ISS 25 (1995).pdf - The International Council of Museums
ISS 25 (1995).pdf - The International Council of Museums ISS 25 (1995).pdf - The International Council of Museums
ICOFOMIStavanger voyant au fait de savoi r de quoi traite Ie musee aujourd·hui. La question de I'objet « de» musee ouvre a celie de I'objet « du » musee. Traditionnellement. on considere que Ie musee traite de collections. Pourtant. cela fait deja assez longtemps, me semble-t-il , qu'il est desonnais reconnu que ce tenne demande a etre singulierement revu, preciseet elargi dans la perspective d'une definition plus scientifique de I'objet de musee a la fois en tant qu'objet porteur d' une infonnation (sa dimension documentaire) et qU'objet de societe (sa dimension symbolique, aussi bien avant qu'apres son entree au musee)6 Le tenne de « collection » condense, en une espece de tenne-valise, les operations de collecte, de documentation, de recherche et de conservation. Mai s, la nouvelle museologie a contribue a porter Ie debat plus loin, foryant la museologie dans son ensemble (pour peu qu'elle accepte de s'interesser a d'autres musees que les musees d'art) a revenir sur Ie statut des objets restant in situ, et donc a reprendre la discussion sur Ie deplacement de objets dan s Ie musee et plus fondamentalement sur la nature meme de I 'objet de musee (Desvallees, 1994). L'impact de I'ecomusee, par exemple, en tant que dispositif museal elargi a la constitution de « collections» hors les murs (pour ne citer que cet aspect) fut considerable surtoute I'evolution des musees dits de societe. L'objet, ne changeant ni d'espace social (n'etant pas retire de I'espace de la vie quotidienne) ni de temps social (restant soumis aux aleas de I' histoire ou de la memoire), echappait au principe de mise en reserve. Inversement, cet espace et ce temps devenaient la matiere me me du musee 7 . Ces choses sont connues, tout particulierement dans cette assemblee;je ne les mentionne donc ici que pour memoire, meme si elles peuvent ne pas etre prises en compte dans des definitions du musee qui sont plus restrictives que celie de I'ICOM. Dans ce contexte, il paralt interessant de porter attention a deux phenomenes. qui sont d'ailleurs souvent confondus: Ie premier est I'elargissement de la notion d'objet de musee, I'autre I'elargissement de celie de patrimoine. Ce qui caracterise les collections, c'est qu 'elles sont constituees d'objets consideres par tout Ie monde comme des objets de musees, dont l'ensemble est reconnu constituer un patrimoine. Leur statut social est donc celui d'objet de patrimoine. Cela a amene a oublier Ie fait que les objets qui sont dans les musees y etaient entres et avaient ete transfonnes en patrimoine. Faut-il rappeler que Ie premier enseignement de I'histoire des musees est l'extension progressive de ce statut a des objets qui ne l'avait pas auparavant : objets de nature, de technique, d' histoire, de folklore. d'ethnologie, d'art et tradition populaire. d'industrie, etc. De ce point de vue I'ecomusee a montre, dans la pratique, que I 'extension etait possible a des objets a la fois illegitimes (disons,« ordinaires »), immaterie1s (tels que la memoire) et de surcrolt hors les murs. Bref, des objets qui etaient en realite d' une tres grande complexite physique et systemique. Cetle complexite est encore plus netle dans Ie cas des parcs naturels qui conservent. preservent, valorisent des ecosystemes. Mais Ie mouvement de redefinition des objets engage par les ecomusees devient encore plus net et visible dans Ie cas de ces macro-objets que sont les paysages, qui non seulement sont complexes mais, de plus, ouverts et en devenir. Leurs Iimites, leur evolution - et disons leur destin - depend non seulement des specialistes de la conservation, mais aussi tres directement de la population qui y vit (Davallon, Micoud et Tardy, a par.). Dans ce demier cas, on objectera que 1'0n peut, a juste titre, se demander si I'on est en- 6. Jc pense lei lout particulicrcmenl au:\ divers Lm\ aux d'ICOFOM sur ccUe question , spCclalcmcnt Ie recent Symposium de Pekln en J 994. 7 Pour un poIOl recent sur ceUe iusloire. voir Poulot ( 1995). 158
