30.11.2020 Aufrufe

Spectrum_5_2020

Sie wollen auch ein ePaper? Erhöhen Sie die Reichweite Ihrer Titel.

YUMPU macht aus Druck-PDFs automatisch weboptimierte ePaper, die Google liebt.

TRIBUNE

Texte Equopp

Nous demandons mieux

La campagne contre le harcèlement sexuel et le sexisme

de l’UNIFR est vastement insuffisante pour véritablement

adresser ces problématiques. La « tolérance zéro » affichée

par l’UNIFR est diluées dans des slogans trop prudents,

qui n’interpellent - et ne font réfléchir - personne.

es problématiques cruciales du sexisme

Là l’Université et du harcèlement subi

en son enceinte touchent particulièrement

EquOpp. Nous nous sommes donc

réjoui·e·x·s lorsque nous avons appris que

l’Université de Fribourg avait mis au point

une campagne de prévention sur ces sujets.

Cette campagne comporte trois visuels,

traduits en trois langues (français, anglais et

allemand), et un événement centré autour de

témoignages liés à la thématique qui devait

avoir lieu au Centre Fries, annulé à cause de

la pandémie. Les slogans sont les suivants :

«le harcèlement sexuel ne fait partie ni des

études, ni du travail. » « Ici, on fait des blagues

! Mais déplacées ou osées, c’est du harcèlement.

» et « 64% d’entre vous connaissent

une victime. Combien en parleront ? ».

Nous saluons les efforts réalisés, qui vont

dans le sens d’une reconnaissance du

problème. Nous comprenons également

qu’il est difficile d’organiser une campagne

en temps de pandémie. Nous savons

cependant que des idées pour élargir ou

approfondir cette campagne ont été rejetées

bien avant que les restrictions actuelles

soient une réalité. Nous ne critiquons ainsi

ici pas le travail fait par l’organisateur de la

campagne, mais bien l’attitude générale de

l’ Université face à celle-ci.

En tant que Commission, il est de notre

devoir de faire tout ce qui est en notre

pouvoir pour tendre vers le plus d’équité

possible au sein de l’UNIFR ; il est donc important

que nous puissions rester critiques

quant aux agissements de l’Université, pour

tendre vers une véritable amélioration des

conditions d’études pour tou·x·te·s et participer

à un discours qui se doit d’être nuancé

et multiple. Dans cet esprit, ces slogans, loin

d’être audacieux ou novateurs, peuvent être

à notre sens critiqués.

Le premier slogan manque de pertinence.

Le harcèlement fait bel et bien partie de

nos réalités durant les études ; cependant, il

ne devrait pas être ainsi. Une position plus

ferme, plus claire, aurait permis de ressentir

un véritable soutien de la part de l’ Université

en tant qu’étudiant·e·x·s victimes de harcèlement

ou de discriminations sexistes.

Le deuxième, qui souligne que les blagues

douteuses vont trop loin, est pertinent mais

ne souligne qu’une infime partie du problème,

occultant toutes les autres formes normalisées

de harcèlement sexiste. La légende

de ce visuel sur la page web dédiée à cette

campagne porte bien plus à réflexion sur

toutes sortes de comportements communs :

le ressenti de la personne prime sur l’intention

de l’auteur·trice de la blague. On

peut en effet généraliser ce constat à tout

comportement sur le lieu de travail.

Quant au dernier slogan, celui-ci est pertinent

car il porte sur une vérité statistique

tout à fait réelle qui souligne l’ampleur du

problème. Cependant, il ne permet pas une

véritable prise de conscience de la gravité

du phénomène, en particulier en sachant

que les statistiques sont souvent balayées

par beaucoup sous prétexte que la définition

du harcèlement est « trop large ». En

effet, la tendance est en général à la légitimation

des comportements sexistes parce

qu’ils ne seraient « pas graves ». Ce que la

campagne de l’UNIFR ne souligne pas, c’est

que la même étude qu’elle cite affirme que

les formes de harcèlement les plus fréquentes

sont les contacts, étreintes ou baisers

non souhaités (59% des répondantes). Une

des conclusions de cette étude est qu’il « est

nécessaire de discuter de manière plus large

(…) sur le contexte social en lien avec les agressions

sexuelles ». Cette campagne ne permet

ni une telle discussion, ni une réflexion

de fond sur les causes du harcèlement et

plus largement du sexisme.

Les moyens à la disposition de l’ Université

pourraient permettre la mise en œuvre

d’une campagne bien plus importante,

permettant de traiter plus d’aspects de ces

problématiques urgentes et trop souvent

prises à la légère. En l’état, les discriminations

sexistes à l’UNIFR, dont fait partie

le harcèlement, ne sont qu’effleurées. Nous

aurions souhaité un message fort, qui nous

garantit que l’UNIFR protège avec tous les

moyens à sa disposition ses étudiant·e·x·s

et employé·e·x·s, pour qu’ielles puissent

étudier et travailler dans des conditions à

la hauteur de la réputation de l’Université.

Nous ne sommes plus du temps des vagues

déclarations d’intention, ou des positionnements

à demi-mots. Le temps de la tolérance

ou de l’indifférence envers le harcèlement et

le sexisme doit être révolu. P

8 spectrum 11.20

Hurra! Ihre Datei wurde hochgeladen und ist bereit für die Veröffentlichung.

Erfolgreich gespeichert!

Leider ist etwas schief gelaufen!