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portant sur leur rareté, leur qualité, la spéculation, etc. Haaning procède, à l’inverse,
presque toujours par soustraction, retrait, ou déplacement, au détriment de la
valeur ajoutée. La gratuité, est par ailleurs, dans ce cas particulier, ambiguë —
c’est une faveur et, de ce fait, elle peut être interprétée comme une offre condescendante
: l’entrée libre est ce que l’on accorde généralement aux gens défavorisés
(handicapés, personnes âgées, ou enfants en bas-âge...). Si le projet de Haaning
n’énonce rien sur les étrangers à proprement parler, il en dit ainsi plus, en creux,
sur la manière dont les étrangers sont considérés au sein de la société. Par ailleurs,
la piscine est un lieu emblématique de l’être-ensemble, et non un espace destiné
à la délectation esthétique solitaire, comme dans un centre d’art. Un être-ensemble
problématique dans le cas des immigrés (par où également Foreigners Free n’est
pas destiné aux seuls étrangers), dont le statut, dans la plupart des pays européens,
fait l’objet de débats violents impliquant des sous-entendus xénophobes — une
question de frontières, là encore, la xénophobie relevant moins de la peur de
l’étranger en tant que tel que de la peur de la violation d’un espace protégé par une
frontière. Par ailleurs, la possibilité de bénéficier de l’entrée gratuite suppose
encore d’accepter de se représenter soi-même comme étranger. Il est nécessaire
d’intérioriser au préalable cette catégorie, qui est loin d’aller de soi dans les sociétés
occidentales, où cette notion relève d’une jurisprudence perpétuelle plutôt que du
droit positif. Qui est étranger et qui ne l’est pas? La proposition de Haaning
interroge par détour la constitution de cette idée-même d’étrangeté.
Super Discount (Fribourg, Fri-Art, 1998) et Travel Agency (Galerie Mehdi Chouakri,
1997) étaient également des projets s’articulant autour de la notion de " valeur " et
de sa détermination. Travel Agency utilisait l’art, avec ses particularités juridiques
(en l’occurence, les abattements fiscaux qui lui sont accordés) comme un moyen, et
non comme une fin, déniant là encore l’idée d’une réception esthétique désintéressée
de l’objet d’art. Le projet consistait à proposer des billets d’avion réels
comme objets d’art, en les vendant moins cher que ne l’aurait fait une agence de
voyage, du fait de la différence de taxation existant en Allemagne sur ce type de
produits d’une part et sur les objets d’art d’une autre. Ce jeu sur la différence de
fonctionnement de mondes a priori séparés était également au principe de Super
Discount, projet pour lequel le centre d’art Fri-Art avait été provisoirement transformé
en supermarché vendant de la nourriture et divers types de produits importés 35%
moins cher que dans les supermarchés locaux, tout le budget de l’exposition ayant été
investi dans l’importation de ces mêmes produits de la France voisine.
A de Vleesal (Middelburg Summer 1996), Jens Haaning avait déplacé entièrement
(infrastructures et personnel) une usine de production textile à l’intérieur de la