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EN QUETE D'UNREEL LINGUISTIQUE 177
que, tout comme Eratosthene - qui fut Ie premier a revendiquer ee
surnom - il fut repute pour ses connaissanees nombreuses et variees.
Dans le Tableau des progres de la science grammaticale (1796), F.
Thurot souligne que les grammairiens anciens joignaient a la eonnaissance
approfondie de la langue une eonnaissance relativement
etendue sur un grand nombre d'autres sujets ayant avec elle des
rapports plus ou moins eloignes. Chez les Latins, explique-t-il, Ie maitre
de grammaire etait charge de donner a ses eleves les premiers elements
de la rhetorique ou de l'art oratoire, comme l'observe Quintilien. qui
reproche aux rheteurs latins d'avoir neglige leur profession en donnant
lieu a une usurpation que les rheteurs grecs n'avaient jamais eonnue.
Un grammairien. ehez les anciens, etait donc veritablement un litterateur
philosophe: aussi Ie distinguait-on du simple grammatiste, charge
specialement de donner aux enfants la connaissance des lettres. et de
leur enseigner la classification des parties oratoires 2.
A Rome done, pour reprendre la jolie formule de S. Reinaeh, il y
avait tout a faire, une litterature et une langue litteraire. a quoi on
pourrait ajouter : et une science aussi. La philologie ne naquit pas a
Rome. et la grammaire non plus. Les Romains, au sens Ie plus neutre du
terme. sont des heritiers: leur tache en la matiere fut autre que eelle de
leurs devanciers. Les Romains eonstruisirent leur identite par reference
aux Crees. sur la base de la tradition hellenique qui les preeedait. Les
grammairiens romains s'appuyerent sur une base theorique et
methodique deja existante, mais leur situation fut en quelque sorte
compliquee par la force de la tradition grecque et la neeessite de suivre
Ie modele existant. meme dans les cas OU la structure du latin exigeait
une approche differente.
Avec les Latins et la langue latine, la philologie devient bilingue. A
!'idee de la tradition eomme relais. continuite historique. transmission
des acquis d'une epoque a la suivante, s'ajoute avec Rome l'idee de
traduction. La philologie romaine est la transposition. voire la traduction.
de la philologie grecque. Le decalage historique entre les deux
cultures represente en l'occurrenee un element non negligeable. Les
deux histoires ne sont pas synchrones: l'histoire romaine prolonge
l'histoire grecque et lui fa