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260 BUEEAU OF AMEKICAN" ETHNOLOGY [Bull. 103 deuil, pendant lequel tems, qui dure une lune, il ne peut se peigner, ensorte que si la tete lui demange, il ne lui est permis de se gratter qu'avec une petite baguette, qu'il s'attache expres au poignet. Les Ghactas, & leurs femmes sont tres-malpropres, habitant la plupart des lieux eloignes des rivieres. lis n'ont aucun culte; ils prennent le tems comme il vient, sanssouci pour I'avenir, & croyent cependant I'ame immortelle ; ils ont une grande veneration pour leurs morts qu'ils n'enterrent point ; losqu'un Chactas est expire, on expose son cadavre dans une bierre faite expres, d'ecorce de cypres, & posee sur quatre fourches d'environ quinze pieds de haut. Quand les vers en ont consume les chairs, toute la famille s'assemble; le desosseur vient qui demembre le squelette : il en arrache les muscles, les nerfs & les tendons qui peuvent etre restes, puis ils les enterrent, & deposent les OS dans un coffre, apres en avoir vermillionne la tete. Les parents pleurent pendant toute la ccremonie qui est suivie d'un repas qu'on fait aux amis qui sont venus faire leur compliment de condoleance, apres quoi on porte les reliques du dcffunt au cimetiere commun, dans I'endroit ou sont deposes celles ses ancetres. Pendant qu'on fait ces ceremonies lugubres, on observe un morne silence; on n'y chante ni ne danse ; chacun se retire en pleurant. Dans les premiers jours de Novembre, ils celebrent une grande fete qu'ils appellent la fete des morts ou des ames; chaque famille alors se rassemble au cimetiere commun, & y visitent en pleurant, les cofFres funebres de ses parens, & quand elles sont de retour, elles font grand festin qui termine la fete. On peut assurer, a la louange de ces Ameriquains, que I'amitie entre les parens, si rare parmi les Europeens, merite d'etre imitee; j'en ai rapporte quelques traits pui I'emportent sur ceux de I'antiquite; L'amour que les Sauvages, ont les uns pour les autres, les porte humainement a se secourir mutuellement lorsqu'ils sont infirmes. On reconnoit cet amour sincere par les derniers devoirs qu'ils rendent a leurs proches & a leurs amis, par leurs pleurs & leurs regrets, lors meme qu'ils n'existent plus. Les Sauvages en general ont beaucoup veneration pour leurs Medecins ou Devins, vrais Charlatans qui en imposent au sot vulgaire, pour vivre gracieusement a ses depens. lis ont aussi beaucoup d'autorite, & c'est a eux qu'ils s'adressent en toute sorte d'occasion pour receivoir leurs avis, ils les consultent comme I'oracle. Losqu'un Chactas est malade, il donne tout ce qu'il a pour se faire traiter; mais si le malade meurt, ses parents attribuent sa mort a la medecine, & non a la disposition du malade : en consequence ils tuent le medecin s'ils le veulent; mais ce cas n'arrive gueres, parce qu' ils ont toujours une porte de derriere; au reste, ces Medecins ont la connoissance de plusieurs plantes excellentes pour la guerison des maladies aux
SWANTON] CHOCTAW SOCIAL AND CEEEMONIAL LIFE 261 quelles on est siijet dans ce pays; ils scavent guerir surement la morsure des Serpens a sonettes, & des autres animaux venimeux. Lorsque les Sauvages sont blesses d'un coup defeu ou de fleches, les Jongleurs ou les Medecins commencent par succer la i^laye de malade, & en crachent le sang, ce qu'on appelle en France guerir du secret; ils ne se servent dans leurs pansemens ni de charpie, ni de plumaceaux; mais de la poudre d'une racine qu'ils soufflent dans la paye, pour la faire supurer, & d'une autre qui la fait secher & cicatriser ; ils garantissent les playes de la cangrene, en les bassinant avec une decoction de certaines racines qu'ils connoissent. Lorsqu'au retour d'une guerre ou d'une ou d'une chasse, ils sont las & excedes de fatigues, ils se restaurent en se faisant suer dans des etuves ^ ; ils font bouillir pour cet effet dans I'etuve toutes sortes d'herbes medicinales, & odoriferantes, dont les esprits & les sels enleves avec la vapeur de I'eau, entrent par la respiration & par les pores dans le corps du malade, qui recouvre ses forces abbattues. Ce remede n'est pas moins bon pour calmer & dissiper toutes fortes de douleurs; aussi ne voit—on chez eux ni goutte, ni gravelle, & autres infirmites auxquelles nous sommes sujets en Europe: ce qui pent aussi venir en partie des leurs frequents exercices du corps. On n'y voir point de gros ventres comme en Hollande, ni de grosses tumeurs a la gorge appelles goetres comme en Piedmont. Les Ghactas croyent beaucoup aux sorciers ou enchanteurs, & lorsqu'ils en decouvrent, ils leur font sauter la tete ^ sans autre forme de jDroces. J'ai vu un Sauvage de cette Nation, qui s'etoit fait baptiser depuis peu; comme il ne reussissoit pas a la chasse, ainsi que ses camarades, il s'imagina qu'il etoit ensorcele ; ce nouveau proselite fut aussitot trouver le Pere Lefevre Jesuite, qui I'avoit converti, & lui dit que sa medecine ne valoit rien, que depuis qu'il I'avoit regue, il ne tuoit ni cerfs ni chevreuils. II le conjura de vouloir bien lui oter sa medecine ; le Jesuite, pour eviter le ressentiment du Sauvage, fit semblant de le debaptiser. Quelques tems apres ce pretendu debaptiste ayant tue par hazard ou par adresse un chevreuil, se crut desorcele, & fut content. L'esprit de cette Nation est en general fort brute & fort grossier. On a beau leur parler des mysteres de notre Religion, ils repondent toujours que ce qu'on leur dit, est audessus de leur connoissance. lis sont au surplus fort pervers dans leurs moeurs: la plupart etant adonnes a la sodomie. Ces liommes corrompus, portent de grands 'Ce sout des cabancs rondes, coustruitos en forme de four au milieu du village, ces etuves soiit eiitretonues par un Alekxi ou Medccin public. 3 En 1752, lorsque jVUois a la Mobile, j'en vis un que Ton assomma a coups de hache. a cause qu'il se disoit sorcier. Les Sauvages lui attribuoiont les malbeurs qui arrivoient par hazard a leur Nation.
