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interview / fr<br />
LES GARçONS<br />
EN CRAMPONS<br />
inTeRVieW aVec ThoMas beLLincK eT JeRoen VanDeR Ven De sTeiGeisen<br />
– ANNA LuytEN<br />
Ils font du théâtre en s’inclinant devant la petitesse<br />
de l’homme. Ils le font avec des images fortes, un<br />
grand engagement et un plongeon dans la réalité.<br />
Nous vous présentons Thomas Bellinck et Jeroen<br />
Vander Ven, le duo de Steigeisen.<br />
« Sur la terrasse d’Al Jazeera. » C’est là qu’ils se<br />
sont rencontrés. En 2005, le premier jour de leur<br />
épreuve d’admission au RITS, à Bruxelles. Devant<br />
attendre le verdict du jury, ils se sont mis en route<br />
pour Molenbeek, à la recherche d’un café où on sert<br />
de la bière au fût. Une quête quelque peu complexe<br />
– ils ont dû se rabattre sur la terrasse du café Al<br />
Jazeera. Ils y ont passé tout l’après-midi, d’une manière<br />
qui pourrait servir de métaphore à la collaboration<br />
de Jeroen Vander Ven et Thomas Bellinck depuis<br />
quelques années déjà : moitié à l’ombre, moitié<br />
au soleil. Jeroen : « À la fin de cet après-midi-là, la<br />
moitié du visage de Thomas était brûlée. »<br />
billY, sallY,<br />
jerrY…<br />
p. 03<br />
De onkreukelbare<br />
p. 20<br />
Pendant leurs années au RITS, ils ont régulièrement<br />
travaillé ensemble. Notamment sur un<br />
spectacle sur Robespierre, un personnage qu’ils<br />
repassent au crible cette année dans De Onkreukelbare.<br />
Jeroen : « Thomas suivait la formation de<br />
metteur en scène et moi, celle d’acteur. Plus nous<br />
faisions de choses ensemble, plus il est apparu<br />
que nous étions, d’une certaine façon, compatibles.<br />
Nous avons trouvé une sorte de méthode de<br />
travail commune. » En 2009, ils couronnent leurs<br />
études avec le spectacle Fobbit, basé sur des interviews<br />
de militaires belges en Afghanistan et de<br />
témoins oculaires.<br />
Avec ce spectacle, le monde du théâtre n’a pas<br />
tardé à comprendre que ces deux jeunes pousses<br />
s’étaient solidement implantées. Avec des documentaires<br />
historiques, visuellement forts, ils sont<br />
passés maîtres dans l’art de susciter des ambiances<br />
et des questions qui font la différence.<br />
En 2009, ils créent leur propre groupe : Steigeisen.<br />
FoBBiT © kristien Verhoeyen<br />
steigeisen ?<br />
J: « Nous devions rapidement trouver un nom et<br />
Thomas l’a mis sur le tapis. »<br />
T: « À défaut de trouver un nom qui reflète ce que<br />
l’on fait, on espère quand même que ce que l’on fait<br />
soit associé à notre nom. J’étais en train de feuilleter<br />
Der Grosse Duden, un dictionnaire illustré allemand<br />
des années trente, lorsque j’ai vu le mot<br />
‘Steigeisen’. Il a une consonance chaude, c’est un<br />
mot ‘confortable’, mais il désigne en fait une bottine<br />
munie de gros clous. C’est un crampon pour<br />
gravir les glaciers. Le correcteur orthographique le<br />
transforme toujours en ‘steengeiten’ : ‘chamois’ en<br />
néerlandais. »<br />
L’une de vos marques de fabrique est une<br />
énorme attention accordée au commun des<br />
mortels dans l’immensité des événements.<br />
et une fascination pour une réalité politique<br />
et ses répercussions sur la vie des gens<br />
ordinaires.<br />
T: « Je veux faire des choses en rapport avec le<br />
monde dans lequel je vis, des choses qui me fâchent<br />
ou qui m’abasourdissent. C’est le point de départ<br />
de De Onkreukelbare, qui s’inspire du personnage<br />
de Robespierre et de la révolution française. Mais<br />
par ailleurs, le Printemps arabe donne également à<br />
ce spectacle un double cadre. Je veux parler de ce<br />
qui se passe autour de moi. Parfois, cela s’exprime<br />
à travers des actions plus politiques, parfois à travers<br />
le théâtre. »<br />
J: « Quand quelque chose m’étonne, je veux essayer<br />
de m’en approcher. Et cela, j’y parviens en<br />
créant un spectacle. Je veux communiquer cet<br />
étonnement. Et surtout, je veux savoir en quoi<br />
consiste l’histoire du citoyen lambda dans une situation<br />
politique dans laquelle il est enfermé ou<br />
tient lieu de modèle. »<br />
Thomas, on t’a vu dans la série documentaire<br />
Leuven Hulp, en tant que metteur en scène<br />
d’une pièce de théâtre en prison. Tu travailles<br />