ICOFOM/ Stavanger core dans une logique de musee et s'il convienl encore de parler d'ohjcl de musec, Le paysage n'est meme pas aprinri un objet de patrimoine, je vais y revenir dans quelques instants, Si mettreun paysage comme tel dans un musee n'a guere de sens,l'idee meme de Ie musealiser appelle tout de suite des reserves: sauf 11 musealiser les gens qui vivent dans Ie paysage et 11 projeter de transformer la moitie d' un pays en musee, on est bien oblige de penser autremenl Ie traitement de cet objet particulier. Les difficultes croissantes qui apparaissent pour penser ces objets au fur et a mesure que I'on s'eloigne de I 'objet de musee traditionnel vers des objets dont on sent Ie caractere patrimonial tout en ayant une grande difficulte 11 les considerer comme des objets de musee, meritent de retenir toute notre attentionS, D'un point de vue pratique, elles posent la question de la maniere dont ces objets peuvent etre traites et quelle institution peutles traiter. L'objet qui entre physi quement dans un musee, se trouve defini par les operations (conservation, recherche et de diffusion) dont il va etre I'objet; operations qui sont specifiques a ce type d'institution particulier qu'esl un musee d'art, un musee d'histoire, un musee d'ethnologie, etc, II est musealise, En etant en charge d' un ensemble d' objets ou d'un objet complexe in xitu , I'ecomusee ou Ie parc naturel operent une « musealisation » particuliere meme si elle n'est pas celie du musee traditionnel. Le cas du paysage est interessant car encore plus limite; en effet, s'il ne saurait etre un objet de musee au sens c1assique, il n'empeche qu'il devient bien allssi I'objet d' une instilution particuliere (parc naturel , par exemple) qui va va avoir mission de susciter sa preservation, de la recherche sur lui , ainsi que sa valorisation, II y a done bien, en ce cas, processus de transformation du paysage en objet d'une institution museale, Cependant, si I'on a de la difficulte 11 uti liser Ie terme de musealisation, c 'est que d' une part I' institution museale impliqllee dans I'affaire doit trouver des modalites de travail associantla popUlation, et d'autre part que Ie statut patrimonial du paysage n 'est pas totalement etabli mais depend justement de la maniere dontla population Ie considere et de son action sur lui, Cela nous conduit 11 distinguer la museaiisatinn, qui correspond 11 une institutionnalisation de ' I 'objet en tant qu'objet de musee (c'est-1I-dire, en tant qu 'objet des operations pratiques effectuees par Ie musee), de la palrimnniaiisation qui est la reconnaissance d'un objet (un objet ordin'aire) en tant qu'objet de patrimoine, II s' agit dans les deux cas d ' un cbangement de statut social de I 'objet, toutefois dans Ie premier, c'est en tant qu'il devient, en pratique, I'objet d' une institution; alors que dans Ie second, il est, en droit et en representation, I 'objet d' une reconnaissance par accord des membres d' un groupe social. II est certain que les deux changements de statut sont lies, specialement dans Ie cas du musee traditionnel : ce qui est reconnu patrimoine est pris en charge par Ie musee et inversement ce qui entre dans Ie musee acquiert Ie statut de patrimoine, L'interet de la situation des paysages reside precisement dans Ie fait que leur statut patrimonial est (hormis sa complexite) celui d'un patrimoine en devenir et qu'il attendent une forme d'institution museale partiellement 11 inventer. De ce fait, cette situation fait apparaltre, en-deli'" de la question de leur musealisation, la modification de la conception meme que nous nous faisons du patrimoine - modification 11 laquelle se trouvent aussi confrontes desormais les musees qui ont 11 prendre en charge ou qui ont simplement 11 faire avec ces nouveaux patrimoines, comme certains musees qui assurent un conseil patrimonial aupres des acteurs du patrimoine rural. Modification de la conception du patrimoine sur laquelle je propose de nous arreter quelques instants, 8, Ou plutoL que \'on y rcncnnc, dans la mesure au la question de j'inadaptallon du lcnne « musec» a nombrc tl'l nstl lutions. ct %rl;ori , de silualions ont deja ele maintcs 1'015 signalecs el dlscu[ccs. 159
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voyant au fait de savoi r de quoi traite Ie musee aujourd·hui. La question de I'objet « de» musee<br />
