OUSEION - Memorial University's Digital Archives Initiative ...
OUSEION - Memorial University's Digital Archives Initiative ... OUSEION - Memorial University's Digital Archives Initiative ...
PASCALE HUMMEL chronologie. Ce n'est qu'une fois depasse Ie stade de la litterature latine elle-meme. a la fin de l'antiquite, que la philologie latine prend en charge synthetiquement l'ensemble des textes grecs et latins legues par l'antiquite classique dans sa totalite. Les scholiastes et exegetes latins commentent les ceuvres latines, de la meme maniere - sous une forme toutefois plus elaboree et developpee - que les scholiastes grecs prenaient en charge les ceuvres grecques de leur propre tradition linguistique. Les commentateurs latins etudient plus volontiers les macrostructures (c'est-a-dire la syntaxe et le style). quand les Grecs s'attachaient aux microstructures (a savoir principalement Ie lexique). Cette remarque s'applique avant tout aux textes pris comme un tissu coherent de sens, que les philologues s'emploient a decoder. Les mots et les structures de la langue sont presents dans les textes d'une maniere pour ainsi dire implicite. Le savoir relatif a la langue. grecque d'abord. latine ensuite, se construit parallelement a l'etude des ceuvres qui en sont l'expression. Ce savoir grammatical ne precede pas les ceuvres: il en decoule. Aristophane de Byzance. par exemple. en meme temps qu'il commente les poemes homeriques. en inventorie Ie vocabulaire, d'ou il tire notamment un lexique, dont il ne reste presque rien. En l'absence de traces et de preuves pour l'antiquite reculee, sauf dans Ie domaine asiatique, la forme que prit la grammaire aux commencements de la Grece est purement conjecturale : Ie travail des philologues alexandrins prolonge de toute evidence une tradition immemoriale. indirectement attestee par Homere. d'une etude de la langue principalement correlee a la pratique pedagogique. et ce longtemps sous une forme essentiellement orale. La philologie, comme l'illustrent originellement les scholies. satisfait fondamentalement un besoin d'inte.lligibilite personnel et collectif. ainsi que l'imperatif pedagogique de l'explication et de la transmission. En definitive. Ie philologue ancien ne vise pas une construction holistique ou originale du passe qui lui parvient a travers les textes. Sa tache est plus immediate et pragmatique : il commente des textes, qu'il explique a des eleves ou consulte simplement a des fins personnelles. Certes Ie Musee d'Alexandrie apparait comme un centre de conservation et d'etude entierement devolu a l'etude du passe. Mais rien dans les realisations ecrites des philologues ne releve d'une mise en forme theorique ou sommative du legs antique. Leur tache est celie du bibliothecaire-philologue et non du theoricien, du commentateur et non de l'historien. Les textes sont Ie but autant que le materiau : la philologie trouve pour ainsi dire en eux sa verite immanente. Les grammairiens alexandrins, qui travaillaient a amender les textes classiques. etaient guides par Ie souci de conserver intact Ie patrimoine spirituel de leurs aines. La finalite principale de la grammaire etait l'exegese des poetes.