avec des détenus et avec des patients<br />
psychiatriques. avec Jeroen, tu as fait<br />
exploser un œuf de Pâques devant le ministère<br />
pour attirer l’attention sur le problème<br />
des sans-papiers. Dans quelle mesure cet<br />
engagement social concret détermine-t-il vos<br />
pièces de théâtre ?<br />
T: « Je ne suis pas quelqu’un qui défile facilement<br />
dans des manifestations derrière des banderoles.<br />
Je ne me lancerai pas à la légère dans un spectacle<br />
sur les sans-papiers, car je sais qu’il deviendrait<br />
un pamphlet. Par contre, parce que je connais personnellement<br />
des sans-papiers et des gens qui ont<br />
mené des grèves de la faim, ce sont des situations<br />
si abuser du théâtre pour faire en sorte que ces problèmes<br />
atterrissent au moins dans les médias ; en<br />
faisant exploser un œuf de Pâques, ou en faisant<br />
chanter en chœur, à des sans-papiers en grève de<br />
la faim, l’hymne national belge en trois langues, par<br />
exemple. Mais le but de ce type de théâtre est différent<br />
de ce que nous réalisons avec Steigeisen. En<br />
prison, l’objectif était notamment de valoriser ces<br />
gens – considérés comme des ‘rebuts’ de la société<br />
– pour ce qu’ils faisaient sur scène. Je ne suis pas un<br />
thérapeute. Par contre, j’ai beaucoup appris en tant<br />
que metteur en scène en prison et en psychiatrie.<br />
Là, je ne devais pas vendre du ‘non-sens théâtral’<br />
et tourner autour du pot. Un metteur en scène, c’est<br />
aussi naturellement un ego, qui veut trouver une<br />
solution à tout. Mais là, j’ai appris à ne pas pousser<br />
et tirer un acteur pour boucler coûte que coûte<br />
une scène. J’ai appris à regarder un acteur et à voir<br />
ce qui se passe vraiment au lieu de ce que je voudrais<br />
voir. Ce n’est pas évident. Encore aujourd’hui,<br />
je continue à trouver la démarche difficile. »<br />
Votre collaboration respecte-t-elle une<br />
méthode particulière ?<br />
J: « L’année dernière, nous avons réalisé Lethal<br />
Inc., un spectacle basé sur la recherche de méthodes<br />
d’exécution ‘humaines’. Ce spectacle, qui<br />
met en scène un commandant de camp et un négationniste<br />
de l’Holocauste inventeur de machines<br />
d’exécution, est né de l’étonnement et de la volonté<br />
de comprendre pourquoi des gens en arrivent à<br />
commettre de tels actes. Avec l’acteur Joris Hessels,<br />
nous avons mené ensemble des recherches,<br />
lu des livres, regardé des films. Pour d’autres spectacles,<br />
nous parlons avec des témoins. C’est actuellement<br />
le cas pour la préparation de De Onkreukelbare.<br />
Nous lisons Hannah Arendt, Zizeck, mais hier<br />
nous avons aussi regardé un film de Woody Allen.<br />
Nous entassons tous ces éléments et nous nous<br />
mettons au travail. À partir d’un certain moment, les<br />
rôles deviennent clairs. Je ne reste pas là à attendre<br />
les instructions de Thomas, mais en définitive, c’est<br />
bien lui – le metteur en scène – qui tranche. »<br />
T: « A un moment donné, Jeroen monte sur<br />
scène et je vais m’asseoir devant. J’aime pouvoir<br />
conserver une vue d’ensemble. Je suis un accro du<br />
contrôle. Je veux voir ce que je suis en train de faire,<br />
je n’aime pas les bouts qui partent dans tous les<br />
sens. Tout ce qu’on voit doit avoir un sens. Parfois,<br />
pourtant, je joue avec d’autres metteurs en scène,<br />
et c’est une bonne chose. L’acteur est un être vaniteux<br />
et en même temps très fragile. Et cela, un metteur<br />
en scène ne doit jamais l’oublier. »<br />
Dans le spectacle Billy, Sally, Jerry and the .38<br />
gun, on retrouve aussi sur scène, aux côtés de<br />
Jeroen, Willy Thomas et isabelle Van hecke.<br />
T: « C’était une autre manière de travailler, car à<br />
l’époque, j’avais déjà écrit le texte à l’avance. Ce qui<br />
n’empêche pas de nombreux remaniements pendant<br />
le processus de travail. »<br />
Billy, Sally, Jerry and the .38 Gun raconte un<br />
jour de septembre 1975, le jour où le président<br />
américain Gerald Ford a échappé pour la<br />
seconde fois à une tentative d’assassinat.<br />
T: « Le jour où Sara Jane Moore pointe son arme<br />
sur Ford. Billy s’est inspiré d’Oliver Sipple, l’homme<br />
qui se trouvait entre Ford et Moore et qui, bien malgré<br />
