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[nka:waar] Nous n'achetons pas tout

Lors de notre échange germano-sénégalais nous nous sommes rendus compte, qu’il y avait des choses plus importantes que consommer. Par contre les habitudes de consommation actuelles ne font qu’accentuer l’exploitation des êtres humains et des animaux.

Lors de notre échange germano-sénégalais nous nous sommes rendus compte, qu’il y avait des choses plus importantes que consommer. Par contre les habitudes de consommation actuelles ne font qu’accentuer l’exploitation des êtres humains et des animaux.

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Magazine d’ASAN, l’Association Sénégalaise des Amis de la Nature et de Les Jeunes Amis de la Nature Allemagne (Naturfreundejugend Deutschlands)<br />

<strong>Nous</strong><br />

n’achetons<br />

<strong>pas</strong> <strong>tout</strong>


Page 2<br />

Août 2018<br />

Préface<br />

Chères lectrices, chers lecteurs,<br />

Les médias, la politique et la société nous<br />

poussent vers une consommation à outrance.<br />

<strong>Nous</strong> sommes inondés de slogans<br />

tels que : « acheter te rend heureux »<br />

« l’économie doit augmenter » ou bien « je<br />

veux le smartphone le plus récent ». Lors<br />

de notre échange germano-sénégalais nous<br />

nous sommes rendus compte, qu’il y avait<br />

des choses plus importantes que consommer.<br />

Par contre les habitudes de consommation<br />

actuelles ne font qu’accentuer l’exploitation<br />

des êtres humains et des animaux<br />

(p. 4 à 7). Elles générent des montagnes<br />

de déchets cachées comme visibles (p. 8<br />

à 10) et installent une concurrence permanente<br />

(p. 11). Nos deux groupes de jeunes<br />

amis de la nature sénégalais et allemands,<br />

ont, alternativement, effectué des séjours<br />

de deux semaines dans les deux pays où ils<br />

ont, <strong>tout</strong> le temps, été ensemble. Notre rencontre<br />

a été financée par le Fonds pour l’initiative<br />

de la jeunesse germano-africaine du<br />

Ministère fédéral allemand de la Coopération<br />

Economique et du Développement. Le<br />

thème majeur de l’échange était axé sur le<br />

point 12 des Objectifs de Développement<br />

Durable, à savoir : promouvoir des modes<br />

de consommation et de production soutenables.<br />

Ne se limitant <strong>pas</strong> seulement à la<br />

théorie, nous avons échangé sur le thème<br />

par des visites de découverte du milieu et<br />

des rencontres avec les communautés à<br />

la base.Ce magazine est le résultat de différents<br />

débats d’idées et des expériences<br />

acquises sur le terrain lors de notre échange.<br />

[ke:onda] signifie en espagnol “¿Qué<br />

onda?”, « Naka Waar » en Wolof et en allemand<br />

« Was geht? ». Dans les pages suivantes,<br />

vous verrez des images de quelques<br />

endroits fascinants que nous avons découverts<br />

pendant notre voyage. <strong>Nous</strong> osons espérer<br />

que ce ne sera <strong>pas</strong> le dernier…<br />

Kellé ! Berg frei ! Et à la prochaine fois !<br />

Votre rédaction de [ke:onda]<br />

Mentions légales<br />

Publié par « Kinder- und Jugendwerk der Naturfreunde,<br />

Verein zur Förderung der Naturfreundejugend<br />

Deutschlands e.V. »<br />

Adresse de la rédaction et de la maison d’édition :<br />

Naturfreundejugend Deutschlands || Warschauer<br />

Straße 59a || 10243 Berlin || Telefon 030-297732-70<br />

|| Telefax 030-297732-80<br />

keonda@naturfreundejugend.de || www.keonda.de<br />

Rédaction [ke:onda]: Fatou Diouf, Ndeye Khady<br />

