Information and liaison bulletin - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Review-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ôzeti
l'une des rares organisations
humanitaires travaillant encore
dans toutes les provinces d'Irak,
avec 5 000 employés, 365 bureaux
et 95000 volontaires. Ses em¬
ployés ont souvent été la cible de
violences.
Le Haut-Commissariat de l'ONU
pour les réfugiés (HCR) estime de
son côté que 4,2 millions d'Ira-,
kiens, réfugiés et déplacés, ont fui
leur domicile à cause des violences.
Deux millions ont trouvé refuge en
Syrie (1,4 million) et en Jordanie
(entre 500 000 et 750000). L'exil
des Irakiens est le plus important
mouvement de population dans la
région depuis l'exode d'une partie
des Palestiniens après la création
de l'État d'Israël en 1948.
HERVÉ BAR
IAFPI
Irak Réunion internationale à Istanbul, dominée par la crise turco-irakienne, avant une rencontre Bush-Erdogan
Kurdistan : la Turquie pousse Washington à agir
32
*w o
S £
Ft g
ôj> o
E
5
ISTANBUL
CORRESPONDANCE
La Turquie, qui accueille, vendredi 2
et samedi 3 novembre à Istanbul, la
deuxième réunion des pays voisins
de l'Irak, élargie cette fois aux cinq mem¬
bres permanents du Conseil de sécurité de
l'ONU, aux pays du G8 et au secrétaire
général de l'ONU, Ban Ki-moon, met les
Etats-Unis sous forte pression en mena¬
çant d'intervenir militairement au Kurdis¬
tan irakien. Ankara avait déjà tenté d'orga¬
niser la première conférence des pays voi¬
sins de l'Irak, qui s'était finalement tenue
à Charm EJ-Cheikh, en Egypte, le 3 mai,
pour attirer l'attention sur les activités des
rebelles kurdes du Parti des travailleurs
du Kurdistan (PKK) dans le nord de l'Irak.
Six mois plus tard, le problème s'est
encore aggravé. Et, même si la rencontre
est consacrée à la stabilité de l'Irak dans
son ensemble, l'actuelle crise turco-ira¬
kienne est au c des conversations
diplomatiques.
« Les Etats-Unb ont la clef. Nous atten¬
dons beaucoup d'eux », a prévenu le minis¬
tre turc des affaires étrangères, Ali Baba¬
can. Il a reçu, vendredi à Ankara, la secré¬
taire d'Etat américaine, Condoleezza
Rice, qui a promis que les Etats-Unis
étaient prêts à « redoubler d'efforts » pour
résoudre cette crise, parlant du PKK com¬
me d'un « ennemi commun » à la Turquie
et aux Etats-Unis. Elle aura aussi tenté de
tempérer les velléités des dirigeants turcs,
prêts à déclencher une opération militaire
transfrontalière contre les 3 500 rebelles
séparatistes kurdes réfugiés dans les mon-
/ §ehitleri
HesaL
Soracà
tagnes du Kurdistan irakien autonome. A
quoi AU Babacan a répondu : « Nous som¬
mes à un point où le temps des paroles est
révolu et où le temps de l'action est venu. »
S'ils ne relâchent pas la pression, les
représentants turcs entretiennent le sus¬
pense sur leurs intentions. « Cette opéra¬
tion ne serapas une invasion », a insisté Ali
Babacan. Pas non plus une opération diri¬
gée contre le gouvernement irakien, a
ajouté le premier ministre turc, Recep
Tayyip Erdogan. Mais si aucun résultat
n'émerge des discussions avec Améri¬
cains et Irakiens, il ne restera plus qu'une
cartouche diplomatique pour tenter de
trouver une issue à la crise.
Dernière chance
La rencontre, lundi à Washington,
entre M. Erdogan et le président améri¬
cain, George Bush, est déjà présentée par
le gouvernement d'Ankara comme une
négociation de la dernière chance. Les
Etats-Unis semblent les seuls, auxyeux de
la Turquie, à pouvoir mettre fin à la pré¬
sence du PKK en Irak en faisant pression
sur le président de la région autonome du
Kurdistan, Massoud Barzani.
La Turquie refuse de traiter directe¬
ment avec le gouvernement kurde et son
président, régulièrement qualifié de
« chefde tribu » dans la presse nationale.
Si, au retour de la Maison Blanche,
M. Erdogan n'a pas obtenu satisfaction, il
pourrait décider de sanctions économi¬
ques contre le Kurdistan irakien.
Un autre acteur cherche à s'imposer
dans les pourparlers : l'Iran. Invité par le
^1C£I
wYiîi il' '.ORKÎY."
Des étudiants nationalistes de l'Union de la jeunesse turque (TGB) manifestent, vendredi 2 novembre, à Istanbul, contre la venue
de la secrétaire d'Etat américaine. Condoleezza Rice, à Ankara, serkan senturk/ap
CHRONOLOGIE
9 octobre. Ankara menace de lancer
une opération militaire au Kurdistan ira¬
kien contre les rebelles kurdes du PKK
après la mort de 15 de ses soldats dans
des attaques près de la frontière.
17 octobre. Le Parlement turc autorise
le gouvernement à mener des incur¬
sions militaires en Irak. Washington
presse Ankara de ne pas intervenir.
21 octobre. 12 soldats turcs et 34 rebel¬
les sont tués à la frontière irakienne. .
22 octobre. Les rebelles du PKK se
disent prêts à un cessez-le-feu si Anka¬
ra renonce à une action militaire et s'en¬
gage à reconnaître leurs droits. Ali Baba¬
can, ministre turc des affaires étrangè¬
res, rejette l'offre du PKK, « organisa¬
tion terroriste ».
24 octobre. La présidence du Kurdis¬
tan irakien appelle le PKK à renoncer à
la lutte armée.
26 octobre. Echec des entretiens irakoturcs
à Ankara.
2 novembre. Arrivée de la secrétaire
" d'Etat américaine, W" Rice, à Ankara:
premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki,
à « désamorcer » la crise, le voisin de l'Irak
et de la Turquie est lui aussi confronté aux
attaques du PKK (sous le nom de Pejak)
dans ses propres provinces kurdes. Il a éga¬
lement bombardé à plusieurs reprises le
mont Qandil, fief des rebelles, et fermé
pendant quelques jours le poste-frontière.
« La Turquie et l'Iran doivent coopérer
sur la question», a déclaré, vendredi,
Mohamed Reza Bageri, un vice-ministre
iranien des affaires étrangères. Mais
l'Iran, contrairement à la Syrie, ne sou¬
tient pas une opération d'envergure au
Kurdistan irakien. Kurdes et Arabes chii¬
tes ont des intérêts communs en Irak. Et
Téhéran craint qu'une intervention tur¬
que ne renforce les Arabes sunnites.
L'Iran devait présenter samedi « un plan
très important pour l'Irak et pour les Ira¬
kiens », a affirmé M. Bageri.
Du fond de sa prison dTmrali, le leader
du PKK, Abdullah Ôcalan, a lui aussi,
dans un communiqué publié par l'agence
Firat, proche du PKK, essayé de se poser
en interlocuteur, réclamant « une solution
démocratique ». m
GUILLAUME PERRIER