Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Sofi a Stratilaki
plurilinguistiques pour organiser certaines activités langagières ‘‘je voyais ces langues toujours
comme parallèles mais strictement séparés en même temps’’ ou encore pour résoudre
une panne lexicale ainsi qu’un problème d’intercompréhension, comme le témoignent les
séquences suivantes : ‘‘lorsqu’il me manque un mot en allemand mais que je le sais en français
je change la langue’’, ‘‘ce sont souvent des trous de mémoire dans une langue, ce sont souvent
complétés par des mots de l’autre’’ ou même ‘‘si l’on veut être compris par les autres’’. C’est
ainsi que lorsque l’apprenant tente de combler ses lacunes, il met en œuvre une compétence
procédurale, c’est-à-dire des stratégies heuristiques lui permettant de communiquer en dépit
de moyens insuffi sants, autrement dit, de communiquer en dépassant les limites de ses moyens
langagiers. La description de ces moyens est décomposée en une série d’énoncés, chaque
énoncé pouvant être interprété seul ou pouvant contribuer à l’enrichissement des autres
énoncés. À ce propos, nous remarquons l’emploi des pronoms démonstratifs, des répétitions de
substantifs ou même des particules d’articulation ou d’opposition permettant d’incorporer des
descriptions qui varient selon la longueur de l’énoncé (pour prendre un exemple, nous pouvons
ici citer les particules mais, si). En ce sens, les éléments s’enchaînent selon une succession
dans laquelle un objet de discours est d’abord repéré, puis devient à son tour repère pour
l’objet suivant à repérer. Cette ‘‘orientation’’ obéit aux exigences de l’activité discursive,
qui est de déployer plusieurs procédures (dont les quatre qu’on a citées supra) pour assurer
la cohérence du discours. En ce qui concerne les propriétés de chaque procédure, toujours en
relation avec les différents niveaux d’organisation du discours, il nous semble que celles-ci
sont ici présentées comme se constituant localement au fi l de la production discursive, et donc
comme étant fl exibles et malléables à tout moment.
Nous remarquons, par le biais de cette analyse, que les représentations des apprenants francoallemands
sur leur compétence plurilingue impliquent des conduites stratégiques permettant
un fonctionnement plus ou moins constant de la communication et, de ce fait, garantissant un
accès prioritaire et continu au sens. Par de telles pratiques de gestion des langues, la question
des ressources plurilinguistiques se trouve immédiatement appariée à celle des représentations
qui y sont liées. En d’autres termes, les ressources langagières ne forment pas chez l’apprenant
un ensemble homogène, cohérent et stabilisé, mais plutôt complexe fondamentalement
dynamique non exempt de fl uctuations et de circulations. II est ainsi en constante redéfi nition
et re-structuration, ce qui permet d’assurer l’effi cacité de la communication dans l’activité
langagière, comme le fait justement remarquer B dans la réfl exion suivante ‘‘je pense que la
langue choisie dépend aussi de l’entourage ou même si l’on veut être compris par les autres
dans ce cas là on utilise l’autre langue, les deux techniques sont complémentaires en fait’’.
Pour clore cette analyse, on peut remarquer que les ressources langagières sont confi gurées de
façon complexe et qu’elles sont méthodologiquement construites en relation avec les visées
des activités langagières pour lesquelles les représentations sociales apportent une intelligibilité
particulière. C’est pourquoi, il semble nécessaire, dans les descriptions des pratiques langagières
plurilingues, de prendre en considération non seulement leurs propriétés confi gurationnelles,
mais encore les formes et les fonctions des processus discursifs qui s’y trouvent attestées.
Le schéma suivant permet d’illustrer les constituants et les niveaux d’organisation des
pratiques langagières plurilingues :
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Multilingualism.indb 178 4-12-2006 12:26:55