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250 BXJEEAU OF AMEEICAN ETHNOLOGY [Bull. 103 II est seur que ces jongleurs parlent au demon, j'en ay uu un nombre d'exemples je uous en citeray trois. vn jour arriuans moy troisieme chez un nomme Belles dent chef des Naniabas, reuenant des Chicachas et manquant de tabac, j'en demenday a ce chef, le quel ayant foiiille dans son coffre pour m'en donner, ou il en auoit mis trois endoiiilles, il ne les trouua plus: il crut que c'estoit moy ou quelqu'un des frangois que j'auois qui luy anoint cache: mais ayant appris que non, je le uis s'abiller et se matacher comme si il alloit a une dance, appres quoy estant alle dans une pleine a une portee de fusil de la maison, nous le uisme charger sa pipe, battre le briquet, I'allumer, et la fumer en gesticulant beaucoup, coimne si il disputoit auec quelqu'un. lors qu'il I'eut fume a moitiee il nous sem- bloit qu'il donnoit a fumer a quelqu'un, sans cependant que nous uissions rein, si non qu'il tenoit sa pipe loing de luy, et la fumee qui sortoit a pelotons comme si quelqu'un eut fume, il reuint a nous ausitost, et nous dit tout en siieur, qu'il sgauoit celuy qui luy auoit pris, et continuant ses pas uers une cabanne uis a uis de la sienne, ou je le suiuis, il sautta au col d'un sauuage en luy demendant ses trois endoiiilles de tabac, qu'il luy auoit pris a telle heure de telle fagon enfin luy expliqua la maniere dont il s'estoit serui pour faire son uol. le pauure sauuage tout tramblant luy auoua son crime, et luy rendit son tabac. Les francois curieux de son sgauoir furent le trouuer, et le prierent moyenant recompence de leurs faire dancer la loutre. il prit sa blague qui estoit une peu de loutre dans la quelle il mettoit sa pipe et son tabac, qu'il jetta aumilieu d'une place ou le monde estoit assemble pour juger de sa science: apres qu'il eut profere quantitee de parolles mal articulee, et s'estre jette a plusieurs reprises dans le feu, d'ou il sortoit en siieur, et sans I'estre brule: on uit celle peau se gonfler, et se remplir de chair et prendre uie, courir entre les jambes des frangois, dont quelques uns de la compagnie I'ayant caressee et tastee, la trouua comme si s'auoit este une ueritable loutre. lors qu'un chaqu'un fut comtent elle retourna a la mesme place ou elle auoit pris uie, et on la uit desenfler et reuenir en la mesme forme quelle estoit auans. A lisle Dauphine lors que nous estions entoures des espagnols, et attendans de jour en jour du secours de franee; on uoulut sgauoir s'il estoit bientost prest d'arriuer, ce que Ion ne pouuoit cognoistre que par le moyen des sauuages que nous anions auec nous on les fit done jongler, ce qu'aj^ant fait, ils rapporterent qu'il y auoit cinq uesseaux qui arriueroint le lendemain dont il y en auoit trois gros et deux plus petits qui estoint charges de soldats dont un des petits n'arriueroit pas quant et quant les autres, parce qu'il s'estoit escarte et qu'il estoit encore loing, qu'ils seroint tons arriues le lendemain

S WANTON] CHOCTAW SOCIAL AND CEREMOlSTIALi LIFE 251 sur le soir, ce qui se trouua ueritable, car le lendemain a hiiit heures clu matin on decouurit le premier uesseau, et sur les trois ou quartre heures appres midy, tons les quatres moiiillerent a I'isle Dauphine, et le cinquieme ne se rendit que le lendemain. ils se medicamentent souuent de leurs chef, ils prennent des medecines dherbes, et de racinne de bois biiillie ensemble, qu'ils boiuent, et pour so faire uomir ils s'en foncent une plume dans le gozier ; quelques fois ils se font Slier : pour cet effet ils font une petite cabanne de quatre pieds de haut et de huit de tour qu'ils couurent de peau de boeuf et de couuerture, ils mettent dedans cinq ou six boulets rouges, sur les quels de temp en temp ils jettent un peu d'eau pour exciter la chaleur, ils s en ferment dans ce petit espace jusqu'a sept personnes, et lors qu'ils ont siic enuiron demy heure, ou trois quarts d'heure, ils sortent uiste de ce trou, et uont auec precipitation se jetter dan I'eau la plus fraische. je suis seur que ce remede n'a jamais este ordonne par aucun descendant d'Esculape. aussi, il est uray que la plus part de ces gens la meurent en langueur auec des douleurs p)ar tout le corps. Lors qu'un malade est prest de mourir le medecin le quitte et en aduertit ses parents, les asseurant qu'il n'en pent rechaper, alors les femmes uiennent luy lauer le corps, le peignent, luy matachent le uisage, I'habillent de toutes les hardes qu'il auoit les plus belles : et le couchent a terre sur la place qui est deuans sa porte: sa femme se couche sur son estomac, en pleurant, auec ses plus proches parents qui se couchent aussi sur luy, et qui I'etouffent, ils luy demendent douuien esce qu'il a faim de mourir, si il a manque de quelques chose, si sa femme ne I'aimoit pas bien, si il n'estoit pas bien concidere dans son uillage ; enfin ce malheureux patient est oblige de mourir malgre luy, ceux qui sont couche sur luy crient a tiie teste simaginant qu'il nentend pas, puis qu'il ne repond point outre Qa il y a des crieurs a gage qui pendant ce temp uiennent pleurer, ou plustost heurler en musique a coste du corps, deuans et appres sa mort. scitost qu'il est mort ses parents esleuent une espece de cabanne uis a uis sa porte, a six pieds de terre, sur six piquets, en forme de cercoeiiil, entoure de torch}^, et couuert d'ecorce dans quoy ils enferment ce corps tout habille, et qu'ils couurent d'une couuerture. ils mettent a menger et a boire a coste deluy, luy donnent des souliers de rechange, son fusil, de la poudre et des balles, ils dizent que c'est parcequ'il uat dans un autre pais, et qu'il est juste qu'il aye tout ce qu'il luy faut dans son uoyage, ils croyent que les guerriers uont faire la guerre dans lautre monde, et qu'un chaqu'un y fait le mesme exercice qu'il fesoit dans celuy cy. ce corps reste la dedans cinq ou six mois, jusqu'a ce qu'ils croyent qu'il soit poury ce qui donne une infection terrible dans la maison; au bout du quel temp tons les parents s'assemblent

