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CULTURE

Texte Manon Savary et Maxime Corpataux

Photo Florine de Torrenté

Un prix Goncourt en Suisse ?

Des étudiant·e·s passionné·e·s de littérature s’adonnent

chaque année à la sélection de leur prix Goncourt au sein

de notre université fribourgeoise. Inerview de Valentin

Kolly, responsable fribourgeois du Goncourt suisse.

L’interviewé Valentin Kolly en pleine lecture

ous aimerions savoir au préalable en

Nquoi consiste le prix littéraire Goncourt,

et plus particulièrement pourquoi se

retrouve-t-il dans des universités suisses ?

« Le Goncourt est un prix qui récompense

un roman de la rentrée littéraire », explique

Valentin Kolly assistant-diplomé en littérature

française. Originellement uniquement

français, l’idée d’une sélection parallèle du

Goncourt est apparue en 1998 en Pologne,

puis s’est développée dans différents pays.

« Le Goncourt suisse quant à lui existe

depuis 2015. Le prix en terre helvétique est

mis en place au départ par trois universités :

celles de Fribourg, de Neuchâtel et de la

Suisse italienne. Depuis, d’autres universités,

notamment alémaniques, se sont jointes au

processus. »

Quel processus ?

« Dès septembre, un mail est envoyé à tou·te·s

les étudiant·e·s en lettres pour les inviter à

participer à la sélection du Goncourt suisse »,

nous informe Valentin Kolly. Il ajoute :

«Néanmoins, la participation d’étudiant·e·s

de toutes les facultés est la bienvenue. Il n’y

a aucun prérequis.» Le jury est composé des

étudiant·e·s motivé·e·s qui se doivent de départager

les quinze oeuvres préalablement

sélectionnées par l’Académie Goncourt.

« Ce procédé demande de l’investissement

de la part des participant·e·s et se déroule

sur environ deux mois », nous expilque

Valentin Kolly.

Le déroulement du choix est partagé en

plusieurs étapes : une première discussion

amène à l’établissement d’une short-liste

d’environ cinq oeuvres. Le jury fribourgeois

débat par la suite de sa sélection face aux

autres universités dans le but de nommer

le·la lauréat·e helvétique. Pour finir, l’annonce

du·de la grand·e lauréat·e s’effectue

traditionnellement à la Résidence de France

à Berne.

Un prix symbolique

« Contrairement au prix Goncourt officiel,

dont l’obtention garantit une notoriété et

des retombées financières considérables, le

choix suisse est avant tout une récompense

symbolique dont l’intérêt principal est de

mener à un échange entre auteur·rice et

lecteur·rice·s », développe Valentin Kolly.

Il est de coutume d’inviter le·la lauréat·e

pour discuter avec les étudiant·e·s de son

roman et de son travail d’écriture. Par ce

biais, le Goncourt helvétique apporte aussi

beaucoup au jury. Notre interviewé ne

peut que le confirmer : « Alors que les

études de lettres privilégient plutôt une

approche objective des œuvres, les étudiant·e·s

sont encouragé·e·s à travers ce

projet à développer un avis subjectif et critique.

Cette expérience octroie le potentiel

de mettre en pratique les outils analy-

tiques appris en cours, et s’accompagne de

nombreux avantages et reconnaissances ».

Il continue : « La sélection du Goncourt

permet aux étudiant·e·s de se frotter à une

littérature très contemporaine, tandis que

l’enseignement universitaire a tendance à

privilégier des textes plus anciens. »

Quel place pour la littérature ?

Ce prix permet la découverte et la promotion

de nouveaux·lles auteur·rice·s et de nouveaux

styles : « Chaque œuvre est unique,

même s’il est possible de relever certaines

tendances de la littérature contemporaine.

On retrouve notamment des récits historiques

ancrés dans les conflits mondiaux du

XXème siècle ou des enquêtes familiales dans

un style proche de celui d’Annie Ernaux »,

remarque le responsable fribourgeois. La

littérature se replie-t-elle derrière un carcan

ou une école dictée par l’Académie ou

les tendances contemporaines ? «Impossible

à dire, mais on constate que, malgré tout, des

OVNIs peuvent surgir à chaque sélection, ce

qui apporte une touche indéniable d’originalité

et de découverte à nos lectures », répond

Valentin Kolly.

Pour terminer la discussion, notre interviewé

nous confie que selon lui, le monde

littéraire est trop peu médiatisé : « Le Goncourt

lui offre, pour un temps, une visibilité

accrue. Ainsi, puissent tous les Goncourts

permettre eux aussi la mise en avant de la

littérature contemporaine ! »

De plus, scoop de la rédaction : notre

assistant-dîplomé nous confie son coup de

coeur de cette année: «Thésée, sa vie nouvelle,

de Camille de Toledo, aux éditions Verdier.

Faites-moi confiance ! » P

Choix suisse du

Prix Goncourt :

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