siOBX; - Smithsonian Institution
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268 BUEEAU OF AMERICAN ETHNOLOGY [Bdll.103<br />
de la part des chefs de sa nation, les banderoles ou chapelets, qui<br />
servent d'archives. II prit la resolution de s'y refugier, et de faire<br />
connoitre les motifs qui I'obligeoient a fuir sa patrie; ne doutant<br />
pas qu'il ne trouvat secours et protection chez une nation dont il<br />
connoissoit la generosite. II fut done trouver Maguilvray, qui etoit<br />
alors grand chef, et lui exposa les motifs de son voyage. II lui<br />
rappela qu'il etoit venu plusieurs fois aupres de lui, de la part de ses<br />
chefs. Maguilvray le regut avec bonte, quoiqu'il ne put le recon-<br />
noitre; car il avoit I'air d'un squelette. II lui fit donner les alimens<br />
qui lui etoient necessaires; et, comme il etoit encore malade, il lui<br />
fit prendre, au bout de quelques jours, de I'emetique delaye dans de<br />
I'eau de sassafras. Cette medecin suffit pour guerir sa maladie ; mais,<br />
comme ce Sauvage avoit beaucoup souffert, et qu'il avoit ete longtemps<br />
malade, il resta quatre a cinq mois chez Maguilvray, poui<br />
retablir parfaitement sa sante; j'ai eu souvent occasion de le voir, et il<br />
ma'a raconte lui-meme son aventure. Lorsqu'il se sentit parfaitemeni<br />
retabli, il retourna dans sa nation : il y avoit alors environ huit mois<br />
que son evasion avoit eu lieu; et sa famille avoit eleve un echafaud,<br />
et fait toutes les ceremonies d'usage, qui precedent et accompagnent<br />
les funerailles, ainsi que je les ai decrites plus haut. II arriva<br />
precisement le jour de la fete de ses funerailles, et trouva sa famille<br />
assemblee, et son bucher en feu, comme si son corps eut ete dessus.<br />
Le medecin avoit si fortement persuade les parens de ce Sauvage,<br />
qu'il ne pouvoit revenir de sa maladie, que, lorsqu'il parut au milieu<br />
d'eux, ils le regarderent comme un revenant, et prirent tons la fuite.<br />
Se voyant seul, il alia chez un de ses voisins, qui, frappe de la<br />
meme terreur, se jeta par terre ; et, dans la persuasion que ce n'etoit<br />
qu'une ombre, lui parla en ces termes<br />
" Pourquoi as-tu quitte le sejour des ames, si tu y etois heureux?<br />
pourquoi reviens-tu parmi nous? Est-ce pour assister a la derniere<br />
fete que font pour toi ta famille et tes amis ? Va ! retourne<br />
au pays des morts, dans la<br />
"<br />
crainte de renouveler la douleur qu'ils<br />
ont ressenti de ta perte !<br />
Celui-ci voyant que sa presence causoit par-tout le meme effroi,<br />
prit le parti de retourner chez les Creeks, ou il revit, par la suite,<br />
plusieurs de ses parens, qui avoient I'habitude d'y venir tous les ans.<br />
Ce ne fut qu'alors qu'il parvint a les desabuser, et a les persuader que<br />
le medecin les avoit trompes. Ceux-ci, irrites d'une telle fourberie,<br />
furent trouver ce medecin, lui firent les plus violens reproches, et<br />
finirent par le tuer, pour qu'il ne trompat plus personne. lis firent<br />
ensuite toutes les instances possibles aupres de ce Sauvage, pour I'en-<br />
gager a retourner parmi eux; il s'y refusa constamment, et epousa<br />
une femme de la nation des Taskiguys, avec laquelle il eut trois