Diame, Penda Mbow, Aïssatou Ndiaye, Youssoupha<br />

Traore, Mamadou Sylla, Makha Traore, Mouhamed<br />

Abdoullahi LY, Mamadou Diop, Assane Diop, Sandra<br />

Lindenmann, Frauke Gehrau, Marc Sebastian Eils,<br />

Tilo Podstatny-Scharf, Alice Reitz, Jannis Pfendtner,<br />

Jani<strong>nka</strong> Lutze, Dennis Meier, Tanja Kelm, Kristian<br />

Schaffner, Fenja Wegner, Miriam Wolters, Steffen<br />

Filz, Lina Mombauer, Tobias Thiele, Dennis Melsa<br />

(Responsable dans le sens du droit de la presse)<br />

Sommaire<br />

La consommation durable<br />

Plus tard ça sera trop tard 04<br />

Tach ALWO et Kellé Gabriele 05<br />

Consommateur responsable 06<br />

Qu’est-ce que cela à avoir avec moi 06<br />

La Décharge de Mbeubeuss 08<br />

Une Impression avec résonance 09<br />

Les ordures cachées 10<br />

Capitalisme vs durabilité 11<br />

Notre rencontre<br />

2 vols, 2 semaines 12<br />

Défis et relations 13<br />

Différences et particularités 14<br />

Des paysages d’une beauté époustouflante 15<br />

L‘aspect politique du mouvement des Amis de la Nature 16<br />

Engagement pour un monde durable 17<br />

Feuilleton<br />

German-Wolof-Dictionary 18<br />

Flying in the wind 19<br />

Photos [ke:onda]:<br />

Naturfreundejugend Deutschlands (S. 1, 4, 5, 7, 19,<br />

20, 21), Jani<strong>nka</strong> Lutze (S. 1, 5, 6, 9, 12, 14, 15), Marc<br />

Sebastian Eils (S. 1, 13,14), Jannis Pfendtner (S. 1),<br />

Steffen Wiegard (S. 8, 9), pixabay.com (S. 10, 11),<br />

Assane Diop (S. 13), Mamadou Diop (S. 15), Uwe<br />

Hiksch/NaturFreunde Deutschlands (S. 17), Natur-<br />

Freunde Eberswalde (S. 17)<br />

Illustrations et mise en page:<br />

Sabrina Gröschke || Formgefüge<br />

www.formgefuege.de<br />

Impression: Imprimerie Lokay e.K.<br />

Imprimé neutre pour le climat et sur papier recyclé<br />

© Naturfreundejugend Deutschlands 2018<br />

Soutenu par


Commerce entre le Sénégal et<br />

l’Allemagne:<br />

Exportations vers l’Allemagne 5,2 milliards CFA<br />

Importations au Sénégal 84,5 milliards CFA<br />

Consommation d’électricité<br />

par personne:<br />

Allemagne 7.035,49 kWh Sénégal 223,5 kWh<br />

Exportations vers l’Allemagne<br />

5,2 milliards CFA<br />

Importations<br />

au Sénégal<br />

84,5 milliards CFA<br />

Émissions de dioxyde de carbone<br />

par personne en tonnes:<br />

Allemagne 8,89 Sénégal 0,61<br />

Au Sénégal il y a une loi sur<br />

l’égalité des sexes au parlement.<br />

Actuellement 69 de 165 députés sénégalais sont des<br />

femmes, qui correspond à presque 41,8%.<br />

En Allemagne il n’y a rien que 30,9%.<br />

30,9 %<br />

41,8 %<br />

Le bilan écologique/ L’empreinte de pied écologique<br />

… montre notre besoin de surfaces productives de terre et d’eau pour maintenir le style de vie. Cela contient la production des ressources<br />

consommées ainsi que la zone qui est nécessaire pour ramasser les déchets et les émissions produits.<br />

En Allemagne le bilan était 5,3 gha (hectares globaux) par tête en 2012, en Sénégal c’était 1,2 gha. La moyenne globale est 2,8 gha.<br />

5,3 gha<br />

1,2 gha<br />

Contrats de téléphonie mobile<br />

sur 100 personnes:<br />

Allemagne: 114,5 Sénégal: 98,7<br />

Dépenses publiques totales pour<br />

l’éducation en % du produit intérieur<br />

brut (PIB):<br />

Allemagne: 5,0 Sénégal: 7,4<br />

Les données datent des sites d’Internet des institutions de la fédération d’Allemagne comme le ministère pour la coopération économique et du développement, l’office de la statistique, le ministère des affaires<br />

étrangères et de la centrale pour l’éducation politique.


