Vol. XIII (2007), no 20 - The International Newsletter of Communist ...

The International Newletter of Communist Studies Online XIII (2007), no 20 93
Ce travail s’inscrit dans un projet cohérent d’élaboration et de diffusion d’une image
positive et contrôlée de l’URSS à l’étranger, dont l’enjeu est de lui permettre de rétablir sa
crédibilité diplomatique et de reconstruire son économie. Cette double ambition de la VOKS
— à la fois culturelle et politico-diplomatique — est confirmée par l’analyse de
l’organigramme de son personnel qui peut être divisé entre une façade culturelle et des
rouages plus traditionnellement communistes. Les dirigeants successifs de la VOKS 140 , les
représentants plénipotentiaires et les responsables des contacts avec l’extérieur sont des
personnalités peu marquées politiquement, souvent formées dans l’émigration, ayant une
formation universitaire et parlant plusieurs langues. La direction de la VOKS intègre aussi les
principaux acteurs étatiques de la culture soviétique comme les Commissaires du peuple à
l’instruction publique et à la santé publique, les représentants des institutions scientifiques
et culturelles (Musées, Académies, Universités), des Editions d’Etat, des trusts
photographiques et cinématographiques soviétiques.
Mais en tant qu’“organisme social”, la VOKS est aussi soumise au double contrôle de l’Etat
et surtout du parti. Cette caractéristique explique que figurent aussi parmi les membres
fondateurs de la VOKS, et dans toutes ses sections ou bureaux, d’autres personnalités moins
“culturelles”, mais plus caractéristiques de l’univers communiste. Ces hommes d’appareil,
souvent spécialistes de l’agitprop, sont délégués auprès de la VOKS par la direction centrale
de la censure d’Etat (Glavlit), par le Commissariat à la planification (Gosplan), par le
Commissariat du peuple aux affaires étrangères (NKID), par le département de propagande du
Comité exécutif de l’Internationale communiste (CEIC), ou directement par le Comité central
(CC) du PCUS. Enfin, la VOKS collabore activement avec le NKID, dont les représentations à
l’étranger lui servent de relais, avec les journalistes de l’agence de presse soviétique Rosta
(puis Tass), et rapidement avec la police politique (GPU, puis NKVD), qui veille au
recrutement des guides, à la surveillance des étrangers et à l’encadrement des personnalités
culturelles soviétiques lors de leurs séjours à l’étranger pour éviter la multiplication des
transfuges.
Fortement liée à d’autres institutions, la VOKS est aussi une organisation très structurée.
Divisée entre un secteur scientifico-technique (intégrant lui-même des sous-sections pour
l’agriculture, les sciences juridiques, la pédagogie, l’enseignement supérieur, les langues
étrangères, la médecine, la santé publique, l‘ethnographie...) et un secteur beaux-arts
(comprenant des sections musicale, théâtrale, cinématographique, photographique, arts
plastiques, littérature, sculpture, choréographie, architecture, muséographie...), la VOKS se
dote rapidement d’une structure assez imposante, qui ne va cesser de se renforcer. L’organe
principal est le secrétariat. Il fait le lien entre les différents bureaux, comme le Bureau
d’échange de publications, le Bureau de presse chargé de la rédaction en quatre langues d’un
bulletin 141 , Rus-Photo qui dispose d’un monopole de fait sur les photographies de l’URSS
140 O.D. Kameneva : 1925-1929, F.N. Petrov : 1929-1932, E.O. Lerner : 1933, A.Ia. Arossiev : 1934-1940,
V.S. Kemenov : 1941-1948, A.I. Denissov : 1948-1955, V.G. Iakovlev : 1956, N.V. Popova : 1957.
141 L'organe de la VOKS est édité à Moscou en russe, allemand, français et anglais :
Bulletin d'information de la Société panunioniste pour les relations culturelles avec l'étranger,
hebdomadaire (1924-1925), Bulletin d'information de la Société pour les échanges culturels entre l'URSS
et l'étranger (1926-1927), Bulletin d'information. Organe de la Société pour les relations culturelles
entre l'URSS et l'étranger, 1927-1929, 52 n˚/an, V.O.K.S. Organe de la Société pour les relations