Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Décrire les pratiques langagières plurilingues: constituants et niveaux d’organisation du discours
témoignent les séquences suivantes : ‘‘lorsqu’il me manque un mot en allemand mais que je le
sais en français je change la langue’’ ou encore ‘‘il faut voir et comprendre. II faut apprendre
à communiquer avec l’autre, à lui répondre en français ou en allemand, c’est pareil’’. Ces
mouvements séquentiels ne contribuent pas uniquement à structurer le discours et la trajectoire
de l’argumentation au cours de l’activité langagière, mais ils constituent également le contexte
où des ressources langagières sont mobilisées par le locuteur pour élaborer les objets de son
discours. En effet, la saisie de l’objet de discours se fait d’abord selon un savoir préalable, basé
sur des connaissances établies et sur des représentations objectives ‘‘je pense être bilingue
français-allemand car je parle couramment français et allemand’’. Le nom même du bilingue
est motivé, de façon à faire une première description de la notion. À cette représentation
objective, basée sur des discours préexistants, tel que, par exemple, être bilingue signifi e
pouvoir parler courramment francais et allemand, s’ajoute une représentation subjective
basée sur les expériences personnelles du locuteur ‘‘avec les autres bilingues, ceux qui parlent
bien, pas parfaitement mais quand même ils maîtrisent très bien la langue, alors ils sont
aussi bilingues’’. Nous remarquons ici le recours fréquent à la prise en charge énonciative
‘‘je pense’’ permettant de profi ler les représentations individuelles de l’énonciateur dans son
discours. Tout se passe comme si, alors que le cadre énonciatif de la notion de bilingue avait été
garanti par la procédure de généralisation, la notion se révélait être très complexe dépassant
les limites d’un seul niveau d’analyse de l’activité discursive. C’est alors qu’interviennent des
médiations symboliques, telles que la liste du vocabulaire ou le fi lm, assurant la cohérence du
discours et permettant d’introduire des éléments, qui viennent, en quelque sorte, jeter un
pont entre thèse et conclusion. On peut décrire le parcours de cette procédure par le schéma,
certes simplifi é, suivant (Stratilaki 2006b):
Comme nous l’avons déjà souligné dans Stratilaki (2006b), le schéma ci-dessus ne permet
pas d’expliciter pleinement les liens entre les représentations et leur mise en discours, mais
il contribue néanmoins à montrer que différents niveaux interviennent dans l’organisation
du discours argumentatif du locuteur contribuent à son organisation. On peut donc affi rmer,
à nouveau, qu’il s’agit d’une organisation complexe qui peut être décomposée en des soussystèmes
permettant de décrire et d’analyser les pratiques langagières des apprenants et les
représentations sous-tendant de telles pratiques.
Dans cette perspective, les représentations que les locuteurs se font de la maîtrise
linguistique des langues peuvent avoir un poids considérable quant au choix de la langue dans la
communication. En d’autres termes, les locuteurs au fi l de leurs pratiques langagières recourent
autant à des représentations situées et explicites du plurilinguisme qu’à des ressources
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