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Spectrum_2_2020

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UNIPOLITIQUE

Texte Sylvain Cabrol et Kaziwa Raim

Illustration Antoine Bouraly

Aux frontières de l’intime

Les relations entre professeur·e·s et étudiant·e·s peuvent déborder du cadre strictement universitaire :

amitié, amour ou sexe, consenti ou subi. Le professeur Walter Stoffel, de l’Office de médiation de l’Université,

répond à nos questions sur le sujet.

On a tou·te·s ajouté un jour un·e enseignant·e

sur LinkedIn dans l’idée

de développer son réseau. La plupart du

temps, la relation reste professionnelle,

mais il arrive qu’elle évolue vers quelque

chose de plus personnel. Or, entre l’amitié

et l’intimité, il existe une large palette de

gris.

L’existence d’un rapport de dépendance

« Du point de vue juridique, il n’y a pas à

proprement parler de règle qui interdirait

une relation entre adultes consentant·e·s »,

nous explique le professeur Stoffel. « Néanmoins,

cela devient problématique dès lors

qu’existe un rapport de subordination. »

Cette zone grise concerne tous types de

relations : professeur·e·s et étudiant·e·s,

professeur·e·s et collaborateur·rice·s, professeur·e·s

ordinaires et chef·fe·s de département,

la liste est longue. « Lorsque les intéressé·e·s

ont le même statut, chacun·e se

trouve sur un pied d’égalité pour consentir

ou refuser », soutient le professeur. Il en va

de même si les personnes concernées ne

sont pas susceptibles de se croiser dans

le cadre universitaire : une relation entre

un·e étudiant·e en germanistique et un·e

professeur·e de droit est moins sujette à

caution que si l’étudiant·e suit des cours à

la faculté de droit.

Le médiateur en appelle au bon sens : « Dès

lors que l’un·e a un pouvoir sur les études

ou la carrière de l’autre, la relation devrait

ne pas s’engager sur un terrain intime. » Si

la relation existe, l’étudiant·e s’abstiendra

de suivre les cours de son amant·e et le·la

professeur·e se récusera. « Évidemment,

c’est plus compliqué d’expliquer cette attitude

si la relation n’est pas vécue ouvertement

», tempère-t-il.

Le degré et la chronologie de la relation

Le fait de s’ajouter sur un réseau social,

comme LinkedIn ou Facebook, est un geste

anodin pour certain·e·s, même si pour sa

part, le Prof. Stoffel préfère s’en abstenir.

Au-delà de ce geste, une attitude amicale

peut être acceptable ou déplacée selon les

circonstances : « Lors d’un voyage d’études,

une sympathie cordiale peut se créer et

le·la professeur·e peut prendre un verre en

compagnie du groupe d’étudiant·e·s », explique

le médiateur. « En revanche, une invitation

à prendre un café, adressée via

un réseau social à un·e élève en particulier,

paraîtra plus ambigüe. Surtout si ce

comportement se répète dans le temps.

Tout dépend du contexte. »

La chronologie joue aussi un rôle. L’actualité

du lien d’enseignement devrait

être un no-go pour les partenaires potentiel·le·s.

Ceci dit, si la relation naît

une fois l’examen validé avec succès et

s’il n’y a plus de perspective de lien à

caractère universitaire, cela est moins

problématique – à fortiori lorsque

l’étudiant·e a validé son mémoire de

fin d’études.

Consentement et respect mutuels

C’est une lapalissade : si relation

il y a, elle doit être mutuellement

consentie. Des invitations répétées

et non désirées à caractère intime

peuvent justifier une procédure disciplinaire,

voire pénale, dans les cas

de harcèlement caractérisé. « En tant

qu’ombudsman, j’ai l’obligation de

dénoncer une affaire dont la gravité

rend une médiation inappropriée ou

impossible », nous explique le Prof.

Stoffel.

« Le mot-clef, c’est le respect mutuel »,

rappelle le médiateur. « À cet égard,

celui·celle qui a le pouvoir dans la

relation a une plus grande obligation

que l’autre de faire preuve de respect

et de bon sens ». ■

6 03.2020

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