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interview La sécurité, un numéro d’équilibriste! Le funambule suisse Freddy nock détient plusieurs records du monde et émerveille régulièrement le public avec des performances à couper le souffle. toutefois, il ne considère pas que son art lui fasse courir de si grands risques. Stefan Kühnis est journaliste indépendant RP, spécialiste des questions de sécurité. vous vous trouvez toujours de nouveaux défis à relever et prenez alors énormément de risques. Quelle a été la situation la plus risquée que vous ayez vécue sur un fil? En réalité, aucune. Bon, il faut dire que plus jeune, je prenais souvent de gros risques. A l’âge de 22 ans, je suis tombé de la corde en faisant mon numéro. Je m’étais trop concentré sur une belle dame dans le public. Par chance, je ne suis pas tombé de haut. A l’époque, j’étais un vrai dingue qui voulait tout essayer. Aujourd’hui, j’exagère certes encore un peu, mais j’ai la technique nécessaire. Tout ce que je fais maintenant est le fruit d’un entraînement énorme et ciblé – également dans le but de pouvoir me réceptionner en cas d’accident. J’anticipe beaucoup plus et essaie d’être préparé à toutes les éventualités, en restant toujours calme. De nouvelles situations se présentent régulièrement, et il faut toujours les analyser entièrement à chaque fois. n’y pensiez-vous jamais avant cette chute? Si, bien sûr, tout être humain pense à cela. Mais la première fois qu’il se passe réellement quelque chose, il y a deux solutions: continuer d’avoir peur – ou vouloir faire mieux. Depuis ma chute, je sais mieux de quoi je suis capable, jusqu’où je peux aller et quand je dois m’arrêter. Avez-vous eu d’autres accidents? Oui, beaucoup. Récemment, je suis tombé de moto dans la sphère de la mort. Je me suis ouvert le doigt, il a fallu opérer. Mais je ne suis pas douillet. Depuis ma plus tendre enfance, j’ai appris à toujours continuer, même quand ça fait mal. Et je sais alors parfaitement en faire abstraction. Une entorse au pied ou une hyperextension des ligaments ne m’arrête pas. Après une intervention au niveau des disques intervertébraux, j’étais déjà totalement opérationnel après sept semaines au lieu de douze. Mais je sais aussi quand je dois effectivement laisser guérir une blessure. Mon corps me le dit assez clairement. 34 Sicherheit Sécurité Sicurezza 2012_1 Malgré ces accidents, vous ne vous sécurisez toujours pas sur le fil? C’est ce genre de mesures de sécurité qui sont à l’origine de très nombreux accidents. Je tiens cela de mes grands-parents et de mes parents. Je deviens moins prudent, je dois compter sur d’autres personnes et je suis moins centré sur moi-même. C’est la raison pour laquelle je me sens beaucoup plus en sécurité… sans sécurité! votre perception du risque diffère-t-elle d’un jour à l’autre? La condition physique modifie le risque naturellement, et je le prends en considération. Avec de la concentration et une certaine force mentale, je peux compenser ces facteurs. Malgré tout, il y a eu des situations où j’ai dû avouer plus tard qu’en fait, j’aurais dû tomber. Il s’agit chaque fois de valeurs empiriques très importantes, qui me donnent un sentiment encore plus précis et me permettent d’évaluer encore mieux le risque. Mon intuition est entre-temps devenue très fiable. Quand une petite voix me dit que quelque chose ne va pas, je réagis en conséquence. vous avez une famille, une femme et des enfants. est-ce que cela influence votre perception du risque? En fait, non. Quand je suis sur le fil, je suis totalement concentré. Les disputes au sein de l’équipe, les discussions familiales, les personnes dans le public – je peux complètement en faire abstraction aujourd’hui. Mais le partenariat est très important; inconsciemment, il peut fortement influencer mon comportement. Utilisez-vous des informations telles que des mesures du vent ou autres, pour mieux évaluer votre situation et les risques? Il ne s’agit que de valeurs empiriques. Je ne reçois aucune donnée météorologique lorsque je suis sur le fil, mais je peux ensuite en tirer des conclusions. Sur le Säntis, à l’époque, le vent était de 120 km/h, et j’avançais parfois avec des forces atteignant les 60 ou 70 km/h. Sur