Vol. XIII (2007), no 20 - The International Newsletter of Communist ...

The International Newletter of Communist Studies Online XIII (2007), no 20 94
diffusées à l’étranger, le Bureau des expositions, le Bureau de liaison qui assure le contact
avec les correspondants étrangers et les sociétés sympathisantes 142 et enfin le Bureau pour la
réception des étrangers, auquel les autorités soviétiques adressent tous les visiteurs nonprolétaires
de l’URSS. A ces bureaux s’ajoutent les sections territoriales (11 sections, dont six
pour l’Europe) afin d’adapter le travail de propagande aux particularités culturelles des
populations concernées.
Cet édifice complexe permet à la VOKS d’alimenter l’étranger en statistiques, photos, films,
articles traduits et expositions afin de diffuser une image favorable de l’édification d’une
culture soviétique entendue dans son acception la plus large, mais aussi la plus ambiguë,
puisque le terme recouvre dans ce contexte tous les aspects de ce que l’on pourrait appeler
selon la formule des époux Webb, la civilisation soviétique, de l’organisation du travail é la
politique des nationalités 143 . Si la VOKS participe ainsi au jeu de la politique étrangère
soviétique, en contribuant à l’élaboration d’une image positive de l’URSS basée sur le primat
de la culture et des sciences, l’étude de ses activités, en particulier dans les pays qui n’ont
officiellement aucune relation diplomatique avec l’URSS, révèle que ses représentants
fonctionnent parfois comme de véritables acteurs diplomatiques de substitution.
Société écran, servant d’intermédiaire entre les institutions soviétiques et un public étranger
qui redoute les contacts avec les organisations communistes, la VOKS est pourtant rapidement
confrontée à l’émergence d’institutions complémentaires, mais aussi concurrentes, ce qui
brouille sa mission.
Le tournant fondamental intervient en 1927, symbolisé par les fêtes du X e anniversaire de la
Révolution d’Octobre qui se terminent par la tenue du 1 er congrès mondial des Amis de
l’Union Soviétique (AUS) auquel participent 947 délégués de 43 pays, dont 20 Suisses.
Formellement, il n’existait pas encore de sociétés nationales des AUS à ce moment puisque
ces dernières ne seront créées que dans le prolongement du congrès de Moscou —
l’Association internationale des AUS fondée en mai 1928 à Cologne n’est d’ailleurs qu’une
institution faîtière — ce qui explique que nombre des participants au congrès de Moscou
étaient en réalité des correspondants de la VOKS (les membres des sociétés de
rapprochement et d’études, mais aussi d’autres groupes comme les espérantistes et les Libres
penseurs), du Secours ouvrier international (SOI), des organisations sportives (Sportintern) et
du Département relations internationales du Conseil exécutif soviétique des syndicats (OMS),
tous opportunément renommés “Amis de l’URSS” pour l’occasion.
culturelles entre l'URSS et l'étranger (1930-33), mensuel 1930-31, bimestriel 1932-33, Recueil Illustré du
VOKS, 1934-1938, V.O.K.S. (1938-1939).
142 Citons pour l’Allemagne : Die Gesellschaft der Freunde des neuen Russlands, fondée en juin 1923 ;
pour les Etat-Unis : The American Society for Cultural Relations with Russia ; pour la Belgique : le
Cercle des relations intellectuelles russo-belges ; pour la France : les Nouvelles Amitiés franco-russes
créées en mars 1924, puis le Comité des relations scientifiques avec l’URSS fondé en 1925 et, depuis
mai 1927, l’Association des Amis de la Russie nouvelle ; pour la Suisse : la Société d'Etudes
documentaires sur la Russie contemporaine, (1924), puis la Société culturelle de rapprochement avec
l’URSS (1930).
143 Beatrice et Sidney Webb entreprennent en 1932 une enquête en URSS, complétée en 1934 par
Sidney, dont le résultat est publié en 1935 sous le titre : Soviet Communism. A New Civilization?,
Londres, 1935.