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deuil, pendant lequel tems, qui dure une lune, il ne peut se peigner,<br />
ensorte que si la tete lui demange, il ne lui est permis de se gratter<br />
qu'avec une petite baguette, qu'il s'attache expres au poignet.<br />
Les Ghactas, & leurs femmes sont tres-malpropres, habitant la<br />
plupart des lieux eloignes des rivieres. lis n'ont aucun culte; ils<br />
prennent le tems comme il vient, sanssouci pour I'avenir, & croyent<br />
cependant I'ame immortelle ; ils ont une grande veneration pour leurs<br />
morts qu'ils n'enterrent point ; losqu'un Chactas est expire, on expose<br />
son cadavre dans une bierre faite expres, d'ecorce de cypres, & posee<br />
sur quatre fourches d'environ quinze pieds de haut. Quand les vers<br />
en ont consume les chairs, toute la famille s'assemble; le desosseur<br />
vient qui demembre le squelette : il en arrache les muscles, les nerfs &<br />
les tendons qui peuvent etre restes, puis ils les enterrent, & deposent<br />
les OS dans un coffre, apres en avoir vermillionne la tete. Les parents<br />
pleurent pendant toute la ccremonie qui est suivie d'un repas qu'on<br />
fait aux amis qui sont venus faire leur compliment de condoleance,<br />
apres quoi on porte les reliques du dcffunt au cimetiere commun, dans<br />
I'endroit ou sont deposes celles ses ancetres. Pendant qu'on fait ces<br />
ceremonies lugubres, on observe un morne silence; on n'y chante ni<br />
ne danse ; chacun se retire en pleurant.<br />
Dans les premiers jours de Novembre, ils celebrent une grande<br />
fete qu'ils appellent la fete des morts ou des ames; chaque famille<br />
alors se rassemble au cimetiere commun, & y visitent en pleurant, les<br />
cofFres funebres de ses parens, & quand elles sont de retour, elles font<br />
grand festin qui termine la fete.<br />
On peut assurer, a la louange de ces Ameriquains, que I'amitie entre<br />
les parens, si rare parmi les Europeens, merite d'etre imitee; j'en ai<br />
rapporte quelques traits pui I'emportent sur ceux de I'antiquite;<br />
L'amour que les Sauvages, ont les uns pour les autres, les porte humainement<br />
a se secourir mutuellement lorsqu'ils sont infirmes.<br />
On reconnoit cet amour sincere par les derniers devoirs qu'ils rendent<br />
a leurs proches & a leurs amis, par leurs pleurs & leurs regrets,<br />
lors meme qu'ils n'existent plus.<br />
Les Sauvages en general ont beaucoup veneration pour leurs<br />
Medecins ou Devins, vrais Charlatans qui en imposent au sot vulgaire,<br />
pour vivre gracieusement a ses depens. lis ont aussi beaucoup<br />
d'autorite, & c'est a eux qu'ils s'adressent en toute sorte d'occasion<br />
pour receivoir leurs avis, ils les consultent comme I'oracle. Losqu'un<br />
Chactas est malade, il donne tout ce qu'il a pour se faire traiter;<br />
mais si le malade meurt, ses parents attribuent sa mort a la medecine,<br />
& non a la disposition du malade : en consequence ils tuent le medecin<br />
s'ils le veulent; mais ce cas n'arrive gueres, parce qu' ils ont toujours<br />
une porte de derriere; au reste, ces Medecins ont la connoissance de<br />
plusieurs plantes excellentes pour la guerison des maladies aux