> nombreux pays<br />
africains (Uganda, 38ème; Burkina Faso,<br />
37ème; Madagascar, 44ème; Zimbabwe,<br />
59ème), Haiti (51 ème), l'Arménie<br />
(57ème), l'Azerbaïdjan (69ème), le<br />
Kuwait (70ème) <strong>et</strong> le Tchad (72ème) ont