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L’importance des vétérans Premier orateur à s’exprimer, Werner Willi, chef des vétérans au sein du Comité central (CC) de l’ASM, a exprimé sa joie de voir 526 sociétés de musique converger vers Lucerne pour s’y mesurer. Il n’y a pas que le rang et les points qui comptent, mais aussi la musique et la camaraderie, a-t-il plaidé. Cette fête jouit d’une grande importance dans la vie des vents suisses. Werner Willi a aussi salué les porte-drapeau et les vétérans qui représentent quelque 20 000 personnes réunies dans 27 associations. Par leur long engagement au sein des sociétés de musique, ils ont acquis un grand mérite. Car les sociétés savent toujours pouvoir compter sur leurs vétérans, a encore souligné leur responsable au sein du CC. Transfert en bateau Après la cérémonie de remise de la bannière fédérale des mains fribourgeoises aux hôtes lucernois (lire aussi dans ce numéro), les vétérans et les invités d’honneur se sont rendus en bateau jusqu’au Grand Casino pour le repas de midi. Là ils ont été accueillis en musique par la formation des jeunes de la Feldmusik de Willisau (LU) sous la direction de Hanspeter Schwegler. Agi Lehmann, président des vétérans lucernois, a adressé ses vœux de bienvenue, en particulier au président central, Hans Luternauer, au chef des vétérans, Werner Willi, au 34 Revue des musiques UNISONO 13/14 • 2006 Journée des Associations cantonales et des vétérans Echos de moments féériques Le samedi 17 juin était la journée phare pour les cantons et les vétérans. Après le défilé des bannières cantonales et des Associations de vétérans jusqu’à la grande scène sur la place de l’Europe devant le KKL, la Fanfare des vétérans de Rothenburg a donné un sympathique concert. Tout le programme était piloté par Regi Sager et Beat Tschümperlin de la radio DRS. Heinz Baumann sultats des parcours «Blanc» et «Bleu». Une façon de faire évidemment un peu discutable dès lors qu’il paraît difficile de comparer des prestations jugées par deux groupes d’experts complètement différents. La chose a été corrigée dans les listes de résultats du second week-end. La preuve par neuf! La Concordia de Vétroz vit sa 99 e année et son directeur, Géo-Pierre Moren, est à la baguette depuis 33 ans. Le résultat de l’opération est évident: le brass band valaisan a remporté à Lucerne sa troisième victoire en excellence lors d’une Fédérale, après les succès de Lugano en 1991 et d’Interlaken en 1996. conseiller national Dominique de Buman ainsi qu’au président du Conseil d’Etat lucernois, Anton Schwingruber. Même le Pilate s’est réjoui de cette rencontre en se montrant sous son meilleur jour. La joie de Hans Luternauer L’après-midi, sur la scène principale du KKL, s’est déroulée la Cérémonie officielle. Le président du Comité d’organisation (CO), Franz Müller, a pu accueillir le président de la Confédération, Moritz Leuenberger (lire aussi dans ce numéro), ainsi qu’une belle brochette d’invités. Le président central de l’ASM, Hans Luternauer, s’est réjoui qu’autant de sociétés se soient engagées pour participer aux concours. Il s’est réjoui de l’organisation sans faille de cette magnifique fête. Une brassée d’applaudissements a récompensé le CO lucernois pour son travail. Hans Luternauer a encore dit son plaisir que la bannière fédérale puisse maintenant rester pour cinq ans dans son canton. C’est le Swiss Army Concert Band, dirigé par Christoph Walter, qui a animé musicalement la manifestation, en interprétant notamment le morceau officiel de la Fédérale. Depuis le toit du KKL La Fanfare de l’Armée a conclu le discours du président de la Confédération en jouant l’hymne national qui a conduit tous les participants à se lever tandis que de blanches colombes s’envolaient. C’est alors qu’un violent Photo: Andy Mettler orage a obligé les invités à chercher un refuge au sec. Après avoir regagné le Grand Casino pour le dîner, les invités ont encore pu profiter jusque tard dans la nuit de la terrasse sommitale du KKL. C’est du haut du KKL qu’ils ont pu admirer le spectacle aquatique «The Sounds and Lights of Lucerne». Echauffement Avec les harmonies d’excellence, la notion de test acoustique d’une minute devient de plus en plus élastique. Sitôt sur scène, certaines formations ont entamé un joyeux brouhaha de notes. Une fois, c’est même le public qui a dû signifier aux musiciens qu’ils devaient arrêter pour que le speaker officiel puisse les convier à faire leur test acoustique. Potins rapportés par Lukas Baschung, Stefan Schwarz et Jean-Raphaël Fontannaz Photos: Lukas Baschung, Heinz Baumann, Stefan Schwarz, Andy Mettler, Marco Rohner et E.T. Studhalter
