siOBX; - Smithsonian Institution
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262 BUREAU OF AMEEICAN ETHNOLOGY [Bull. 103<br />
cheveux, & une petite jupe comme les femmes, dont ils sont en<br />
revanche souverainement meprises.<br />
Les Chactas sont tres-alertes & tres-dispos. ils ont un jeu semblable<br />
a notre longue paume, auquel ils sont fort adroits; ils y invitent les<br />
villages voisins, en les narguant de mille propos agagans, les uns<br />
plus que les autres. Les hommes & les femmes s'assemblent dans<br />
leurs plus belles parures; ils passent la journee a chanter & a danser;<br />
on danse meme toute la nuit au son du tambour & du chichikois.<br />
Chaque village est distingue par un feu particulier qu'il allume au<br />
milieu d'une grande prairie; le jour qui suit est celui du jeu; ils<br />
conviennent d'un but qui est eloigne de 60 pas, & designe par deux<br />
grandes perches entre lesquelles il laut faire passer la balle. La<br />
partie est ordinairement en 16. lis sont 40 contre 40, & tiennent<br />
chacun en main une raquette longue de deux pieds & demi : elle est<br />
a-peu-pres de la meme forme que les notres, faite de bois de noyer,<br />
ou de chataigner, & garnie de peau de chevreuil.<br />
Un vieillard jette en I'air, au milieu du peu, une balle ou ballon<br />
fait de peau de chevreuil, roulees les unes sur les autres. Les joueurs<br />
alors courent aussitot a qui attrapera la balle avec sa raquette;<br />
c'est un plaisir de voir ces joueurs, le corps nud, peint de toutes<br />
sortes de couleurs, ayant une queue de tigre attachee au dirriere, &<br />
des plumes aux bras & sur la tete, qui voltigent en courant, ce qui<br />
fait un eU'et singulier ; ils se poussent, se culbutent les uns les autres<br />
celui qui a I'adresse d'attraper la balle, la renvoye a ceux de son<br />
parti ; ceux du parti oppose courent contre celui qui a saisi la balle,<br />
la renvoyent au leur, a qui on la dispute, & ainsi reciproquement<br />
parti contre parti, ce que les uns & les autres font avec tant d'ardeur,<br />
que quelquefois il y a des epaules demises. Ces joueurs ne se fachent<br />
jamais: des vieillards qui assistent a ces jeux, se rendent les<br />
mediateurs, & concluent que le jeu n' est que f)our se recreer, &<br />
non pour se quereller. Les paris sont considerables; les femmes<br />
parient contre d'autres femmes.<br />
Quand les joueurs ont cesse, les femmes s'assemblent entr'elles<br />
pour venger leurs maris perdans. La raquette dont elles se servent<br />
diifere de celle des hommes, en ce qu'elle est recourbee; elles ont<br />
beaucoup de dexterite; elles courent les unes contre les autres avec<br />
une grande vitesse, & se collettent comme les hommes, etant<br />
egalement mises, a I'exception de ce que la pudeur veut qu'on couvre.<br />
Elles ne se mettent du rouge qu'aux joues seulement, & du vermillion<br />
sur les cheveux au lieu de poudre.<br />
Apres avoir bien joue de part & d'autre toute la journee, chacun<br />
se retire chez soi avec sa gloire ou sa honte; mais sans rancune, se<br />
promettant de jouer une autre fois a qui mieux; c'est ainsi que tons<br />
les Sauvages, tant hommes que femmes, s'exercent a la course, aussi