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266 BUREAU OF AMERICAN ETHNOLOGY [Boll. 103
famille, le pretre prend jour pour laisser le temps de prevenir tout
le monde; et, le jour indique, cliacun se rend autour de I'echafaud;
et la, apres avoir fait d'horribles grimaces en signe de deuil, ils
entonnent des chants lugubres, oil ils expriment les regrets qu'ils
ressentent de la perte qu'ils ont faite. Lorsqu'ils ont fini cet epouvantable
charivari, le pretre monte sur I'echafaud, il ote la peau ou
couverture qui couvre le cadavre; et, avec ses ongles (il ne lui est pas
meme jDermis de se servir d'autre chose), il detache les chairs qui
peuvent encore etre adherentes aux os, de maniere a separer absolument
I'un d'avec I'autre. Lorsqu'il a termine cette degoutante
operation, il fait un paquet des chairs qu'il laisse sur I'echafaud
pour etre brulees, et un des os qu'il descend sur sa tete pour les
remettre aux parens du mort en leur fesant une harangue analogue
a la circonstance. Aussitot que ceux-ci ont regu les os, ils ont grand
soin de les visiter, et de s'assurer que le pretre n'en a pas oublie;
ensuite ils les deposent dans une espece de coffre, dont ils ferment
I'entree avec une planche ; apres quoi les femmes allument des torches
de bois gras, et les plus proches parens vont en procession porter ce
coffre dans une cabane qui sert de sepulture a la famille seule.
Pendant que le pretre est sur I'echafaud occupe a la dissection,
tous les assistans s'occupent, de leur cote, a allumer des feux, sur
lesquels ils mettent de grands pots de terre pleins de viandes, pour
les convives. Lorsque ces viandes sont cuites, ils les retirent du feu
pour les laisser refroidir, et sans y toucher ; car il n'est permis qu'au
pretre d'en lever les couvercles, et il ne pent le faire qu'apres avoir
termine son operation.
Lorsque la ceremonie de I'inhumation pour les os est terminee, on
approche une grande quantite de bois sec autour de I'echafaud ou
sont restees les chairs; les parens y mettent le feu; et, pendant que
cet echafaud brule, ils dansent en rond autour, en poussant de grands
cris de joie; ensuite le pretre choisit un emplacement convenable, oil
chacun s'assied en rond, et il reste au milieu, avec les vases oii sont
renfermees les viandes qui doivent servir au festin, et auxquelles on
a donne le temps de refroidir. Quand chacun a pris sa place, le
medecin ou pretre decouvre les vases; et, sans meme s'etre lave
les mains, qu'il a seulement essuyees avec de I'herbe, il les met dans
les marmites iDour en tirer les viandes et les partager entre les parens
et amis du mort, suivant leur rang; il leur sert le bouillon dans la
meme proportion, ainsi que la sagamite, qui est leur boisson.
J'ai dit ailleurs que ce peuple a un gout particulier pour la chair
de cheval, qu'il prefere a toute autre ; il en resulte que si ia personne
dont on fait les funerailles est assez riche pour avoir des chevaux, on
en tue quelquefois jusqu'a trois, que Ton fait cuire, et c'est avec leur