EN QUETE D'UN REEL LINGUISTIQUE I79 ou l'etude de la prosodie et des figures de rhetorique tenait une place essentielle. Meme si. des les premiers temps de la science philologique. les savants manifesterent de la curiosite pour la question de l'origine. les recherches dans ce domaine resterent vaines ou leurs conclusions sans effet aussi longtemps que les grammairiens se limiterent a. l'etude d'un seul idiome ou de leur seule langue maternelle. Le reel du philologue ancien est d'abord et tout entier textuel ; Ie reel du gramrnairien est un produit derive: la connaissance de la langue decoule de l'etude des textes, c'est-a.-dire de la langue en contexte. La philologie est premiere, la grammaire seconde ; et, par commodite de langage, Ie mot philologie finit par englober les deux. De la periode romaine de la philologie on peut dire qu'elle fut plus grammaticale que philologique, en tout cas que les Latins approfondirent la dimension grammaticale de la philologie en lui conferant une autonomie epistemologique. Autrement dit, l'enchainement des etapes peut se resumer ainsi : (I) commentaire exegetique et grammatical des textes. (2) constitution paralleIe d'un savoir grammatical proprement dit. (3) autonomisation de ce savoir grammatical. Dire que la grammaire derive de la philologie serait inexact; tout aussi juste (ou inexact) serait de dire que la philologie derive de la grammaire. Le partage des acquis d'une part et la transmission des connaissances requise par la pedagogie d'autre part montrent la maniere dont grammaire et philologie meIent, voire confondent. leur trajectoire tout au long de l'histoire de la tradition. Privilegier un versant plutot qu'un autre est en definitive une simple question de point de vue: soit 1'0n considere, en quelque sorte pour elle-meme, l'appropriation des CEuvres par Ie commentaire perpetuel 3 , OU se succedent au fil du temps les mains de plusieurs generations de scholiastes et de philologues. soit I'on s'interesse au contenu de l'exegese et a. son caractere grammatical. D'un cote Ie paratexte exegetique, de l'autre l'hypertexte. en quelque sorte, des elements de connaissance constitues en savoir autonome, a. savoir par exemple l'organisation des lemmes et des gJossai en lexique. La double demarche de la deduction et de l'induction rend compte de cette construction ou reconstruction d'un reellinguistique par la philologie : en expliquant, Ie philologue deconstruit ; en organisant la matiere de son explication. il construit. L'intelligence du philologue-grammairien est empathique: elle se moule sur Ie texte a. comprendre : l'intelligence du grammairienphilologue est analytique-synthetique. En alliant deconstruction et reconstruction, la philologie propose la construction originale d'un reel linguistique. Elle s'exerce dans Ie va-et-vient entre Ie modele a. com- 3 Commentaries - Kommentare. ed. G. W. Most, Gottingen. Vandenhoeck & Ruprecht. 1999.
- Page 31 and 32: Mouseion. Series III, Vol. 4 (2004)
- Page 33 and 34: "GOODBYE TO ALL THAT" 129 This is t
- Page 35 and 36: "GOODBYE TO ALL THA T" 13 1 world o
- Page 37 and 38: "GOODBYE TO ALL THAT" 133 an entire
- Page 39 and 40: "GOODBYE TO ALL THAT" 135 vatic sta
- Page 41 and 42: "GOODBYE TO ALL THAT" 137 ab humana
- Page 43 and 44: "GOODBYE TO ALL THA T" I39 triguing
- Page 45: "GOODBYE TO ALL THA T" such as Call
- Page 49 and 50: Mouseion, Series III, Vol. 4 (2004)
- Page 51 and 52: FEMALE AND DWARF GLADIATORS 147 esp
- Page 53 and 54: FEMALE AND DWARFGLADIATORS 149 Unli
- Page 56 and 57: STEPHEN BRUNET dwarfs fight separat
- Page 58 and 59: [54 STEPHEN BRUNET I. Historical Re
- Page 60 and 61: STEPHEN BRUNET the women involved t
- Page 62 and 63: STEPHEN BRUNET in fact, if Manius w
- Page 64 and 65: 160 STEPHEN BRUNET Juvenal was not
- Page 66 and 67: 162 STEPHEN BRUNET debase themselve
- Page 68 and 69: STEPHEN BRUNET them as mockeries of
- Page 70 and 71: 166 STEPHEN BRUNET carnassus or som
- Page 72 and 73: 168 STEPHEN BRUNET pIe. did not dec
- Page 74: 170 STEPHEN BRUNET about the use of
- Page 78 and 79: 174 PASCALE HUMMEL voit egalement l
- Page 81: EN QUETE D'UNREEL LINGUISTIQUE 177
- Page 85: EN QUETE D'UN REEL LINGUISTIQUE IBI
- Page 88 and 89: PASCALE HUMMEL tique : la philologi
- Page 90 and 91: 186 PASCALE HUMMEL epistemologique
