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Photograph: Photolibrary, Corbis, Laurent Vautrin<br />

est un marécage fétide, totalement inadapté à la vision<br />

royale de jardins verdoyants dédiés aux arts. Il n’y a même<br />

pas une seule étendue d’eau naturelle pour refl éter le paysage,<br />

élément vital de l’architecture paysagère de l’époque.<br />

Néanmoins, le jardinier en chef du Roi, André Le Nôtre,<br />

ne se laisse pas décourager par le terrain inhospitalier. En<br />

quelques mois, il dessine des plans dignes d’un monarque<br />

et des escadrons de jardiniers, d’ouvriers et de fontainiers<br />

se mettent au travail. Des milliers de tonnes de terre sont<br />

déplacées, notamment pour créer le fameux Grand Canal. À<br />

un moment donné, 36 000 hommes sont sur le site. « Le roi<br />

voulait que les jardins symbolisent son pouvoir et montrent<br />

que même la nature devait lui obéir, dit Baraton. »<br />

Quatre siècles plus tard, le résultat laisse encore sans voix.<br />

Devant le château, les jardins à la française sont structurés<br />

avec une précision mathématique pour former un écrin<br />

végétal qui met en valeur les fontaines et les statues.<br />

Au-delà se dressent les plus petits châteaux du Grand et<br />

du Petit Trianon et, blotti au cœur de jardins plus sauvages,<br />

le romantique hameau de style normand dans lequel Marie-<br />

Antoinette jouait à la laitière. Aujourd’hui, le domaine<br />

s’étend sur environ 900 hectares.<br />

« Dans des jardins à la française, le jardinier est un<br />

architecte. Même les arbres n’ont pas le droit de pousser,<br />

explique Alain Baraton. Dans un jardin anglais romantique, le<br />

jardinier devient un poète qui crée une vision idéalisée de la<br />

nature avec de petits ruisseaux, des bancs et des recoins : un<br />

cadre propice à la fl ânerie ou au marivaudage.<br />

« Ainsi, si vous voulez séduire quelqu’un, vous<br />

ne l’emmenez pas dans un jardin à la française<br />

comme les Tuileries. C’est un couloir. »<br />

Louis XIV était si déterminé à montrer ses<br />

jardins sous leur meilleur jour à ses hôtes de<br />

marque qu’il a composé six promenades guidées.<br />

Ainsi, celle pour Marie-Béatrice d’Este, deuxième<br />

épouse du roi Jacques II d’Angleterre, a été<br />

composée pour le 19 juillet à 6 heures du soir.<br />

Le Nôtre, qui a dessiné de nombreux autres jardins<br />

The<br />

symmetrical<br />

motifs of<br />

the grand<br />

Orangerie<br />

Les motifs<br />

symétriques<br />

du Parterre de<br />

l’Orangerie<br />

célèbres, notamment Chantilly, demeure le jardinier français<br />

le plus reconnu. Si l’on entre aux Tuileries par la place de la<br />

Concorde, on peut admirer son buste observant les jardins.<br />

Et si Versailles attire les touristes du monde entier, ses<br />

splendeurs demeurent également très populaires auprès des<br />

Français. Une étincelle dans les yeux, Baraton remarque :<br />

« L’ironie, c’est que presque tous les Français se disent<br />

républicains alors que les monuments historiques auxquels<br />

ils sont le plus attachés sont des symboles de la royauté. »<br />

Après avoir créé une résidence royale à l’opulence<br />

sans égal, Louis XIV renforça son infl uence en mettant à<br />

contribution les plus grands esprits scientifi ques de l’époque.<br />

En 1666, il fonde l’Académie des Sciences, et Versailles<br />

devient un lieu d’échanges érudits avec des scientifi ques<br />

invités à la cour en tant qu’ingénieurs de l’armée ou de la<br />

marine ou précepteurs des princes. Cette relation étroite<br />

entre les cercles académiques et la cour se poursuivra durant<br />

les règnes de Louis XV et Louis XVI.<br />

METROPOLITAN 87

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