Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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LES ÉTATS-UNIS APPELLENT LEURS ALLIÉS
A UN BOYCOTT COMMERCIAL DE [IRAN
NTERVENANT devant le Congrès
juif Mondial à New York, le
président Clinton a annoncé le 30
avril une interdiction totale
d'échanges commerciaux des
États-Unis avec l'Iran et d'investissements
américains dans ce
pays. Le lendemain, au cours
d'une conférence de presse donnée à
Washington, le Secrétaire d'État américain
a déclaré à l'intention de ses alliés ainsi
que de la Russie et de la Chine qu'«il ny
avais plus d'excuses pour maintenir des
relations commerciales avec le régime
islamiste de Téhéran~. Le Secrétaire d'État
a appelé les nations alliées à «arrêter tous
leurs crédits qui permettent d l'Iran de
divertir les maigres ressources du pays vers
des programmes militaires et de soutenir le
terrorisme~.
Selon M. Christopher «nran constitue une
menace majeure aux intérêts américains et d
la sécurité internationale~. 11a estimé que
«malgré une crise économique intérieure,
l'Iran dépense chaque année plusieurs
centaines de millions de dollars pour fournir
en armes des équipements, de l'entraînement
et de l'aide financière aux groupes
radicaux~. 11 a affirmé que «Téhéran
cherchait tout spécialement d se procurer la
technologie de centrifugation gazeuse
utilisée pour l'enrichissement du combustible
nucléaire d usage militaire et qu'en 1992 il
avait envoyé des agents au Kazakhstan pour
acquérir de l'uranium enrichi. Nous sommes
déterminés d arrêter les Iraniens et pour que
les autres nations ne se servent pas comme
excuse de notre commerce avec l'Iran pour
accorder à ce pays des crédits ou d'autres
facilités susceptibles de le renforcer, nous
cessons tous nos échanges commerciaux avec
l'Iran~, a conclu M. Christopher.
Cette prise de position radicale de
Washington est intervenue une semaine
avant la visite de M. Clinton à Moscou où il
a demandé à nouveau au président Eltsine
de revenir sur la vente de l'Iran de deux
réacteurs nucléaires de conception russe.
Le commerce américain avec l'Iran reste
assez modeste. En 1994 les ventes
américaines à Téhéran étaient estimées à $
326 millions. Seules les compagnies
pétrolières américaines qui directement
ou par le biais de leurs filières achètent
environ 20% de l'or noir iranien, pour un
montant de $3,5 milliards par an, seront
affectées par cette interdiction.
Le gouvernement iranien a réagi avec
véhémence à cette décision américaine en
affirmant que «la politique américaine au
Moyen Orient est plus enfonction du soutien
au régime sioniste que des considérations
des intérêts nationaux américains~.
Entretenant un commerce prospère avec
l'Allemagne, le japon, la Russie et la
Chine notamment, Téhéran ne semble pas
s'inquiéter outre mesure du boycott
américain. Celui-ci ne pourra avoir un
impact sérieux sans le soutien au moins
des pays de G7. Or ces derniers, à
commencer l'Allemagne, dont les
exportations vers l'Iran s'élèvent à $ 6
milliards par an, ne sont pas très chauds à
l'idée d'un tel boycott. Bonn, Londres et
Paris ont d'ailleurs dès le 2 mai déclaré
par la voix de leurs ministres des Affaires
étrangères que «l'embargo commercial n'est
pas l'instrument approprié pour influencer
l'opinion en Iran et susciter des changements
favorables,.. Le meilleur moyen d'y
parvenir, selon le ministre allemand
d'économie, M. Günter Rexrodt, est de
«poursuivre le dialogue politique avec l'Iran
qui seul peut conduire 17ran d se comporter
d'une façon responsable». Tandis que le
japon, second partenaire commercial de
l'Iran après l'Allemagne, se réfugie dans
un «wait-and-see~ prudent.
On se souvient que malgré l'assassinat sur
son territoire de plusieurs opposants
démocrates iraniens, dont 4 dirigeants
kurdes, Bonn avait poussé son «dialogue
critique avec Téhéran~ jusqu'au point de
dérouler le tapis rouge pour le ministre
iranien du renseignement Falahian pourtant
accusé par la justice allemande d'être
le principal organisateur de ce terrorisme
d'État pratiquant en plein coeur de
l'Europe une véritable chasse à l'homme,
en toute impunité. On sait aussi que deux
autres agents iraniens réclamés par la
justice suisse pour leur implication dans
l'assassinat d'une personnalité iranienne
ont été, à une veille de Noël, expulsés vers
l'Iran par le gouvernement de M. Balladur,
«dans l'intérêt supérieur de la France».
Téhéran n'a donc rien à craindre d'un
«dialogue critique~ avec ses principaux
partenaires commerciaux. Du moins tant
qu'il est en mesure de payer ses achats.
LA TURQUIE SIGNE UN CONTRAT DE GAZ DE 20
MILLIARDS DE DOLLARS AVEC [IRAN
IDELE parmi les alliés supposés
les plus fidèles de Washington, la
Turquie, malgré l'appel américain
au boycott des relations commerciales
avec la République
islamique, a signé le 5 mai à
Ankara un accord commercial qualifié de
«historique~ avec l'Iran. Intervenant après
des années d'âpres négociations, cet
accord prévoit la fourniture par \'Iran du
gaz naturel à la Turquie pour une période
de 23 ans pour un coût total de 20
milliards de dollars. Pour ce faire, les
deux pays vont construire ensemble un