- Page 93 and 94: EN QUETE D'UN REEL LINGUIST/QUE 189
- Page 95 and 96: BOOKREVIEWS/COMPTES RENDUS CLAUDE C
- Page 97 and 98: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 193 the
- Page 99 and 100: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 195 is
- Page 101: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 197 oth
- Page 105: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 201 rel
- Page 110 and 111: 206 BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS com
- Page 112 and 113: 208 BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS agg
- Page 114 and 115: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS sumably
- Page 117 and 118: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 213 Pla
- Page 119 and 120: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 2I5 to
- Page 123 and 124: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 219 of
- Page 126 and 127: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS impreci
- Page 128 and 129: 224 BOOK REVIEWS/COMPTES ENDUS A so
- Page 131 and 132: BOOK REVIEWS/COMPTES RENDUS 227 tra
PASCALE HUMMEL<br />
chronologie. Ce n'est qu'une fois depasse Ie stade de la litterature latine<br />
elle-meme. a la fin de l'antiquite, que la philologie latine prend en<br />
charge synthetiquement l'ensemble des textes grecs et latins legues par<br />
l'antiquite classique dans sa totalite. Les scholiastes et exegetes latins<br />
commentent les ceuvres latines, de la meme maniere - sous une forme<br />
toutefois plus elaboree et developpee - que les scholiastes grecs<br />
prenaient en charge les ceuvres grecques de leur propre tradition<br />
linguistique. Les commentateurs latins etudient plus volontiers les<br />
macrostructures (c'est-a-dire la syntaxe et le style). quand les Grecs<br />
s'attachaient aux microstructures (a savoir principalement Ie lexique).<br />
Cette remarque s'applique avant tout aux textes pris comme un tissu<br />
coherent de sens, que les philologues s'emploient a decoder. Les mots et<br />
les structures de la langue sont presents dans les textes d'une maniere<br />
pour ainsi dire implicite.<br />
Le savoir relatif a la langue. grecque d'abord. latine ensuite, se<br />
construit parallelement a l'etude des ceuvres qui en sont l'expression.<br />
Ce savoir grammatical ne precede pas les ceuvres: il en decoule.<br />
Aristophane de Byzance. par exemple. en meme temps qu'il commente<br />
les poemes homeriques. en inventorie Ie vocabulaire, d'ou il tire<br />
notamment un lexique, dont il ne reste presque rien. En l'absence de<br />
traces et de preuves pour l'antiquite reculee, sauf dans Ie domaine<br />
asiatique, la forme que prit la grammaire aux commencements de la<br />
Grece est purement conjecturale : Ie travail des philologues alexandrins<br />
prolonge de toute evidence une tradition immemoriale. indirectement<br />
attestee par Homere. d'une etude de la langue principalement correlee a<br />
la pratique pedagogique. et ce longtemps sous une forme essentiellement<br />
orale. La philologie, comme l'illustrent originellement les scholies.<br />
satisfait fondamentalement un besoin d'inte.lligibilite personnel et<br />
collectif. ainsi que l'imperatif pedagogique de l'explication et de la<br />
transmission. En definitive. Ie philologue ancien ne vise pas une<br />
construction holistique ou originale du passe qui lui parvient a travers<br />
les textes. Sa tache est plus immediate et pragmatique : il commente des<br />
textes, qu'il explique a des eleves ou consulte simplement a des fins<br />
personnelles. Certes Ie Musee d'Alexandrie apparait comme un centre<br />
de conservation et d'etude entierement devolu a l'etude du passe. Mais<br />
rien dans les realisations ecrites des philologues ne releve d'une mise en<br />
forme theorique ou sommative du legs antique. Leur tache est celie du<br />
bibliothecaire-philologue et non du theoricien, du commentateur et non<br />
de l'historien. Les textes sont Ie but autant que le materiau : la philologie<br />
trouve pour ainsi dire en eux sa verite immanente. Les grammairiens<br />
alexandrins, qui travaillaient a amender les textes classiques. etaient<br />
guides par Ie souci de conserver intact Ie patrimoine spirituel de leurs<br />
aines. La finalite principale de la grammaire etait l'exegese des poetes.