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PRISE DE POSITION
Texte Zélie Schneider
Photo Zélie Schneider
Petite introduction à l’écriture
inclusive
Il existe de nombreuses manières d’écrire en inclusif :
aucune n’est officiellement juste, donc aucune n’est fausse
non plus !
Un petit exemple pour montrer la variété que propose l'écriture inclusive
’écriture inclusive s’impose de plus en
L plus ces dernières années. Comme pour
tout changement dans la langue française,
elle ne fait cependant pas l’unanimité. C’est
vrai que c’est étrange et inhabituel les premières
fois qu’on la rencontre, ça accroche,
la lecture est peut-être moins fluide, on peut
ne pas avoir l’impression que ce soit si important
que ça.
Pourtant, à force, on finit par s’y habituer,
comme on s’habitue à tous les prénoms les
plus excentriques une fois que l’on apprend
à connaître la personne, comme on a pris
l’habitude d’utiliser des anglicismes en français,
comme on a appris à dire qu’un homme
et dix femmes sont « présents ».
Pour se familiariser à l’écriture inclusive, il
est intéressant de savoir d’où elle vient et
à quoi elle sert vraiment. Premièrement, la
règle de grammaire que nous apprenons dès
l’école primaire, « le masculin l’emporte sur
le féminin », n’a pas toujours été de mise en
français. Jusqu’au dix-septième siècle, l’accord
de proximité était de mise, c’est-à-dire
que l’adjectif s’accordait avec le nom qui en
était le plus proche dans la phrase, par exemple
« deux hommes et une femme sont présentes
». Il a été activement décidé de ne plus
utiliser l’accord de proximité car le masculin
était plus « noble ». Ensuite, il a été prouvé
par de nombreuses études scientifiques
qu’inconsciemment nos représentations
mentales changent et deviennent plus proches
de la réalité si l’on utilise des formes inclusives
et non pas uniquement le masculin.
L’impact de l’écriture inclusive est donc réel
et peut avoir des influences immédiates, ce
n’est donc pas « se tromper de combat » ou
« vouloir compliquer la langue pour rien ».
Différentes formes
Il existe différentes manières de rendre un
texte inclusif. La plus discrète est d’utiliser
un mot neutre, par exemple en remplaçant
« le lecteur » par « le lectorat » ou de reformuler
une phrase pour éviter un mot qui ne
serait pas inclusif. Ensuite, on peut utiliser
la double forme – les participantes et participants
– de préférence par ordre alphabétique
pour ne pas mettre par réflexe toujours
le masculin en premier et ne pas tomber
dans une forme de galanterie. Enfin, on peut
modifier les mots pour les rendre inclusifs,
en utilisant différents signes de ponctuation,
parfois des majuscules ou en inventant un
nouveau mot par un mélange des formes
au féminin et au masculin. Tout est permis,
l’écriture inclusive n’étant de toute manière
pas reconnue officiellement ! Pour les signes
de ponctuation, celui qui s’impose de plus
en plus est le point médian, qui a cela d’in-
téressant qu’il n’a pas d’autre utilisation en
français contemporain. Pour les inventions,
il y a par exemple le pronom « iel » ayant
l’avantage d’être ni genré, ni binaire ou la forme
« toustes » permettant d’éviter le point
médian. On peut également fusionner certains
mots pour arriver aux « nouvelleaux »
d’une association ou aux « formateurices »
en écriture inclusive. De nouveaux caractères
typographiques ont également été inventés
par un étudiant, dans le cadre de son
projet de fin d’études nommé « l’inclusif·ve »,
ils en valent le détour !
Vraiment inclusive ?
Certaines voix s’élèvent, à juste titre, pour
remettre en question l’inclusivité véritable
de l’écriture inclusive. D’un point de vue
pratique, les logiciels qui permettent de lire
à haute voix les textes pour les personnes
malvoyantes ne permettent pas (encore ?)
de déchiffrer les formes inclusives avec un
point médian ou un tiret. Ces formes peuvent
aussi rendre la lecture plus compliquée
pour des personnes ayant des difficultés à
lire de manière générale. Du point de vue
de la représentativité, parler d’écriture « inclusive
» alors qu’elle représente de manière
binaire uniquement le féminin et le masculin
revient à ne pas reconnaître que certaines
personnes se sentiront exclues. Il existe des
alternatives en utilisant notamment des astérisques
et/ou des « x » à ajouter en plus de
la forme au féminin, pour que les personnes
trans et non-binaires puissent aussi se sentir
concernées. P
4 spectrum 11.20