Information and liaison bulletin - Institut kurde de Paris

XeBonac
Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ozeti
13 novembre 2007
DIYARBAKIR, Turquie
(Reuters) - Un officier et trois
soldats turcs ont été tués dans un
accrochage avec des combattants
séparatistes kurdes, à proximité de
la frontière irakienne, fait savoir
leur état-major.
Des hélicoptères de l'armée turque
ont par ailleurs bombardé des
villages du nord de l'Irak, rappor¬
tent deux chaînes de télévision
turques. L'information n'a pu être
vérifiée.
Les quatre militaires, dont un
lieutenant, ont été tués dans la
province de Sirnak, où l'armée a
considérablement renforcé ses
positions dans la perspective d'une
offensive de grande envergure
J0e3îïondc
Quatre soldats turcs tués dans un
accrochage avec le PKK
14 novembre 2007
Le
par Thomas Grove Reuters
HILAL, Turquie (Reuters) -
Fusil autour du cou, Sadik Babat
montre l'endroit où se dressait sa
maison avant qu'elle soit rasée par
l'armée turque dans les années
1990, pendant les raids contre les
villages soupçonnés de soutenir les
séparatistes kurdes.
C'est pourtant bien aux côtés des
militaires d'Ankara que ce Kurde
de Turquie combat aujourd'hui. Il
est l'un des 57.000 miliciens villa¬
geois disséminés à travers le sudest
du pays, embauché dans le
double rôle de guide et de combat¬
tant.
Alors qu'une nouvelle législation
encourage leur recrutement en
plus grand nombre, ces supplétifs,
assimilés le plus souvent à des
traîtres par leurs semblables,
pourraient bien devenir une pièce
maîtresse du dispositif de l'armée
turque en vue d'une éventuelle
incursion dans le nord de l'Irak.
Les militaires d'Ankara ont abso¬
lument besoin de leur connais¬
sance du terrain dans leur guérilla
contre le Parti des travailleurs du
Kurdistan (PKK).
"J'ai probablement participé à plus
de 500 opérations au cours des 21
dernières années. Dans certains
cas, j'étais le dernier debout, et j'ai
aussi tiré et tué", déclare Babat en
chargeant son fusil d'un geste
simple et fluide.
Le PKK a pris les armes contre
l'Etat turc en 1984, avec l'objectif
de créer un Kurdistan indépendant
dans le sud-est du pays. Près de
40.000 personnes ont péri dans le
conflit.
contre les bases arrières du Parti
des travailleurs du Kurdistan
(PKK) dans le nord de l'Irak.
Le dernier affrontement mortel
remontait au 7 novembre. Trois
membres du PKK et un militaire
avaient alors trouvé la mort dans
l'attaque d'un poste de gendarme¬
rie.
Selon CNN Turk, qui cite des res¬
ponsables irakiens, les villages
visés mardi par les hélicoptères
dans le nord de l'Irak étaient dé¬
serts et personne n'a été tué.
Interrogé par Reuters, un respon¬
sable des services de sécurité kurde
a dit ne pas avoir eu vent d'une telle
opération. Un membre du PKK
joint par téléphone dans le massif
de Qandil n'a pas non plus été
en mesure de confirmer l'atta¬
que, pas plus que le Premier
ministre turc, Reccep Tayyip
Erdogan, interrogé sur le sujet
au Parlement.
Le chef du gouvernement, qui
invoque la légitime défense
prévue par le droit internatio¬
nale, a déclaré la semaine der¬
nière, à l'issue de discussions
avec le président américain
George Bush, que l'armée tur¬
que n'avait pas renoncé à une
offensive d'envergure contre les
rebelles du PKK retranchés dans le
nord de l'Irak.
Le général Yasar Bùyukanit, chef
d'état-major de l'armée turque, a
quant à lui assuré vendredi que ses
hommes n'attendaient que l'ordre
du gouvernement pour entamer
l'opération. Le parlement a donné
son feu vert pour un an le 17 octo¬
bre
métier dangereux de milicien kurde
en Turquie
Dès l'année suivante, les gardes
villageois sont apparus dans le
cadre de la mise en place contro¬
versée d'une force paramilitaire
pour protéger les communes,
patrouiller dans les montagnes et
combattre les séparatistes.
Mais leur droit de porter des ar¬
mes, de dénoncer les activités
suspectes et de tuer au nom de
l'Etat les a transformés en une
véritable force autonome dans la
région, accusée par ses détracteurs
de profiter de son statut pour
régler des querelles familiales ou
confisquer des terres.
"C'est une force armée aux règles
très mal définies. Ils peuvent s'en
sortir même en cas de meurtre ou
de vol", relève Emma Sinclair-
Webb, chercheuse pour Human
Rights Watch.
Depuis l'instauration de cette
force, 4.972 gardes ont été recon¬
nus coupables de crimes mais seuls
853 ont été emprisonnés, selon les
archives parlementaires.
La présence de ces gardes a été
récemment épinglée par la Com¬
mission européenne, dans son
dernier rapport d'évaluation sur la
Turquie, qui souligne qu'elle freine
les efforts de relogement des villa¬
geois déplacés.
DOUBLE JEU
Cinsi, c'est le nom qu'il donne,
marche à côté de son âne sur une
route frontalière. Il sait qu'il n'est
pas le bienvenu dans les villages.
"S'ils me prenaient mon arme, la
première chose qui m'arriverait
serait de me retrouver pendu sur la
place du village", dit-il.
Un milicien kurde patrouillant dans la province de
Sirnak, au sud
est de la Turquie
Officiellement, rejoindre les rangs
de cette milice est une décision
volontaire, mais certains habitants
disent y avoir été contraints par la
force.
Sadik Babat admet le paradoxe de
combattre pour une armée qui a
détruit sa maison. S'il est devenu
milicien,
tisme.
c'est par pur pragma¬
"Quand notre village a été détruit,
certains ont rejoint le PKK, d'au¬
tres ont fui dans le nord de l'Irak.
Quand on restait, on avait pas
d'autre choix que de devenir garde
villageois", explique-t-il en jetant
un regard sur la rivière qui traver¬
sait autrefois son village d'Hilal.
L'enrôlement est facilité aussi par
la perspective d'un salaire mensuel
de 500 livres (290 euros) dans
cette région pauvre, la plus pauvre
du pays.
La loyauté n'est pas toujours de
mise et distinguer l'ami de l'enne¬
mi est un jeu difficile et dangereux.
Babat, comme les autres gardes,
porte en permanence son fusil à
l'épaule, où qu'il aille, chez l'épicier
ou sur les routes de montagne,
pour se défendre à la fois contre les
combattants du PKK et les services
de renseignement qui le pren¬
draient pour un agent double.
En octobre, six gardes travaillant
dans sa région ont été arrêtés pour
avoir renseigné le PKK sur des
opérations de l'armée, selon des
sources
sécurité.
proches des services de
"Il y a toujours eu des informa¬
teurs, ça n'a rien de nouveau. Je
connais des gens qui ont travaillé
pendant des années pour les deux
75