UNISONO 13/14 • 2006 Revue des musiques Journée officielle du 17 juin en présence de Moritz Leuenberger «Il faut de la disharmonie» Le président de la Confédération était très en verve pour ouvrir officiellement la 32 e Fête fédérale de musique. Il a souligné le besoin de trouver de nouvelles sonorités, parfois au prix de certaines dissonances. Moritz Leuenberger a débuté en indiquant que «eidgenössisch», «fédéral», «federale» et «federala» sont autant de qualificatifs qui soulignent le lien traditionnel qui unit cette fête à notre pays. Le Conseil fédéral marche à la baguette «Ce lien ne se retrouve pas dans d’autres manifestations musicales. Le Concours Eurovision de la chanson, par exemple, n’est pas ouvert par le président de la Commission européenne. Par contre, il a été remporté cette année par des monstres sortis tout droit d’un film d’horreur. Pour que cela ne se produise pas ici, c’est le président de la Confédération qui donne le coup d’envoi à la Fête fédérale de musique», a plaisanté l’élu socialiste. Moritz Leuenberger a également rappelé qu’il n’y a pas un seul membre du Conseil fédéral qui n’ait pas été accueilli après son élection par une société de musique de sa commune. «La raison profonde de cette tradition est la suivante: le membre du gouvernement fédéral apprend ainsi à temps, sous une forme agréable, que, de toute manière, on le fera toujours marcher à la baguette», a expliqué le président de la Confédération. La politique suisse est comme un orchestre Le chef du gouvernement a ensuite comparé un orchestre et la politique suisse: «Dans un orchestre, chacun fait entendre sa voix, sans quoi il n’y aurait pas d’orchestre. Et, comme en politique, on y procède à de nombreux votes, notamment sur le choix des œuvres qui seront jouées, car on ne saurait tolérer que le chef d’orchestre impose ses vues, me suis-je laissé dire. La Confédération, notamment la démocratie directe, ne fonctionne que si chacun apporte sa pierre à l’édifice.» Il a ajouté: «Dans un orchestre, chaque musicien doit tout d’abord accorder son instrument en fonction d’une note de référence. Il en va de même dans notre pays, où la Constitution fédérale sert de référence en faisant état de notre volonté de vivre notre diversité culturelle en étant unis et respectueux d’autrui.» Besoin de discordances «Le monde a sans cesse besoin de nouvelles sonorités et de nouvelles combinaisons sonores, qui peuvent être ressenties dans un premier temps comme autant de discordances. Aujourd’hui, on a peine à croire qu’on ait pu qualifier de discordante, du vivant du compositeur, la symphonie en sol mineur de Mozart, alors que c’est un modèle d’harmonie.» «Ce qui importe, c’est que les nouvelles sonorités soient le fruit d’une volonté d’aboutir à une nouvelle harmonie et non de pérenniser la disharmonie, en d’autres termes de rechercher la concordance et non la discordance. La politique fédérale a toujours su relever ce défi. Elle doit continuer à le faire», a estimé Moritz Leuenberger. Le président de la Confédération, Moritz Leuenberger, pendant son discours lors de la cérémonie officielle du samedi 17 juin 2006, devant le KKL sur la place de l’Europe à Lucerne. Photos: Andy Mettler L’harmonie est une vertu confédérale Parlant de la spécificité de la Suisse, le président de la Confédération a jugé que l’on était bien loin du système politique que d’aucuns appellent de leurs vœux, où majorité et opposition s’affrontent. «Un tel système bipartite n’apporterait rien de bon à notre pays et à sa démocratie directe. Ce ne serait pas un sys- tème où deux orchestres se mesureraient dans un esprit de saine concurrence, mais un système où deux orchestres ne feraient que battre la grosse caisse, sans rien connaître à la musique, et qui, loin de donner un second souffle à notre pays, le feraient sombrer dans la cacophonie!» Et de conclure: «L’harmonie est une vertu confédérale que nous voulons cultiver tout en sachant pertinemment qu’elle est aussi faite de fausses notes et que nous devons toujours rechercher de nouvelles sonorités. Dans la perspective de la Fête fédérale de musique, nous ne créerons jamais artificiellement, comme pour le Concours Eurovision de la chanson, une équipe dont les membres au teint blafard sont incapables de localiser la Suisse sur une carte de géographie. La Fête fédérale de musique n’accueille que des orchestres qui ont été nourris au sein de la concordance fédérale, qui savent qu’aucune voix ne peut se faire entendr e seule, mais au contraire que l’harmonie est la clé – non pas de sol – mais de voûte de notre Confédération.» 35
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