Diversifying crop rotations with temporary grasslands - Université de ...

INTRODUCTION
Les agro-écosystèmes constituent actuellement le mode majoritaire d’usage des terres aux
plans national et européen. De nombreux paysages gérés par l’homme contiennent une
diversité spécifique comparable à celle de nombreux écosystèmes naturels (Altieri, 1999).
Cependant, depuis la seconde moitié du vingtième siècle, l’intensification des modes de
gestion des agro-écosystèmes sous l’influence de la Politique Agricole Commune (PAC) a
entraîné une homogénéisation du paysage et la raréfaction ou l’extinction de nombreuses
espèces de plantes, insectes, oiseaux et mammifères en France et en Europe (Benton et al.,
2003). Les agrosystèmes sont des systèmes caractérisés par des éléments paysagers en
mosaïque. L’intensification agricole a aussi conduit à l’homogénéisation du paysage et
résulte de l’augmentation de la taille des parcelles, de la destruction des haies, de la
spécialisation de certaines régions de production mais également de la diminution des
surfaces prairiales pérennes et temporaires. Or, à l’opposé des cultures annuelles dont la
succession génère un environnement instable soumis à une forte variation des états du
milieu, les milieux pérennes ont un rôle fonctionnel capital grâce à leur relative stabilité.
Or, depuis 2005, le paysage agricole français s’est doté d’un nouvel élément du paysage,
stable dans le temps : les bandes enherbées. Sous l’impulsion de la réforme de la PAC de
2003 (mise en place du principe d’éco-conditionnalité des aides agricoles), les agriculteurs
ont implanté ces « trames vertes » principalement le long des cours d’eau pour limiter la
dérive des produits phytosanitaires et des fertilisants dans les eaux superficielles et limiter
l’érosion hydrique des sols. Cette fonction environnementale a été très largement étudiée
(Tollner et al., 1976; Souiller et al., 2002; Gry, 2006). Mais outre ce rôle premier, la mise en
place de cette zone tampon dans le paysage agricole peut avoir des conséquences
secondaires très diverses, tant agronomiques, écologiques, sociologiques que paysagères
(Bernard et al., 1998).
La réglementation impose qu’aucun produit phytosanitaire ni engrais chimique ou organique
ne soit utilisé sur cette surface. De plus cet habitat est stable dans le temps, car les
agriculteurs sèment la bande enherbée et ne travaille plus le sol comme ils le font dans la
parcelle adjacente. Ainsi, ce milieu semi-naturel, à l’image des bords de champs ou des
prairies, peut aussi faire office de réservoir de biodiversité végétale et animale (Benton et al.,
2003). Les bordures de champs sont des habitats connus pour cette fonction (Marshall and
Moonen, 2002). Elles hébergent une flore riche et abondante (Fried et al., 2009). La faune et
l’entomofaune interagissent avec la flore en place. Cole et al. (2007) montrent qu’il existe un
nombre d’espèces végétales plus important et un assemblage de carabiques différent dans
les bandes enherbées gérées sans intervention que dans les bandes enherbées et les
prairies gérées de manière intensive. Perner (2005) démontre que la composition des
communautés de plantes affecte l’abondance des différents groupes fonctionnels
d’arthropodes. Woodcock et al. (2007) trouvent que les groupes fonctionnels de scarabées
peuvent être influencés par l’architecture de couvert végétal et sa composition. La diversité
en arthropodes dans un habitat agricole semi-naturel est augmentée dans les bordures du
champ en relation avec la diversité végétale (Thomas and Marshall, 1999).
De plus les espèces végétales présentes dans les bandes enherbées sont à la base de
chaines trophiques. Les graines, notamment, constituent une nourriture non négligeable pour
les oiseaux (Wilson et al., 1999) (Blaney and Kotanen, 2001; Navntoft et al., 2009), les
rongeurs (Alcántara et al., 2000) (Holmes and Froud-Williams, 2005) (Hulme, 1994; Hulme,
1998; Westerman et al., 2003a; Westerman et al., 2005) et les carabiques (Brust and House,
1988; Cromar et al., 1999) (Honek et al., 2003). Il est maintenant largement accepté que la
prédation des graines d’adventices pourrait être une cause majeur de leur mortalité
(Westerman et al., 2003a; Westerman et al., 2008) et qu’elle peut affecter toutes les espèces
(Maron and Simms, 2001). L’impact de la prédation peut être particulièrement fort dans des
cultures pérennes et les bandes enherbées, où l’ensemble des graines nouvellement
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