la Zugspitze, il y a eu des rafales jusqu’à 50 km/h, ces bourrasques étaient un nouveau défi. Sur la Jungfrau, le vent était encore plus fort, si bien que ma prestation a été annulée. Je ressentais clairement ces pointes, et je sais maintenant quand le vent est trop fort et que je dois rester au sol. Lorsque vous vous préparez, pensez-vous également aux imprévus? Par exemple, un tremblement de terre ou la chute d’un rocher, qui pourrait détendre ou faire bouger votre fil? Je ne pense pas à cela. Je peux m’entraîner à me tenir au fil en cas de chute. Je peux me demander si j’utilise des mesures de sûreté ou pas. Mais si la terre tremble et que je suis sur le fil à ce moment-là, tant pis. Ce sera le destin. Comment gérez-vous le risque financier de vos projets? Tout coûte de l’argent et sans mes sponsors, la plupart de ces projets seraient irréalisables. Même en matière d’assurances, mon activité est un thème complexe et trouver de bons sponsors dans ce domaine est un vrai défi. Pendant vos loisirs, vous aimez faire de la moto – une activité qui comporte également des risques. Affrontez-vous les risques de la route de la même façon que ceux du fil? Je roule en Harley-Davidson. C’est une moto plutôt calme et sûre. De nombreux accidents se produisent avec des bolides, et parce que le conducteur s’est surestimé. L’âge que j’ai et cette machine plutôt lourde font que les risques sont considérablement réduits. Préférez-vous travailler seul ou avec des partenaires? Je pense être un bon professeur et j’aime travailler avec les autres. Mais mon interlocuteur doit également pouvoir accepter mes conseils. Ces dernières années, j’ai été en tournée avec trois partenaires différents. La collaboration n’a pas fonctionné avec deux d’entre eux. Il y a eu des accidents qui ne se seraient tout simplement pas produits si ces personnes m’avaient fait confiance. Avec le troisième partenaire, tout a parfaitement fonctionné, jusqu’à ce qu’il tombe dans l’alcool. Il est alors impossible de compter l’un sur l’autre, et le risque augmente. C’est la raison pour laquelle en ce moment je préfère être seul en tournée. Quel est votre prochain projet? Les personnes aveugles me fascinent et j’envisage de faire quelque chose les yeux bandés. J’aimerais savoir si les aveugles pourraient marcher sur un fil. Mais la vue est extrêmement importante, notamment pour acquérir les techniques. Les bruits qui courent concernant votre peur de l’avion sont-ils fondés? J’ai réellement peur de l’avion. D’une avarie de moteur, d’une erreur du mécanicien ou du pilote.
Je ne peux pas contrôler le risque moi-même, je ne peux pas l’évaluer moi-même. Sur le câble, je ne pense jamais à ce qui se passerait si je tombais. Mais en avion, toujours. J’ai peur aussi des requins. Ces histoires d’attaques de requins me font froid dans le dos. Je fais tellement de choses dingues, je ne voudrais vraiment pas être dévoré par un requin! W Expertise Swissi en gestion intégrée des risques et GCA [gestion de la continuité des affaires] W Vaste expérience en matière de conseil, concepts, accompagnement de la mise en œuvre W Cours principal (n°1991) de trois jours en Business Continuity Management [gestion de la continuité des affaires], 7–8 novembre 2012, préparation à l’examen d’obtention du diplôme de «Business Continuity Manager SWISSI» W Cours principal (n°1911) de six jours en gestion intégrée des risques, 5–7 février, 12–14 mars 2013, préparation à l’examen d’obtention du diplôme de «Risk Manager CFPA-E» W Infos: marketing@swissi.ch, tél. 044 217 43 33 Alfredo «Freddy» nock, 47 ans, vient de la famille du cirque suisse nock. il a fait ses premiers pas sur un fil à l’âge de quatre ans, et commencé le funambulisme à onze. Depuis la fin des années nonante, Freddy nock s’est fait un nom en battant plusieurs records du monde. il a par exemple marché sur 734m de câble du téléphérique de la Signalbahn à St-Moritz, sur 1222,7 m de celui du Säntis, sur 900m audessus du Lac de Zurich ou encore en 90 minutes au sommet de la Zugspitze. Photo: Nik Spoerri W Inscription aux cours principaux via www.swissi.ch/fr/formation ou risktraining@swissi.ch Sicherheit Sécurité Sicurezza 2012_1 35
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