siOBX; - Smithsonian Institution

270 BUREAU OF AMERICAN ETHNOLOGY [Bdll.IOS
en sont absolument les maitres. Comme il n'existe peiit-etre pas
siir le globe un peuple dont les hiibitudes soient plus degoutantes que
celles des Tchactas, il en resulte que la femme adultere est presque
toujours forcee de subir le peine jusqu'au bout, et d'assouvir la
brutale lascivete de ceux que son mari a choisis pour la desbonorer.
Lorsque chacun a exerce ses droits, le mari se presente a la femme,
lui dit: "Tu es libre maintenant, tu peux t'associer I'homme avec
lequel tu m'as outrage." La femme est alors libre de s'en retourner
cliez ses parens, ou de se remarier sans le consentement de sa famille.
Si elle a des enfans, les filles lui restent, et les garcons appartiennent
a la famille du pere.
Je fus un jour, par I'effet du hasard, temoin de cette extra-
ordinaire et choquante ceremonie; voici comment. J'avois traverse,
en revenant des souterrains de la riviere Rouge, avec mes deux
cents jeunes guerriers, un village des Tchactas, et j'avois fait
camper mes guerriers dans une plaine peu distante de ce village,
oil j'etois reste pour prendre quelques refraichissemens. Je fus invite
a assister a cette ceremonie, dont je n'avois jamais oui parler. Je me
rendis a I'endroit on elle de\^oit avoir lieu, et j'y trouvai environ
une trentairie d'hommes assembles et une femme au milieu d'eiix.
Aussitot que je fus arrive, Phomme qui m'avoit invite prit cette
femme par la main, et la conduisit a une distance de vingt-cinq pas
environ, comme je I'ai dit, et la, lui ota son jupon, seul A^etement
qu'elle eiit; a un signal qu'il fit, elle partit avec une rapidite qui
m'etonna, mais qu'elle ne put soutenir; car elle fiit attrapee dans sa
course, et le vainqueur vint me faire hommage de ses droits, que I'on
m'avoit fait connoitre, mais je n'etois pas jaloiix de les exercer;
alors il usa de son droit devant toute I'assemblee, qui suivit son ex-
emple. Peu curieux d'assister a un spectacle qui me causoit autant
d'horreur, je retournai an village, oil je vis peu d'instans apres cette
meme femme, qui ne me parut pas tres-affectee de I'humiliation a
laquelle elle venoit d'etre soumise.