Page 4<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

Plus tard ça sera trop tard<br />

Dans un monde qui évolue à son propre<br />

rythme, l’humanité fait face à des défis<br />

toujours plus grands. Il s’agit de donner<br />

à des milliards de personnes un accès<br />

sûr aux ressources et de satisfaire leurs<br />

besoins.<br />

L’industrialisation progresse dans beaucoup<br />

de pays, la population mondiale<br />

augmente, la faune et la flore sont de plus<br />

en plus menacées. Nos moyens de subsistance<br />

diminuent. Bien que des prétendues<br />

avancées soient faites en science, elles<br />

ne suffisent <strong>pas</strong> et les ressources de notre<br />

planète s’épuisent.<br />

<strong>Nous</strong> devrons changer radicalement<br />

nos modes de vie, notre comportement,<br />

notre façon de penser et<br />

d’agir. La production durable et la<br />

consommation durable ne doivent<br />

<strong>pas</strong> être de vains mots. <strong>Nous</strong> devons<br />

<strong>pas</strong>ser à l’action.<br />

Conscients de l’urgence, les jeunes Amis<br />

de la Nature ont entrepris de se battre pour<br />

un monde plus durable. La symbiose d’un<br />

esprit d’entreprendre et de dévouement infini<br />

pourrait créer un monde meilleur. Cette<br />

volonté de changer quelque chose était la<br />

base de notre rencontre.<br />

<strong>Nous</strong>, jeunes Amis de la Nature venant<br />

d’Allemagne et du Sénégal, nous nous<br />

sommes rencontrés pendant deux semaines<br />

en Allemagne puis deux semaines au Sénégal<br />

pour échanger nos idées et agir ensemble.<br />

L’accent a été mis sur l’objectif de<br />

développement durable 12 : la consommation<br />

durable. De nos impressions et conversations,<br />

est né ce cahier. Bonne lecture.<br />

La révolution est une lutte qui commence<br />

dans la pensée, avant d’être soutenue par<br />

des actes.<br />

Quels sont les objectifs de<br />

développement durable?<br />

Les 17 objectifs de développement durable<br />

(ODD) visent à rendre le monde meilleur.<br />

C’est ce que les États membres des Nations<br />

Unies ont convenu et vont développer<br />

un programme jusqu’en 2030. L’offre<br />

d’éducation devrait être améliorée dans<br />

tous les pays, les inégalités devraient être<br />

réduites et l’égalité des sexes devrait être<br />

atteinte. L’élimination de la faim et de de<br />

la pauvreté, la protection du climat et des<br />

écosystèmes aquatiques et terrestres jouent<br />

également un rôle clé.<br />

Mouhamed Abdoullahi Ly<br />

Nos conditions de vie et celles<br />

des générations futures<br />

sont menacées par nos<br />

propres actions. <strong>Nous</strong><br />

sommes confrontés aux<br />

problèmes évidents. Par<br />

conséquent, la question<br />

qui se pose est de savoir<br />

à quoi ressemblera le<br />

monde de demain. Pouvons-nous<br />

accepter<br />

d’être prisonniers d’un<br />

tel mode de vie?


