Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Sofi a Stratilaki
énonciative mais plus généralement sociale, sur la dimension constitutive de l’interaction ainsi
que sur le sens comme accomplissement interactif. Problématique que l’on retrouve partiellement
dans les travaux de Mondada, à titre d’exemple, qui tout en accordant une place majeure dans
l’analyse des interactions sociales aux usages langagiers, elle souligne : ‘‘au lieu de chercher à
isoler des entités stables à décrire, échappant totalement ou en partie aux variations, il s’agit
plutôt de décrire les discontinuités et les processus énonciatifs dynamiques qui les fondent, et
notamment les mouvements de destabilisation et stabilisation’’ (Mondada,1995 : 114). Cette
pluralité des approches d’analyse des productions langagières a contribué au développement
des démarches interdisciplinaires, dans lesquelles les rapports entre théorie et pratique se
trouvent repensés, et dans lesquelles des analyses multidimensionnelles viennent nourrir et
exhiber la complexité du discours.
Au plan méthodologique, l’intérêt de l’analyse des productions verbales réside dans la manière
dont les locuteurs en co-présence sont conduits à thématiser la situation de communication, à
expliciter leurs représentations sur un objet de discours et à négocier les rôles qu’ils souhaitent
prendre dans l’organisation de l’activité langagière. Bien que confronté à des questionnements
d’une tout autre nature, Ali Bouacha (1984) souligne, dans le cadre de son étude sur les
structures énonciatives et argumentatives du discours universitaire, que le processus discursif
articule des opérations langagières et des procédures discursives, telles que la généralisation,
la polémisation, la narrativisation et la référentialisation. À l’instar d’Ali Bouacha (op.cit.),
nous considérons ces procédures comme des structures constituées à un palier intermédiaire
entre les opérations discursives, permettant la matérialité du discours, et l’émergence d’une
chaîne de re-présentations fonctionnant comme des indices de contextualisation des énoncés
que le locuteur construit au cours de son activité langagière 4 . Ce point de vue ouvre un champ
d’analyse compatible avec la visée fondamentale de l’ethnométhodologie (Sacks 1992 ; Relieu
1993 ; Lynch 1994), consistant plus spécifi quement à décrire les procédures par lesquelles
les locuteurs mènent à bien une représentation, la considèrent comme un objet de discours
dynamique, et de ce fait l’exploitent dans des descriptions ou des raisonnements. En effet,
ces observations rejoignent largement celles de Mondada, qui rappelle d’ailleurs que ‘‘dans
le cadre ethnométhodologique, la notion de ‘représentation’ est respécifi ée : au lieu d’être
utilisée comme une ressource pour l’analyse ou pour l’élaboration théorique, la représentation
est traitée comme un thème sur lequel porte l’analyse. II s’agit alors d’interroger ce que font
les acteurs quand ils représentent, quelles pratiques ils mettent en œuvre, quand (dans quels
contextes) et comment ils entreprennent ce qu’ils appellent une représentation’’ Mondada
(1998 : 134). Cette conception s’accompagne bien évidemment d’une vision du discours comme
processus contextualisé, lui aussi en élaboration constante. Dès lors, plutôt que de considérer
qu’une analyse des représentations s’inscrit dans une opposition radicale à une perspective
discursive, il semble plus judicieux d’admettre que toute manifestation d’une représentation
dans le cadre d’une activité verbale présente nécessairement une dimension communicative et
une dimension sociale, comme l’explique bien Berthoud :
que l’acte fi nal lui-même s’accomplisse. […]. Nous avons là une série d’adaptations entre deux êtres qui réalisent un
acte social commun’’.
4 Pour ne prendre que quelques exemples, on notera ici les travaux récents de Burger (1997, 1999) où on trouve des
considérations intéressantes portant sur la stratifi cation des prises de rôle et sur la distinction entre ce qu’il convient
d’appeler, d’après Charaudeau (1995b), des rôles sociaux et des rôles communicationnels.
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Multilingualism.indb 174 4-12-2006 12:26:53