Information and liaison bulletin - Institut kurde de Paris

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La guerre turco-kurde
n'aura pas lieu
France^
Arménie
Pour le président de l'Institut kurde de Paris, Kendal Nezan,
du 16 au 30 novembre 2007
Ankara ne se risquera pas à "une défaite cinglante". En dépit de ses
déclarations bellicistes, pas question pour la Turquie de s'embourber
France-Arménie : Invoquant la menace terroriste
au lendemain de la mort de quinze de sessoldats en
octobre dernier, le Parlement turc autorisait l'ar¬
mée à intervenir dans le Kurdistan irakien. Mais
n'est-cepas hypocrite dans la mesure où les inter¬
ventions militaires turques sont d'ores et déjàfré¬
quentesdans cette région ?
Kendal Nezan : Effectivement, l'armée
turque a déjà opéré vingt-quatre incur¬
sions militaires en Irak du nord - sans
que cela aboutisse d'ailleurs à quelque
résultat que ce soit ! Ankara sait
d'ailleurs pertinemment qu'une telle
opération n'a aucun sens, alors même,
reconnaît-on au gouvernement, que le
PKK n'a pu être éradiqué en territoire
turc - que ce soit à Van, Bingôl ou Der-
sim.
F.A. : Dans cette affaire, Ankara n'a *
en Irak du nord. Alors, coup de bluff ? Et à quelle fin ?
cessé de souffler le chaud et lefroid Fi- '
nalement, Erdogan a déclaré qu'il n'y
.***«?>!
auraitpas «d'invasion» de l'Irak du
Soldats turcs en patrouille dans les montagnes du sud-est de la Turquie,
nordpar les troupes turques. Que doit-
à la frontière du Kurdistan irakien
on en conclure?
K.N. : En dépit des menaces initiales, la
perspective d'une invasion turque du
Kurdistan irakien est aujourd'hui l'hypo¬
thèse la moins probable. En réalité, l'ar¬
mée turque n'a aucune envie de
s'embourber dans une opération ter¬
restre, sur un terrain que connaissent
parfaitement les 40 000 Kurdes irakiens
déployés à la frontière. Militairement, ce
serait une défaite cinglante pourAnkara
! Certes, des frappes aériennes sur les
camps présumés du PKK ne sont pas à
exclure totalement. Mais l'hypothèse la
plus probable est encore que les Améri¬
cains arrivent à calmer Ankara en pro¬
mettant un contrôle plus strict de la frontière
turco-irakienne. Cette perspective est d'ailleurs pra¬
tique pour tout le monde : le gouvernement turc
pourrait dès lors arguer qu'il est retenu par la
manche par l'allié américain et sauver ainsi la face
auprès de la frange la plus nationaliste du pays
F.A. : Etes- vous en train de suggérer que la suren¬
chère d'Ankara est une grande mascarade et que
rien ne l'arrangerait davantage que d'être « privé »
deguerre?
K.N. : Je dis que le désaccord formulé par George
Bush quant à l'opportunité d'une telle opération
[lors de la visite d'Erdogan à Washington le 6 no¬
vembre dernier,ndlr] est en réalité un immense sou¬
lagement pour l'armée turque !
F.A. : Certains observateurs voient également dans
cette affaire l'expression d'un nouveau bras defer
entre l'Etatprofond et legouvernement turc Qu'en
pensez-vous?
K.N. : L'armée a effectivement essayé par tous les
moyens, au printemps dernier, d'écarter l'AKP du
pouvoir. N'y parvenant ni lors des présidentielles ni
lors des législatives, elle tente aujourd'hui ce «troi¬
sième tour» en poussant le gouverne¬
ment à la faute. Une intervention
militaire turque en Irak serait en effet
catastrophique pour l'image de l'AKP
au niveau international mais aussi sur
le plan intérieur - de nombreux
Kurdes ayant voté pour le parti d'Er¬
dogan, jugé plus ouvert que celui des
nationalistes.
F.A : On se souvient qu'Erdogan a re¬
connu il y apeu l'existence d'une ques¬
tion kurde...
K.N. (rires) Oui,il n'est pas rare de voir
un candidat faire son voyage à Diyar¬
bakir à la veille d'élections importance
et promettre de reconnaître la réalité
kurde. Puis, une fois installé au pouvoir,
il ne fait rien d'autre que reproduire
une logique d'Etat, négatrice de ses mi¬
norités. A titre d'exemple, sur les 150
chaînes de télévision turques, une seule
consacre six heures d'émission en
langue kurde. Et quelles émissions ! Il
s'agit ni plus ni moins de programme
touristique sur Istanbul ou Izmir !
F.A. : Pensez-vous que la surenchère
militaire d'Ankara a à voir avec le
projet d'une'résolution américaine sur
le Génocide?
K.N. : Le gouvernement turc est passé
maître dans la stratégie dite «du bord
du gouffre» - son exercice diploma¬
tique favori. Le message destiné à ses partenaires
européens et américains est clair : "retenez-moi ou
jefais un malheur". Dans cette stratégie globale, le
retrait de la résolution américaine sur le Génocide
arménien a toujours été un objectif clair, de l'aveu
même des dirigeants turcs. Et c'est bien sur ce dos-