Vol. XIII (2007), no 20 - The International Newsletter of Communist ...
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<strong>The</strong> <strong>International</strong> Newletter <strong>of</strong> <strong>Communist</strong> Studies Online <strong>XIII</strong> (<strong><strong>20</strong>07</strong>), <strong>no</strong> <strong>20</strong> 95<br />
Sans en être à l’origine, la VOKS joua un rôle important dans la préparation du 1 er congrès<br />
des AUS, en mettant à la disposition de la commission de coordination des fêtes du X e<br />
anniversaire de la Révolution, outre son carnet d’adresse, son appareil, ses guides et ses<br />
traducteurs ; en éditant des brochures, en décorant les frontières, en préparant des<br />
excursions et des spectacles... Mais si les activités de la VOKS et des AUS sont<br />
complémentaires en URSS, dans la mesure où les AUS ne disposent pas alors de structures<br />
d’accueil 144 , leurs relations deviennent rapidement conflictuelles hors d’URSS. Comme la<br />
VOKS, les AUS travaillent en effet à la diffusion d’une image favorable de l’URSS en publiant<br />
des revues spécifiques et s’efforcent d’établir des liens entre les sociétés civiles des pays<br />
occidentaux et l’URSS sans passer ouvertement par l’intermédiaire des partis communistes.<br />
En théorie, le public visé par les deux organisations est relativement distinct : aux AUS les<br />
couches prolétariennes sans parti et les politiques (essentiellement des socialistes et<br />
quelques radicaux), à la VOKS et aux Sociétés d’études et de rapprochement, les pr<strong>of</strong>essions<br />
intellectuelles, les enseignants, les étudiants et la bourgeoisie sans parti.<br />
Dans la pratique, c’est plus compliqué. Ainsi en 1928, la présidente de la VOKS s’adresse à<br />
la direction du PC soviétique pour évoquer “le trouble de sa clientèle, l’intelligentsia<br />
bourgeoise, devant les AUS” et elle ajoute: “Il n’est pas <strong>no</strong>rmal qu’existent à l’étranger deux<br />
organisations [ainsi en Allemagne : Die Gesellschaft der Freunde des neuen Russlands (1923)<br />
et Der Bund der Freunde der Sowjetunion (1928)] appelées plus ou moins de la même<br />
façon” 145 . Un article publié dans la Pravda du 16.8.1930, qui est une attaque sévère contre la<br />
VOKS, à laquelle il est reproché “de ne pas avoir compris sa tâche qui consiste à montrer et à<br />
expliquer la <strong>no</strong>uvelle Russie (et <strong>no</strong>n pas la Russie archéologique)”, confirme d’ailleurs la<br />
permanence du problème d’identité auquel est confronté la VOKS. Pour l’essentiel, le<br />
problème ne sera jamais résolu.<br />
Pour limiter les risques de confusion, la VOKS et les sociétés d’amitié de la Russie <strong>no</strong>uvelle<br />
vont donc se donner beaucoup de mal pour diffuser leur message dans un style beaucoup plus<br />
apolitique que celui des AUS, en évitant soigneusement d’utiliser les termes de “révolution”,<br />
de “bolchevique” et plus encore de “communiste”, en se concentrant sur les aspects les plus<br />
traditionnels de la culture russe. Mais les empoignades opposant régulièrement, dans chaque<br />
pays, les Amis de la Russie <strong>no</strong>uvelle à ceux de l’URSS pour la diffusion d’un film ou<br />
l’organisation d’une conférence montre que l’ambiguïté ne porte pas seulement sur le public<br />
visé mais aussi sur le “produit” à diffuser.<br />
De plus, grâce aux talents d’organisation de Willi Münzenberg, dont les multiples “fronts”<br />
littéraires, artistiques, culturels et pacifistes travaillent à gagner par différents canaux ceux<br />
que l’on commence à appeler “compag<strong>no</strong>ns de route”, et qui appartiennent eux-mêmes aux<br />
pr<strong>of</strong>essions intellectuelles, l’espace de la VOKS ne va cesser de se restreindre au pr<strong>of</strong>it<br />
d’autres organisations et des Commissariats soviétiques qui publient désormais eux-mêmes<br />
144 Ainsi peuvent-ils publier en commun le premier guide de voyage sur l’URSS : A. Rado, Guide à travers<br />
l'Union soviétique, VOKS et Neuer Deutscher Verlag, 1929.<br />
145 Cité par Sophie Coeuré, La Grande lueur à l’Est. Les Français et l’Union soviétique 1917-1939, Paris,<br />
Seuil, 1999, p.144. Le président des AUS en Allemagne, le Dr. Hodann, est lui-même un ancien des Amis<br />
de la Russie <strong>no</strong>uvelle.