Page 5<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

Tach ALWO et Kellé Gabriele!<br />

L’artisanat régional disparaît de plus<br />

en plus de notre quotidien. Malgré cela,<br />

nous avons visité des petites entreprises<br />

artisanales en Allemagne et au Sénégal.<br />

Sont-elles pertinentes pour la consommation<br />

durable ? Ou est-ce seulement la<br />

préservation d’un ancien métier qui est<br />

au centre des préoccupations ?<br />

« ALWO » à Hanovre est une entreprise<br />

familiale et régionale. Ici, Udo Wolters<br />

conçoit des chaussures et, seulement avec<br />

quelques machines, ils les produisent “en<br />

petites séries”, c’est-à-dire une production<br />

en quantité très limitée.<br />

Depuis sa création il y a 90 ans, l’entreprise<br />

veut produire des chaussures qui durent<br />

longtemps et qui sont faciles à porter.<br />

Pour une production aussi respectueuse de<br />

l’environnement que possible, l’entreprise<br />

utilise des boîtes à chaussures pliables et<br />

recyclables, elle ne travaille qu’avec des<br />

fournisseurs allemands et des pays voisins<br />

de l’UE et s’abstient d’utiliser des produits<br />

à base de solvants. www.alwo-schuh.de<br />

Pour revenir à notre question du<br />

début, nous convenons que les entreprises<br />

régionales sont importantes<br />

pour la consommation durable - que<br />

ce soit au Sénégal ou en Allemagne.<br />

Le tisserand Gabriele à Dakar appartient<br />

à la lignée des tisserands Mandingues et<br />

vient de la Guinée Bissau. Avec le tissage,<br />

ils peuvent pratiquer leur profession traditionnelle<br />

et ainsi influencer le style vestimentaire<br />

de la population sénégalaise.<br />

En dehors des motifs artistiques et plein<br />

d’imagination. Les tissus sont populaires<br />

chez les clients en raison de leur durabilité.<br />

Pour revenir à notre question du début,<br />

nous convenons que les entreprises régionales<br />

sont importantes pour la consommation<br />

durable - que ce soit au Sénégal ou en<br />

Allemagne. Parce qu’elles représentent un<br />

contrepoids important à la production de<br />

masse destinée à un marché global où les<br />

conditions de travail sont terribles, et qui<br />

produit beaucoup de déchets, avec sa mode<br />

éphémère et ses produits peu durables.<br />

Miriam Wolters<br />

Impressionnant, comme le « petit bateau »<br />

du tisserand oscille rapidement à travers<br />

les fils de coton tendus. Il est aidé par une<br />

personne tenant un bois à l’aide duquel il<br />

sépare les fils et s’assure que ceux-ci ne<br />

sont <strong>pas</strong> noués et que le beau motif est<br />

observé. Mais malheureusement ce n’est<br />

<strong>pas</strong> aussi facile que ça en a l’air. Quand<br />

certains d’entre nous ont essayé le tissage,<br />

ils ont trouvé que le travail, en apparence<br />

facile, exigeait beaucoup de force et de<br />

concentration.


