ISS 25 (1995).pdf - The International Council of Museums

"pauimoine" de tous. n s'agit de rendre symboliquement la jouissance de ces biens a la collectivite
grace a une propriete morale commune, une propriete publique. De trois grands musees europeens. Ie
Musee de Dresde (1746), Ie Britisb Museum (1753), Ie Louvre (1791 ), Jean-Louis Deone dit qu' "ils
sont en effet indissociables de \'idee de la communaute qu'ont pu developper les trois societes. On ne
les distinguera pas tant au niveau de la presentation des collections qu'a celui des discours qui ont ete
tenus sur eux pratiquement des leurs origines [ ... J Les musees europeens, et c'est ce qui les distingue
des collections privees, rendant les oeuvres au public, furent a I'origine de la constitution du public.
celui des amateurs d'art comme de l'homme quelconque." Le musee doit s'appliquer a "produire de la
cornmunaute". II rappelle que l'Europe des Lurnieres etait deja une communaute partageaot les
sciences et les arts, s'instituant en Republique europeenoe des Lenres.
Le XIXe siecle voit la naissance de quelques grands musees europeens ou americains (1830,
Berlin : l'I1e des musees ; 1838, Londres : la National Gallery ; 1869, New York : Ie Metropolitan
Museum). En 1846, apparah en Angleterre la notion de "folk lore" ou cuJture populaire et avec elle
naissent les musees de ce type. La fin du siecle verra se creer en Suede Ie Nordiska Museet et Ie
premier musee de plein air (Skaosen, 1891).
Au XXe siecle on voit peu 11 peu s'etendre la notion de pauimoine a tous les domaines, dans un
souci d'exhaustivite du recensement des biens cuJturels : ainsi, entre les deux guerres en France, puis
sous l'impuJsion du Front popuJaire, on cree a Paris en moyenoe un musee par an : musees d'art
modeme, de l'homme, de la France d'outre-mer, des arts et traditions popuJaires, des colonies, des
travaux publics, Palais de la Decouverte. Pendant ce temps, en AlIemagne, sous Ie lIe Reich,
apparaissent les Heimatrnuseen qui seront deux mille 11 la fin du me Reich, cuJtivant Ie goOt du terroir
et de la petite communaute ethnique protegeant son pauimoine et sa propre integrite.
Arrive la seconde guerre mondiale et avec elle, comme avec toutes les guerres, les etemels
transferts de biens cuJturels par pillage, puis leur retention illegitime. Nous vivons encore les
difficuJtes du retour de ces biens a leurs proprietaires legitimes (cf. en particuJier les pourparlers entre
l'AlIemagne et la Russie). Des communautes se sentent alors a juste titre depouillees. Et ce sentiment
renforce ou exacerbe celui d'appartenance identitaire.
L'apres-guerre, puis les annees soixaote, et particuJierement Ie mouvement de 68, ouvrent une
ere nouvelle dans Ie domaine cuJturel : mouvements de cuJture popuJaire (Maison pour tous, Peuple et
CuJture ... ), de cuJture ouvriere (et les syodicats ont joue la un rme important), des ecomusees (ailleurs
denommes musees "cornmunautaires"), de l'archeologie indusuielle, de la "memoire de l'entreprise",
centres de cuJture scientifique et technique dans les anoees 70. II Y eut, dans Ie desarroi qui preceda
les evenements de 1968, un ferment propre 11 faire surgir Ie mouvement des musees communautaires
et des ecomusees : une partie du constat concemait l'absence de vie communautaire et l'uniformisation
des modes de vie. A l'encontre de cela jaillissait Ie besoin d'identifier ses racines et de raviver son
histoire, entre autres en s'appuyant sur des objets ou les temoignages des anciens. Dans cene nouvelle
generation de musees. les objets prenaient un sens plus fort.
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