ISS 25 (1995).pdf - The International Council of Museums

des courants tres divers dans leur provenance et dans leur logique. Deja McLuhan
parlait de la culture «mosarcale» du journal ; la mosarque s'est elle-meme multipliee,
ses cases statiques sont devenues variables et dynamiques, dans les menus
interactifs qui reunissent des «communautes virtuelles» . Le rapport que no us
entretenons maintenant avec nos patrimoines est bien relie a cette position de
spectateur, a ce qui se forge dans cette relation de «zapping». Nous nous
comportons, a I'egard du passe historique, - non plus seulement de «notre passe »,
mais bien d'un passe global - comme des «zappeurs» televisuels, I'usage que nous
en faisons en est un de «regard distancie» et d'attention ludique et particlpatolre.
Comment decrire ce nouvel etat du patrimoine ? Je dirais qu'il s'agit d'un patrimoine
gere, d'un «patrimoine ressource», mis en marche et au service de I'economie. Ses
objets et lieux sont penses : - comme un spectacle offert aux touristes; et deja, -
comme une banque de donnes sur I'inforoute. Le plus souvent, I'acces, touristique ou
informatique, est payant et genere des revenus. Ce patrimoine est presente comme
recreatif, iI offre moins des objets specifiques, que des environnements globaux, dans
lesquels s'immerger et «se perdre» . 1 ° Son regime : Ie divertissement et la
consommation. 2° La nature des objets : des attractions, I'interactivite, la simulation,
I'informatique. 3° Son public : les touristes et les zappeurs. 4° Des exemples : les
parcs thematiques, les CD Rom.
'Ce qui nous attire vers les musees et sites historiques, ce n'est plus tellement la
puissance rituelle des objets, ni I'etude, ni notre attachement a un Etat-nation, mais
bien, notre desir d'entrer dans I'ecran, et de nous procurer une experience
personnelie, imaginaire, ludique et memorable. Un rapport nouveau, Ie rapport
ludlque de la consommation, s'impose de plus en plus. Mais, et c'est Ie paradoxe
final, ce rapport ludique est lui-meme polyvalent: parce qu'il joue avec les heritages,
il peut Ie faire de diverses facons, selon Ie desir individuel de chacun. Nous savons
bien que les visiteurs actuels des musees et sites sont diversifies. Aussi, quelques
visiteurs erudits y cherchent toujours du savolr, des citoyens nostalgiques y
cherchent encore un esprit national, et un grand nombre de gens, qui n'y
cherchaient rien de precis, y trouvent un moment une distraction familiale.
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