Information and liaison bulletin - Institut kurde de Paris

Revue de Presse-Press Reviezv-Berhevoka Çapê-Rivista Stampa-Dentro de la Prensa-Basin Ôzeti
Kurdistan, derrière le DTP
(Parti pour une société démo- ;
cratique, kurde) aux élections
législatives de juin dernier,
bénéficiait d'une certaine
cote de popularité parmi les
Kurdes. Le fait que l'étatmajor
de l'armée turque n'ait
pas caché son hostilité à un
parti issu de la mouvance is¬
lamiste ajoué en sa faveur en
pays kurde. Et l'islam aidant,
peu de femmes sont dévoilées
. dans cette région du Kurdis¬
tan où l'AKP a effectué une
remarquable percée, y com¬
pris à Diyarbakir, c de la
contestation kurde. Mieux,
avant cette crise, il escomptait
rafler la capitale du Kurdis¬
tan, contrôlée par le DTP,
aux élections municipales de
; 2008! «Il a déjà perdu. Il est
; comme les autres. C'est un
: nationaliste. Les Kurdes ne
. plus
. gens
voteront pas AKP », persifle
Faruk, instituteur à Ciszré.
L'INQUIETUDE DES
HABITANTS DE SILOPI,
CITÉ COMMERÇANTE
Une dizaine de kilomètres .
loin, à Silopi cité com¬
merçante qui jouxte immé¬
diatement l'Irak et qui est tra¬
versée par des centaines de
camions tous les jours, les
paraissent vaquer tran¬
quillement à leurs occupa¬
tions, loin des tumultes m
des préparatifs de
guerre. Toutefois, le bruit des
hélicoptères de combat et, de
temps à autre, celui de chas¬
seurs-bombardiers F16 vo¬
lant à basse altitude alimente
l'inquiétude des habitants.
Comme à Ciszré, les alen¬
tours de Silopi sont parsemés
de postes militaires sur les
hauteurs de la montagne et le
long du Tigre. En avril 2006,
à l'occasion de l'enterrement
de combattants du PKK tués
par l'armée, Silopi a été le
théâtre de violents affronte¬
ments entre une partie de la
population et les forces de sé¬
curité. Ici, le commerce en
tous genres avec l'Irak, ses di¬
zaines de restaurants, de cafés
et de superettes compensent
les faibles revenus de l'ex¬
ploitation des champs de co¬
ton et de l'élevage ovin, ex¬
ploitation qui n'emploie que
de la main-d' féminine
payée au lance-pierres.
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Les échanges entre les deux pays sont très réduits. Au poste de frontière de Habur, il passait
1 000 camions par jour. Il n'en passe que 300 aujourd'hui, l'attente est interminable.
LES TURCS DAVANTAGE
PÉNALISÉS
QUE LES IRAKIENS
Avant de passer lé poste
frontière de Habur, situé à
quelques kilomètres à la sor¬
tie de la ville, nombreux sont
lés ealnionneurs qui font une
halttsè Silopi. Ce mardi, le
passage se fait au comptegouttes.
Les camions forment
une queue de plusieurs kilo¬
mètres. Avant les tensions
avec l'Irak, il en passait plus
de 1 000 par jour. Moins de
300 ces jours-ci. Coincé dans
la file, sirotant un thé, Os¬
man, assis sur le marchepied
de son camion Mercedes, at¬
tend depuis plus de cinq
heures. Il doit livrer du maté¬
riel électroménager à un com¬
merçant de Mossoul en Irak.
Il n'en est pas à sa première li¬
vraison. Comme beaucoup, il
craint que tout s'arrête. Se
rendre en Irak-est son gagnepain.
«J'ai une famille à faire
vivre », dit-il. Osman n'est pas
kurde, il est turc. Il dit com¬
prendre la position de son
pays, que «le PKK est res¬
ponsable de cette situation »,
mais souhaite que ça n'aille
pas au pire. Faruk, lui, est
kurde. «Tous sont respon¬
sables, pas seulement le
PKK»,peste-t-il.
Depuis que le Conseil na¬
tional de sécurité turc (MGK)
a décidé de limiter les expor¬
tations de la Turquie vers
l'Irak, le trafic commercial a
subi une baisse. Ce à quoi
s'ajoutent, selon plusieurs ca¬
mionneurs, les tracasseries de
la douane irakienne depuis
A Silopi,
le commerce avec
l'Irak compense
les faibles revenus
de l'exploitation des
champs de coton
et de l'élevage ovin.
que la tension est montée
entre les deux pays. Une situa¬
tion quiinquiète. Car cesdéci¬
sions sont plus ^pénalisantes
pour les Turcs que pour les
Irakiens. De ce fait, dans ces
régions frontalières, on craint
les retombées catastrophiques
qu'aurait une décision du
MGK exigeant l'arrêt de tout
15 ii
C'est à peu près
le nombre de Turcs,
pas tous d'origine
kurde, vivant dans
le Kurdistan irakien.
trafic commercial avec l'Irak.
Près de 15 000 Turcs, pas
tous d'origine kurde, sont ins¬
tallés dans le Kurdistan ira¬
kien et qui opèrent comme
agents commerciaux ou re¬
présentants d'entreprises. Les
échanges entre les deux pays
- plus de 3 milliards de dol¬
lars d'exportation vers l'Irak
en 2006 contre moins de
300 millions de dollars d'im¬
portation - bénéficient large¬
ment à la Turquie. Le boycott
commercial entraînerait la
fermeture de nombreuses
PME et occasionnerait une
perte d'environ 30Q000 em¬
plois dans le seul Kurdistan
turc. « C'est pourquoi, af¬
firme à l'Humanité Serta|
Bucak, leader du Hak-Par
(Parti pour les droits et les li¬
bertés, kurde), nous pensons
que cette guerre, si guerre il y
a, est d'abord dirigée contre
les Kurdes. »
Hassane Zerrouky
L'HUMANITÉ
2 NOVEMBRE 2 007
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