ouvre a celie de I'objet « du » musee.<br />
Traditionnellement. on considere que Ie musee traite de collections. Pourtant. cela fait deja assez<br />
longtemps, me semble-t-il , qu'il est desonnais reconnu que ce tenne demande a etre singulierement<br />
revu, preciseet elargi dans la perspective d'une definition plus scientifique de I'objet<br />
de musee a la fois en tant qu'objet porteur d' une infonnation (sa dimension documentaire) et<br />
qU'objet de societe (sa dimension symbolique, aussi bien avant qu'apres son entree au musee)6<br />
Le tenne de « collection » condense, en une espece de tenne-valise, les operations de<br />
collecte, de documentation, de recherche et de conservation. Mai s, la nouvelle museologie a<br />
contribue a porter Ie debat plus loin, foryant la museologie dans son ensemble (pour peu qu'elle<br />
accepte de s'interesser a d'autres musees que les musees d'art) a revenir sur Ie statut des objets<br />
restant in situ, et donc a reprendre la discussion sur Ie deplacement de objets dan s Ie musee et<br />
plus fondamentalement sur la nature meme de I 'objet de musee (Desvallees, 1994). L'impact de<br />
I'ecomusee, par exemple, en tant que dispositif museal elargi a la constitution de<br />
« collections» hors les murs (pour ne citer que cet aspect) fut considerable surtoute I'evolution<br />
des musees dits de societe. L'objet, ne changeant ni d'espace social (n'etant pas retire de<br />
I'espace de la vie quotidienne) ni de temps social (restant soumis aux aleas de I' histoire ou de la<br />
memoire), echappait au principe de mise en reserve. Inversement, cet espace et ce temps devenaient<br />
la matiere me me du musee 7 . Ces choses sont connues, tout particulierement dans cette<br />
assemblee;je ne les mentionne donc ici que pour memoire, meme si elles peuvent ne pas etre<br />
prises en compte dans des definitions du musee qui sont plus restrictives que celie de I'ICOM.<br />
Dans ce contexte, il paralt interessant de porter attention a deux phenomenes. qui sont d'ailleurs<br />
souvent confondus: Ie premier est I'elargissement de la notion d'objet de musee, I'autre I'elargissement<br />
de celie de patrimoine. Ce qui caracterise les collections, c'est qu 'elles sont<br />
constituees d'objets consideres par tout Ie monde comme des objets de musees, dont l'ensemble<br />
est reconnu constituer un patrimoine. Leur statut social est donc celui d'objet de patrimoine.<br />
Cela a amene a oublier Ie fait que les objets qui sont dans les musees y etaient entres et<br />
avaient ete transfonnes en patrimoine.<br />
Faut-il rappeler que Ie premier enseignement de I'histoire des musees est l'extension progressive<br />
de ce statut a des objets qui ne l'avait pas auparavant : objets de nature, de technique, d' <br />
histoire, de folklore. d'ethnologie, d'art et tradition populaire. d'industrie, etc. De ce point de<br />
vue I'ecomusee a montre, dans la pratique, que I 'extension etait possible a des objets a la fois<br />
illegitimes (disons,« ordinaires »), immaterie1s (tels que la memoire) et de surcrolt hors les<br />
murs. Bref, des objets qui etaient en realite d' une tres grande complexite physique et systemique.<br />
Cetle complexite est encore plus netle dans Ie cas des parcs naturels qui conservent.<br />
preservent, valorisent des ecosystemes. Mais Ie mouvement de redefinition des objets engage<br />
par les ecomusees devient encore plus net et visible dans Ie cas de ces macro-objets que sont les<br />
paysages, qui non seulement sont complexes mais, de plus, ouverts et en devenir. Leurs Iimites,<br />
leur evolution - et disons leur destin - depend non seulement des specialistes de la<br />
conservation, mais aussi tres directement de la population qui y vit (Davallon, Micoud et Tardy,<br />
a par.). Dans ce demier cas, on objectera que 1'0n peut, a juste titre, se demander si I'on est en-<br />
6. Jc pense lei lout particulicrcmenl au:\ divers Lm\ aux d'ICOFOM sur ccUe question , spCclalcmcnt Ie recent<br />
Symposium de Pekln en J 994.<br />
7 Pour un poIOl recent sur ceUe iusloire. voir Poulot ( <strong>1995</strong>).<br />
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