Page 6<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

Consommateur<br />

responsable<br />

Depuis des décennies, nous prenons de<br />

plus en plus conscience de l’incidence<br />

de notre consommation à la fois sur la<br />

planète, sur l’économie, la société et sur<br />

notre santé. Et pourtant la production<br />

et la consommation de biens et services<br />

sont encore parmi les causes majeures<br />

de la dégradation de notre environnement<br />

et du changement climatique.<br />

D’un côté nous épuisons nos ressources naturelles<br />

et de l’autre nous augmentons massivement<br />

la production de déchets et les<br />

émissions de gaz à effet de serre. Ce dont<br />

nous avons besoin, c’est un changement de<br />

comportement, sans pour autant altérer notre<br />

qualité de vie. <strong>Nous</strong> devons consommer<br />

de manière durable.<br />

La consommation durable signifie : utiliser<br />

les produits et services de manière rationnelle,<br />

socialement équitable et écologique<br />

mais aussi essayer des alternatives. Elle<br />

assure la satisfaction des besoins individuels<br />

et collectifs. Cette consommation est à<br />

la fois écologique, bénéfique pour l’économie<br />

(sur<strong>tout</strong> locale), bon pour la santé<br />

mais aussi positive pour la société. Elle est<br />

définie par les trois dimensions qui sont :<br />

Mieux acheter (acheter moins et les produits<br />

plus écologiques.), mieux consommer<br />

(moins de déchets, moins de gaspillage) et<br />

mieux jeter (recyclage, et réutilisation)<br />

Un exemple : En matière d’alimentation,<br />

un « consommateur responsable » essayera<br />

d’éviter au maximum les résidus<br />

alimentaires, choisira les produits plus<br />

écologiques et ceux qui ont des circuits de<br />

transport courts.<br />

Fatou Diouf et Ndeye Khady Diame<br />

Qu’est-ce que cela à<br />

avoir avec moi<br />

<strong>Nous</strong> consommons, donc nous sommes !<br />

Très souvent, nous ne sommes concernés<br />

que par « la volonté d’avoir » - car seule<br />

la propriété rend heureux ! Ou peut-être<br />

<strong>pas</strong> ?<br />

<strong>Nous</strong> avons visité plusieurs initiatives en<br />

Allemagne et au Sénégal, qui s’engagent<br />

pour une consommation durable. <strong>Nous</strong><br />

avons découvert ces petites étapes de la<br />

vie quotidienne, qui peuvent apporter une<br />

contribution majeure au développement<br />

durable et qui peuvent nous aider à devenir<br />

un peu plus heureux et plus satisfaits de<br />

nous-mêmes.<br />

1. Regarde, ce que tu manges<br />

D’où viennent tes aliments ? Ta viande<br />

provient-elle de l’élevage industriel ? Ton<br />

café provient-il de plantations non biologiques<br />

d’outre-mer ? En consommer<br />

moins ou parfois essayer d’autres produits,<br />

alors tu pourras en profiter beaucoup plus.<br />

Magasin-gratuit « erreur de<br />

système » à Berlin.<br />

2. Teilen ist mehr<br />

Quelque chose ne te sert plus ? As-tu besoin<br />

de quelque chose ? N’achète <strong>pas</strong> de<br />

produits neufs ! Achète plutôt des produits<br />

d’occasion ou demande à tes amis. Utilise<br />

les groupes de media sociaux pour donner<br />

ou chercher. Une « Give Box » peut également<br />

être une bonne idée.


Petit maraîchage à Dakar<br />

3. Régional plutôt que mondial<br />

Soutenir le petit commerce du coin de la<br />

rue, <strong>tout</strong> en ayant une conversation agréable<br />

avec le commerçant, c’est mieux pour toi et<br />

ta région que d’avoir les grandes surfaces et<br />

les multinationales sur ta liste d’achat.<br />

Jardin communautaire à Hanovre<br />

Magasin « Originale-non-emballé » à Berlin<br />

4. Réduit tes déchets.<br />

Prends un sac réutilisable ou ton propre<br />

panier pour faire tes courses. Comme cela,<br />

à la maison, tu utiliseras moins souvent la<br />

poubelle et l’environnement restera propre.<br />

5. Utilisez les choses de façon<br />

créative.<br />

Les sacs, bouteilles ou verres en plastique<br />

peuvent être utilisés plusieurs fois ou trouver<br />

un nouvel usage. Les petits verres utilisés<br />

deviennent des récipients à condiments<br />

ou à épices et les boites de conserve se<br />

transforment en pots de fleurs. L’upcycling<br />

crée des portefeuilles ou des œuvres d’art.<br />

Upcycling au Sénégal<br />

Culture de légumes biologiques<br />

près de Dakar et Louga<br />

6. Consomme de façon consciente<br />

Bien sûr tu peux t’acheter de belles choses,<br />

mais demande toi à chaque fois : ai-je vraiment<br />

besoin de ça ? Ou, plutôt, achète des<br />

choses qui sont plus durables pour que tu<br />

puisses en profiter plus longtemps.<br />

Magasin de chaussures à Hanovre<br />

Maison des Amis de la Nature et cabane<br />

de Brombach dans la nature<br />

7. Economise l’énergie<br />

Laisse le couvercle sur la marmite pendant<br />

la cuisson ; ne laisse <strong>pas</strong> le robinet d’eau<br />

ouvert ; éteins la lumière quand tu n’en as<br />

<strong>pas</strong> besoin. Tu n’utilises <strong>pas</strong> ton ordinateur<br />