250 BXJEEAU OF AMEEICAN ETHNOLOGY [Bull. 103<br />

II est seur que ces jongleurs parlent au demon, j'en ay uu un<br />

nombre d'exemples je uous en citeray trois. vn jour arriuans moy<br />

troisieme chez un nomme Belles dent chef des Naniabas, reuenant des<br />

Chicachas et manquant de tabac, j'en demenday a ce chef, le quel<br />

ayant foiiille dans son coffre pour m'en donner, ou il en auoit mis<br />

trois endoiiilles, il ne les trouua plus: il crut que c'estoit moy ou<br />

quelqu'un des frangois que j'auois qui luy anoint cache: mais<br />

ayant appris que non, je le uis s'abiller et se matacher comme si il<br />

alloit a une dance, appres quoy estant alle dans une pleine a une<br />

portee de fusil de la maison, nous le uisme charger sa pipe, battre le<br />

briquet, I'allumer, et la fumer en gesticulant beaucoup, coimne si il<br />

disputoit auec quelqu'un. lors qu'il I'eut fume a moitiee il nous sem-<br />

bloit qu'il donnoit a fumer a quelqu'un, sans cependant que<br />

nous uissions rein, si non qu'il tenoit sa pipe loing de luy,<br />

et la fumee qui sortoit a pelotons comme si quelqu'un eut fume,<br />

il reuint a nous ausitost, et nous dit tout en siieur, qu'il sgauoit celuy<br />

qui luy auoit pris, et continuant ses pas uers une cabanne uis a uis<br />

de la sienne, ou je le suiuis, il sautta au col d'un sauuage en luy<br />

demendant ses trois endoiiilles de tabac, qu'il luy auoit pris a telle<br />

heure de telle fagon enfin luy expliqua la maniere dont il s'estoit<br />

serui pour faire son uol. le pauure sauuage tout tramblant luy<br />

auoua son crime, et luy rendit son tabac.<br />

Les francois curieux de son sgauoir furent le trouuer, et le prierent<br />

moyenant recompence de leurs faire dancer la loutre. il prit sa<br />

blague qui estoit une peu de loutre dans la quelle il mettoit sa pipe<br />

et son tabac, qu'il jetta aumilieu d'une place ou le monde estoit<br />

assemble pour juger de sa science: apres qu'il eut profere quantitee<br />

de parolles mal articulee, et s'estre jette a plusieurs reprises dans le<br />

feu, d'ou il sortoit en siieur, et sans I'estre brule: on uit celle peau<br />

se gonfler, et se remplir de chair et prendre uie, courir entre les<br />

jambes des frangois, dont quelques uns de la compagnie I'ayant<br />

caressee et tastee, la trouua comme si s'auoit este une ueritable loutre.<br />

lors qu'un chaqu'un fut comtent elle retourna a la mesme place ou<br />

elle auoit pris uie, et on la uit desenfler et reuenir en la mesme forme<br />

quelle estoit auans.<br />

A lisle Dauphine lors que nous estions entoures des espagnols, et<br />

attendans de jour en jour du secours de franee; on uoulut sgauoir<br />

s'il estoit bientost prest d'arriuer, ce que Ion ne pouuoit cognoistre<br />

que par le moyen des sauuages que nous anions auec nous on les fit<br />

done jongler, ce qu'aj^ant fait, ils rapporterent qu'il y auoit cinq<br />

uesseaux qui arriueroint le lendemain dont il y en auoit trois gros<br />

et deux plus petits qui estoint charges de soldats dont un des petits<br />

n'arriueroit pas quant et quant les autres, parce qu'il s'estoit escarte<br />

et qu'il estoit encore loing, qu'ils seroint tons arriues le lendemain

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