29.01.2013 Aufrufe

Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

MEHR ANZEIGEN
WENIGER ANZEIGEN

Sie wollen auch ein ePaper? Erhöhen Sie die Reichweite Ihrer Titel.

YUMPU macht aus Druck-PDFs automatisch weboptimierte ePaper, die Google liebt.

Cécile Jahan<br />

exploiter et <strong>in</strong>terpréter. Néanmo<strong>in</strong>s, il existe des pratiques évaluatives de type différent. On<br />

pense par exemple aux documents élaborés par les organismes de promotion du français et<br />

de l’allemand, aux rapports au Parlement qui, en France, de manière annuelle, font le po<strong>in</strong>t<br />

sur l’application de la loi de 1994, etc. Une autre forme de pratique évaluative renvoie aux<br />

jugements portés sur une action. Ceux-ci, formulés dans les discours, peuvent être produits par<br />

les <strong>in</strong>itiateurs des actions eux-mêmes (les responsables politiques), les milieux associatifs et<br />

militants, les « experts » observateurs (sociol<strong>in</strong>guistes, économistes, sociologues, etc.) ou plus<br />

largement par la « société civile ». L’entrée par les discours nous semble ici pert<strong>in</strong>ente dans la<br />

mesure où elle permet de faire ressortir les représentations sociales que les locuteurs ont sur<br />

les langues. Les représentations sociales, saisies au travers du discours épi- ou métal<strong>in</strong>guistique,<br />

<strong>in</strong>stitutionnel, etc. deviennent a<strong>in</strong>si un cadre de comparaison ou de possible comparaison entre<br />

deux entités par le biais d’une matrice de valeur ou d’unité adéquate (P.Sériot (1997) parle ici<br />

de « commensurabilité »). L’entrée par les discours implique alors de prendre en compte les<br />

discours tenus sur les autres langues en contact avec la langue nationale (langues « partenaires »<br />

dans les pays membres de la Francophonie, langues régionales, etc.). En effet, la majoration<br />

d’une langue ne prend son véritable sens que lorsque l’on compare les mots qui sont utilisés<br />

pour parler de cette langue avec ceux qui s’en réfèrent aux autres langues.<br />

En outre, quel que soit le mode évaluatif, il se pose le problème du choix des critères sur<br />

lesquels s’appuie l’évaluation, qu’elle soit <strong>in</strong>stitutionnelle, semi-offi cielle ou qu’elle relève<br />

d’un jugement de valeur. Lorsque l’on considère que la loi Toubon contribue à majorer le<br />

français, sur quels critères s’appuie-t-on et qu’est-ce qui est majoré ? Pour garder cet exemple,<br />

Jacques Toubon ne cachait pas qu’il s’agissait pour lui d’une « loi d’état d’esprit ». Elle s’est<br />

dans les faits avérée comme telle et non pas comme une véritable action de terra<strong>in</strong>. En effet,<br />

avant cette loi, la plupart des activités publiques se déroulaient déjà en français, la loi n’a<br />

fait en somme que formuler une norme déjà appliquée. En ce sens, elle ne contribue pas<br />

réellement à renforcer la langue nationale, mais davantage à créer un « ordre l<strong>in</strong>guistique »<br />

légal en France. Selon J.-M. Eloy, la loi de 1994 ne vise pas à majorer le status de la langue,<br />

mais à montrer que le gouvernement agit, qu’il se soucie de la langue nationale. De la même<br />

manière, les actions de promotion du français engagées dans le cadre de la Francophonie<br />

servent fi nalement à rassurer le citoyen français sur la grandeur de son pays et à montrer que<br />

l’Etat veille à préserver cette grandeur.<br />

La question de l’évaluation pose a<strong>in</strong>si également celle des objectifs d’une action.<br />

L’exemple de la Francophonie montre que les enjeux ne sont pas strictement l<strong>in</strong>guistiques mais<br />

davantage politiques, économiques, idéologiques. Pour l’Allemagne, les actions de promotion<br />

et les discours en faveur de l’allemand et de son <strong>in</strong>fl uence <strong>in</strong>ternationale ne s’<strong>in</strong>scrivent pas<br />

seulement dans une logique de défense, de protection, de renforcement, voire de revitalisation<br />

d’une culture et d’une langue, elles sont aussi et surtout des actions pour les « <strong>in</strong>térêts vitaux »<br />

de l’Etat-nation (Eloy, 1997 :18).<br />

Ce n’est ici ni le lieu ni l’espace pour développer de manière plus approfondie la question<br />

de l’évaluation d’une politique l<strong>in</strong>guistique en lien avec ses objectifs. Pourtant, cette<br />

contribution veut montrer à quel po<strong>in</strong>t elle est importante dès lors que l’on s’<strong>in</strong>téresse aux<br />

effets d’une action visant une ou des langues. Dans le champ discipl<strong>in</strong>aire qui est le nôtre, la<br />

sociol<strong>in</strong>guistique, elle a déjà suscité quelques réfl exions qui méritent qu’on y porte attention.<br />

432<br />

Multil<strong>in</strong>gualism.<strong>in</strong>db 432 4-12-2006 12:29:30

Hurra! Ihre Datei wurde hochgeladen und ist bereit für die Veröffentlichung.

Erfolgreich gespeichert!

Leider ist etwas schief gelaufen!