lui, est devenu un symbole du mouvement gay.<br />
Trois vies qui se rejoignent presque par accident. »<br />
J: « Dans ce spectacle, on retrouve l’étonnement<br />
que je veux communiquer à travers la question comment<br />
ce président mélancolique, cette femme au<br />
foyer révolutionnaire et cet ancien militaire homosexuel<br />
se rencontrent à cette époque cruciale. Ces<br />
petites gens évoquent tout un monde. »<br />
T: « Ce sont trois personnages solitaires à qui<br />
dont les répercussions se font toujours sentir aujourd’hui.<br />
J’ignore pourquoi, mais chez nous, la<br />
fascination pour l’homme ordinaire est manifestement<br />
profonde. Dans Billy, Sally…, on voit avec<br />
quelle impulsivité et selon quel hasard ces trois<br />
courants historiques se sont télescopés. L’impérialisme<br />
américain dans les années septante, les<br />
mouvements révolutionnaires de l’époque et le<br />
renversement des idées libertaires des années<br />
soixante. J’ai lu récemment The seventies Unplugged,<br />
un compendium des années septante, selon<br />
lequel le fait que ce sont précisément des gens<br />
ordinaires qui recourent en masse à la violence,<br />
à travers des actes terroristes, est représentatif<br />
des années septante. Nous sommes nés en 1983,<br />
peu de gens de notre génération peuvent encore se<br />
représenter quelque chose des années septante.<br />
Souvent, cette période nous évoque quelque chose<br />
de semblable aux années soixante, mais avec une<br />
crise économique plus poussée. Alors qu’on sent<br />
justement que tout, dans les années soixante, était<br />
mis sens dessus dessous. »<br />
Pouvez-vous aussi donner libre cours à cette<br />
fascination pour les gens ordinaires avec le<br />
personnage de Robespierre, qui vous occupe<br />
actuellement ?<br />
T: « Une des questions qui me taraudent est de<br />
savoir comment un personnage relativement ordinaire<br />
comme Robespierre a pu se transformer, en<br />
un temps aussi court, en l’une des figures les plus<br />
redoutées de la révolution. De nombreux mythes<br />
entourent l’homme, il a beaucoup de sang sur les<br />
mains, alors qu’il plaide, dans l’un de ses premiers<br />
textes, pour l’obtention de droits civils pour les<br />
juifs et les acteurs ainsi que pour la suppression de<br />
l’esclavage et de la peine de mort. Comment tout<br />
bascule-t-il, pourquoi cela devient-il soudain si violent<br />
? Ce caractère ordinaire n’est d’ailleurs pas un<br />
jugement de valeur, mais plutôt un constat. C’est<br />
pourquoi ce spectacle parle aussi un peu de nous,<br />
de cet état ordinaire, cette médiocrité dans laquelle<br />
nous nous retrouvons aussi. Nous essayons<br />
de courir après les grands événements, mais nousmêmes<br />
nous ne sommes pas les grands penseurs<br />
et génies de cette époque. C’est l’avantage d’un<br />
spectacle : on peut y entasser une foule de questions<br />
auxquelles on n’a pas de réponse. »<br />
est-ce aussi un avantage : le fait de ne pas<br />
devoir, dans un spectacle, présenter des<br />
points de vue arrêtés et des slogans, mais<br />
de pouvoir au contraire manipuler la matière<br />
avec hésitation ?<br />
J: « Oui, avec beaucoup d’hésitation et, à certains<br />
moments, c’est déjà provocateur en soi de ne<br />
pas adopter de point de vue. Nous avons déjà remarqué<br />
que c’est déstabilisant pour les gens. »<br />
T: « Bien sûr, on a bien un avis. Dans les premières<br />
semaines de répétition de Fobbit, par exemple, nous<br />
avons en fait réalisé inconsciemment un pamphlet<br />
anti-guerre. Puis nous nous sommes dit : notre volonté<br />
de ne pas propager la guerre est tout de même<br />
évidente, pas besoin d’en faire un spectacle. Nous<br />
voulions dresser le portrait d’un homme, et distiller<br />
entre les lignes ce que nous pensions. Nous voulions<br />
que les gens s’identifient ou se posent les questions<br />
que nous nous sommes aussi posées pendant le<br />
processus de création. »<br />
« Sally était à la fois agent double pour les services<br />
secrets et active dans des groupements d’opposition<br />
d’extrême-gauche. Elle s’est mariée à plusieurs<br />
reprises. Femme de militaire, elle a vécu un<br />
temps dans une base militaire. Plus tard, elle s’est<br />
remariée avec un médecin et s’est installée dans un<br />