ou ton téléphone portable ? Alors<br />

débranche-le.<br />

Miriam Wolters


Page 8<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

La Décharge de Mbeubeuss<br />

La décharge de Mbeubeuss est située<br />

à la périphérie de la ville de Dakar. Les<br />

véhicules de collecte se déplacent entre les<br />

zones de collecte et la décharge en moyenne<br />

deux fois par jour. Ce qui correspond<br />

à environ 334 déversements de 14 tonnes<br />

de déchets par véhicule, soit un total de<br />

4676 tonnes de déchets par jour.<br />

La gestion des déchets de Dakar implique de<br />

nombreux et divers acteurs. Il y a d’un côté :<br />

l’Etat, les municipalités, les prestataires<br />

privés et de l’autre les récupérateurs et les recycleurs.<br />

Les usines industrielles et les hôpitaux<br />

ont également leurs propres moyens de<br />

transport vers la décharge. Le <strong>tout</strong> s’effectue<br />

sous le contrôle d’agents affectés par l’état.<br />

Ils mesurent les quantités de déchets entrant<br />

à l’aide d’un pont-bascule qui se trouve à<br />

l’entrée de la décharge.<br />

Les usines industrielles et les hôpitaux<br />

ont également leurs propres<br />

moyens de transport vers la décharge.<br />

La décharge de Mbeubeuss reçoit exclusivement<br />

des déchets de nature solide et pour la<br />

plupart provenant des ménages de la capitale,<br />

des unités industrielles, des hôpitaux,<br />

des marchés et d’autres services.<br />

Ils peuvent être catégorisés comme suit :<br />

Les déchets plastiques : sacs (sachets),<br />

bouteilles, chaises, câblerie, chaussures,<br />

pneus…<br />

Les déchets métalliques : fer, aluminium,<br />

cuivre, plomb, bronze, pièces mécaniques…<br />

Les déchets électroniques : radios,<br />

télévisions, téléphones, ordinateurs…<br />

Les déchets organiques : riz, poissons,<br />

résidus alimentaires…<br />

Mais le chemin ne s’arrête <strong>pas</strong> là. Car à<br />

la décharge vivent et travaillent de nombreuses<br />

personnes, qui récupèrent et recyclent<br />

les déchets. Le système de récupération<br />

comprend les étapes suivantes :<br />

1. Le tri :<br />

les déchets ne sont <strong>pas</strong> triés lors de la collecte.<br />

Le tri se fait manuellement à l’aide de<br />

crochets métalliques et la séparation est faite<br />

selon les catégories : matières plastiques,<br />

métaux et matières organiques.<br />

2. Le recyclage:<br />

les matières plastiques (chaussures, seaux,<br />

toiles imperméables) sont les plus recyclées.<br />

Les résidus alimentaires comme le riz, sont<br />

en partie récupérés et réemballés par les<br />

femmes qui les revendent aux éleveurs de<br />

porcs.<br />

3. La vente:<br />

Les produits récupérés sont majoritairement<br />

vendus sur place. Chaque personne tient une<br />

petite boutique où il vend les produits de son<br />

travail. Certaines filières, comme celles du<br />

verre, exportent jusque dans la sous-région.<br />

Les acheteurs vont du simple particulier aux<br />

entreprises, qui achètent en gros.<br />

Penda Mbow


Page 9<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

Une Impression avec résonance<br />

C’est un matin d’automne frais et pluvieux<br />

de septembre. Vingt-cinq créatures<br />

encore un peu somnolent se rendent<br />

de la station de métro Heddernheim à<br />

Francfort à une destination quelque peu<br />

inhabituelle. Même maintenant je doute<br />

qu’une visite dans usine d’incinération<br />

des déchets soit le meilleur que nous pouvions<br />

proposer à nos visiteurs sénégalais.<br />

Mais notre souhait en tant que participants<br />

était de laisser aussi de la place aux<br />

