november-2010
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Photography: Paul Calver<br />
CONNECTION<br />
On était habitué à ces Britanniques venus couler en France des jours meilleurs. Mais qu’est-ce<br />
qui pousse un nombre record de Français à effectuer le trajet inverse ? Christian Koch<br />
a rencontré ces expatriés dans leur petit coin de France à Londres<br />
C’est un bien curieux langage qui s’échappe des<br />
bouches « piercées » de ces adolescents traînant ce soir dans<br />
Bute Street, à Londres. Entre deux bouteilles de cidre, ils<br />
évoquent leurs amis Lourdes Leon (la fi lle de Madonna) ou<br />
le fi ls Sarkozy… avant d’embrayer sur les folles exigences de<br />
leur lycée d’élite, qui pourraient bien leur valoir la porte.<br />
Quelle étrange engeance que ces ados précoces capables<br />
de passer en une seconde d’un anglais BCBG au français<br />
le plus raffi né ! C’est qu’ils sont, excusez du peu, élèves<br />
au Lycée français Charles de Gaulle de South Kensington.<br />
Non contents d’être des happy few scolarisés dans cet<br />
établissement 15 e au classement du Financial Times, ces<br />
jeunes privilégiés, rejetons d’expatriés français, évoluent<br />
dans un milieu social bouillonnant d’activité.<br />
Dans la journée, les cafés de Bute Street, dite « Frog<br />
Alley », vibrent d’une joie de vivre toute hexagonale. Ici, de<br />
jolies mamans papotent en terrasse derrière leurs lunettes<br />
Dior. Là, un commerçant vous salue d’un « Bonjour ! »,<br />
tandis qu’un homme d’affaires pressé passe, un exemplaire<br />
du Monde sous le bras : c’est le centre de la communauté<br />
française de Londres, forte de 300 000 expatriés.<br />
Les Français sont de plus en plus nombreux à tenter<br />
l’aventure londonienne, où ils forment l’équivalent d’une<br />
grande ville française. Leurs raisons sont multiples : marché<br />
de l’emploi en berne, population vieillissante et, attirés par<br />
les écoles internationales et l’accès rapide en Eurostar (deux<br />
heures seulement), ils ont découvert que Londres était très<br />
habitable. L’exode de jeunes diplômés est tel que Nicolas<br />
Sarkozy en personne tenta en 2007 d’exhorter ces « enfants<br />
de la France » à rentrer au bercail !<br />
Patricia Connell, fondatrice de franceinlondon.com, site<br />
de référencement des produits et services français à Londres,<br />
déclare : « Il y a cette idée qu’à Londres tout est possible pour<br />
qui est prêt à travailler dur. Certains sont mutés ici, d’autres<br />
viennent pour l’aventure. C’est un peu la ruée vers l’or. » Autre<br />
attrait majeur pour ces Français lassés d’un chômage à<br />
10,1 %, un marché de l’emploi britannique méritocratique :<br />
« En France le CV doit comporter photo et adresse. Certaines<br />
banlieues de Paris sont éliminatoires », dit Patricia Connell.<br />
Hamid Senni, 34 ans, aurait en effet beaucoup à dire sur<br />
les employeurs du pays. Malgré une scolarité exemplaire<br />
et de bons diplômes, le jeune homme franco-marocain ne<br />
METROPOLITAN 111