faubourg. Elle a ensuite épousé un ingénieur du son<br />
hollywoodien, nominé aux Oscars pour son travail<br />
dans Citizen Kane. Plus tard, elle deviendra membre<br />
– et sans difficulté – de cadre idéologique. Beaucoup<br />
de ses décisions sont motivées par un insondable<br />
sentiment de solitude. Sa décision de pointer<br />
une arme sur Ford relève peut-être davantage de<br />
la tentative désespérée d’être considérée comme<br />
un être à part entière que d’un geste véritablement<br />
porté par sa foi dans la révolution. Pourtant, c’est<br />
bien elle qui appuie sur la détente. Pour moi, cela en<br />
dit très long sur la manière dont l’histoire s’écrit. Il<br />
en va de même pour Ford, qui est devenu président<br />
par hasard, après que Nixon se soit fourvoyé dans le<br />
scandale du Watergate en 1974. Ford est cependant<br />
l’initiateur des accords d’Helsinki, dont il pourra se<br />
targuer plus tard d’avoir été le préambule à la chute<br />
du mur de Berlin. Il porte la responsabilité du retrait<br />
des troupes américaines du Vietnam. Mais il ne sera<br />
jamais élu démocratiquement. Il ne cessera de se<br />
battre avec un complexe d’infériorité… »<br />
ce ne sont pas des héros...<br />
J: « Les héros ne sont pas tellement intéressants.<br />
Je me demande s’ils existent vraiment. L’histoire<br />
s’écrit davantage par accident que grâce au<br />
penseur d’un grand projet. »<br />
T: « On rencontre parfois des personnages<br />
comme Robespierre, dont l’image est inattaquable.<br />
Je pourrais difficilement les appeler des héros. Nous<br />
l’appelons, en néerlandais, ‘l’infroissable’ (de onkreukelbare),<br />
car cela sonne plus ‘bête’ que ‘l’incorruptible’<br />
(de onkreukbare), le surnom qu’il avait déjà<br />
reçu de son vivant. À l’époque de la révolution française,<br />
de nombreux révolutionnaires vont tomber<br />
en décadence après l’exécution du roi. Ils se réfugient<br />
dans les palais et s’emparent de ceux-ci. Mais<br />
Robespierre continue d’habiter dans un petit appartement,<br />
dans la maison d’un ébéniste. La seule<br />
chose à laquelle il consacre de l’argent, c’est l’achat<br />
d’un coûteux manteau bleu ciel qu’il fait réaliser par<br />
le meilleur tailleur. Mais nous ne ferons certainement<br />
pas de spectacle sur Robespierre sans nous<br />
soucier du monde dans lequel nous vivons. En plus<br />
de lire et de consulter du matériel plus historique,<br />
nous voulons aussi aller discuter avec des gens directement<br />
impliqués dans les révolutions arabes. »<br />
Qu’est-ce qui relie Robespierre à cette<br />
époque, l’actualité politique en 2012 ?<br />
J: « Il y a surtout beaucoup de questions qui<br />
sont lancées. Existe-t-il des scénarios pour une<br />
révolution ? Pourquoi, bon Dieu, trouve-t-on si peu<br />
d’exemples de révolutions qui ne se sont pas terminées<br />
dans un bain de sang ? Pourquoi la révolution<br />
dévore-t-elle ses propres enfants ? Hannah Arendt<br />
écrit que la révolution française a été le brouillon de<br />
toutes les révolutions suivantes. »<br />
T: « Dans un certain sens, la révolution française<br />
est née dans un contexte de pauvreté poignante. Il<br />
n’en va pas autrement des révolutions arabes. Cela<br />
commence chaque fois avec des gens qui ont faim<br />
et avec quelqu’un qui est assis, depuis bien trop<br />
longtemps déjà, derrière son bureau, et qui ne veut<br />
pas lâcher le morceau. Donnez à quelqu’un un bureau<br />
et une carte de visite, et il se passe des choses<br />
étranges dans sa tête. Tout à coup, la question n’est<br />
plus : pourquoi suis-je là derrière ce bureau ? Mais<br />
bien : que faire pour rester le plus longtemps possible<br />
derrière ce bureau ? Et comment expliquer que<br />
ceux qui finissent par le pousser de son bureau vont<br />
eux-mêmes s’installer derrière ce bureau ? Et alors<br />
qu’on n’arrive à nouveau pas à s’en débarasser ? Je<br />
ne sais pas. C’est humain. Tellement humain. C’est<br />
ce qui est alarmant. »<br />
avez-vous un bureau et des cartes de visite ?<br />
T: « Non. Dieu merci. »<br />
J: « Mais nous avons un site Web. »<br />
38 qui me mettent profondément en colère. J’aime aus-<br />
on doit, par accident, un grand courant historique de mouvements de gauche. Elle change sans cesse<br />
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