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EN QUETE D'UN REEL LINGUISTIQUE IBI
l'enseignement elementaire varient peu depuis l'epoque de Quintilien.
Le gout de la compilation erudite fait negliger de se reporter aux
sources. L'absence de contact direct avec les chefs-d'reuvre classiques, Ie
defaut de perspective, Ie manque de sens historique sont les signes les
plus patents de la deperdition: les meilleurs esprits ne s'y peuvent
soustraire: ils reflechissent, non sur les textes, mais sur les commentaires
qu'ils commentent aleur tour; de commentaire en commentaire,
la pensee ainsi s'affadit et degenere 4.
Avec Priscien, l'antiquite entre definitivement dans l'epoque
medievale; Ie haut Moyen age est d'abord marque en Occident par un
mouvement de synthese, faisant suite a l'epoque d'experimentation
consecutive au transfert de la technographie grecque. La contribution
d'Isidore de Seville, tenu pour Ie mediateur privilegie du savoir antique.
est determinante: dans ses Etymologiae, il combine considerations
methodologiques et explications etymologiques, qui, dans I' optique
medievale, conduisent ensemble ala connaissance de la vraie nature des
choses. La grammaire carolingienne se caracterise par une double
reflexion: d'abord sur Ie corpus. ensuite sur la methode. Dans la
pratique, la grammaire d'Alcuin et ceUes des autres grammairiens
carolingiens se cantonnent aux cadres de la grammaire antique, sans
forger de notions nouvelles ni renouveler Ie dispositif de la grammaire.
La grammaire. qui dans l'antiquite est un art preparatoire a !'instruction
du rheteur ou a l'activite specialisee du philologue-commentateur,
reste integree, tout au long du Moyen age. a une education plus
generale, ou la maitrise de la langue ecrite joue un role central:
l'insertion de la grammaire dans Ie trivium permet d'envisager la
grammaire comme une science. ayant pour objet les categories
grammaticales (du latin) et preparant aux principales disciplines
universitaires.
Le Moyen age occidental voit l'essentiel de l'enseignement a travers
une orientation logique. Aux XIII" et XI ye siecles. les deux exercices
fondamentaux sont: d'une part. rexpositio. par lequel Ie maitre
commente un texte, avant tout les reuvres d'Aristote et particulierement
ses traites de logique, mettant en lumiere les arguments sur lesquels
l'auteur appuie sa these, avant d'etudier ces arguments eux-memes, les
decomposant, les divisant, remontant ainsi jusqu'a leurs elements
derniers: d'autre part.la disputatio. OU Ie texte etudie devient l'occasion
d'une discussion, Ie maitre choisissant une proposition de l'auteur.
examinant les arguments en sa faveur, y indus ceux auxquels l'auteur
n'avait pas songe. Un tel enseignement se soucie peu de la forme et de
4 P. Courcelle. Les lettres grecques en Occident de Macrobe a Cassiodore.
Paris. editions de Boccard. 1943.