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Photography: Paul Calver<br />

CONNECTION<br />

On était habitué à ces Britanniques venus couler en France des jours meilleurs. Mais qu’est-ce<br />

qui pousse un nombre record de Français à effectuer le trajet inverse ? Christian Koch<br />

a rencontré ces expatriés dans leur petit coin de France à Londres<br />

C’est un bien curieux langage qui s’échappe des<br />

bouches « piercées » de ces adolescents traînant ce soir dans<br />

Bute Street, à Londres. Entre deux bouteilles de cidre, ils<br />

évoquent leurs amis Lourdes Leon (la fi lle de Madonna) ou<br />

le fi ls Sarkozy… avant d’embrayer sur les folles exigences de<br />

leur lycée d’élite, qui pourraient bien leur valoir la porte.<br />

Quelle étrange engeance que ces ados précoces capables<br />

de passer en une seconde d’un anglais BCBG au français<br />

le plus raffi né ! C’est qu’ils sont, excusez du peu, élèves<br />

au Lycée français Charles de Gaulle de South Kensington.<br />

Non contents d’être des happy few scolarisés dans cet<br />

établissement 15 e au classement du Financial Times, ces<br />

jeunes privilégiés, rejetons d’expatriés français, évoluent<br />

dans un milieu social bouillonnant d’activité.<br />

Dans la journée, les cafés de Bute Street, dite « Frog<br />

Alley », vibrent d’une joie de vivre toute hexagonale. Ici, de<br />

jolies mamans papotent en terrasse derrière leurs lunettes<br />

Dior. Là, un commerçant vous salue d’un « Bonjour ! »,<br />

tandis qu’un homme d’affaires pressé passe, un exemplaire<br />

du Monde sous le bras : c’est le centre de la communauté<br />

française de Londres, forte de 300 000 expatriés.<br />

Les Français sont de plus en plus nombreux à tenter<br />

l’aventure londonienne, où ils forment l’équivalent d’une<br />

grande ville française. Leurs raisons sont multiples : marché<br />

de l’emploi en berne, population vieillissante et, attirés par<br />

les écoles internationales et l’accès rapide en Eurostar (deux<br />

heures seulement), ils ont découvert que Londres était très<br />

habitable. L’exode de jeunes diplômés est tel que Nicolas<br />

Sarkozy en personne tenta en 2007 d’exhorter ces « enfants<br />

de la France » à rentrer au bercail !<br />

Patricia Connell, fondatrice de franceinlondon.com, site<br />

de référencement des produits et services français à Londres,<br />

déclare : « Il y a cette idée qu’à Londres tout est possible pour<br />

qui est prêt à travailler dur. Certains sont mutés ici, d’autres<br />

viennent pour l’aventure. C’est un peu la ruée vers l’or. » Autre<br />

attrait majeur pour ces Français lassés d’un chômage à<br />

10,1 %, un marché de l’emploi britannique méritocratique :<br />

« En France le CV doit comporter photo et adresse. Certaines<br />

banlieues de Paris sont éliminatoires », dit Patricia Connell.<br />

Hamid Senni, 34 ans, aurait en effet beaucoup à dire sur<br />

les employeurs du pays. Malgré une scolarité exemplaire<br />

et de bons diplômes, le jeune homme franco-marocain ne<br />

METROPOLITAN 111

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