aspects moins beaux et aux critiques dans<br />

notre échange.<br />

Je ne sais <strong>pas</strong> à quoi je m’attendais, mais ce<br />

que je vois en premier me choque profondément.<br />

Le guide nous montre une<br />

fosse qui est si large et si profonde<br />

que je peux à peine jalonner ses<br />

dimensions. Il doit y avoir<br />

des tonnes et des<br />

tonnes d’ordures qui s’étendent devant nous.<br />

Des réfrigérateurs, des matelas, des vêtements,<br />

des caisses et des meubles ne sont<br />

que quelques objets identifiables dans une<br />

mer écumante de choses mises au rebut. Une<br />

grande grue métallique emporte plusieurs<br />

fois des parties des couches supérieures pour<br />

l’incinération. Ce faisant, elle libère constamment<br />

des nouvelles couches d’ordures<br />

plus profondes. La puanteur me coupe le<br />

souffle, et même la tentative de l’étouffer<br />

dans un mouchoir imbibé d’huile parfumé<br />

échoue. Les deux tiers du groupe appuient<br />

sur la bouche et le nez. Je me sens mal et<br />

étourdi.<br />

Le fait que les ordures soient si<br />

mélangées, serait dû au fait que les<br />

habitants ne séparent <strong>pas</strong> systématiquement<br />

leurs ordures. Cette tâche<br />

ne pouvant <strong>pas</strong> être effectuée dans<br />

l’usine d’incinération des déchets.<br />

Après que nous nous soyons éloignés de<br />

quelques mètres de cet endroit terrible, la<br />

voix de notre guide revient lentement dans<br />

ma conscience. L’usine d’incinération des<br />

déchets de Francfort fonctionne 365 jours<br />

par an et 24 heures sur 24, explique-t-il sobrement.<br />

Tout ce que nous venions de voir,<br />

seraient les ordures des poubelles noires, qui<br />

contiennent ici les déchets résiduels.<br />

Le fait que les ordures soient si mélangées,<br />

serait dû au fait que les habitants ne séparent<br />

<strong>pas</strong> systématiquement leurs ordures. Cette<br />

tâche ne pouvant <strong>pas</strong> être effectuée dans<br />

l’usine d’incinération des déchets. C’est<br />

pourquoi on brûle <strong>tout</strong> ce qu’apportent les<br />

gros camions qui arrivent chaque minute<br />

sur l’installation. Je commence à penser à<br />

<strong>tout</strong> ce que j’ai lancé ces derniers jours et<br />

semaines dans la poubelle noire devant ma<br />

porte.<br />

Ce n’est que plus tard que des traces<br />

d’os humains ont pu être détectées<br />

dans les cendres nous explique l’employé.<br />

Une fois de plus, il me fait<br />

froid dans le dos.<br />

Ce « chaos » irait si loin, qu’ il y a un an<br />

la police a fouillé les déchets de l’usine à<br />

la recherche d’un corps, a lamentablement<br />

échoué. Ce n’est que plus tard que des traces<br />

d’os humains ont pu être détectées dans les<br />

cendres nous explique l’employé. Une fois<br />

de plus, il me fait froid dans le dos. Arrivés<br />

dans la partie à haute température de l’usine,<br />

nous pouvions regarder à travers une petite<br />

trappe dans la chaudière à combustion.<br />

C’est seulement longtemps après avoir quitté<br />

l’incinérateur, que la tension, qui a dominé<br />

mon corps pendant <strong>tout</strong>e la visite, retombe.<br />

Mais ce qui persiste, ce sont de nombreuses<br />

réflexions sur la quantité incroyable de<br />

déchets produits dans la seule zone métropolitaine<br />

de Francfort. Bruler quotidiennement<br />

cette masse de déchets ne peut jamais<br />

être une solution durable. Comment nos<br />

habitudes de consommation doivent elles<br />

changer pour accumuler moins de déchets ?<br />

La société civile a-t-elle vraiment le pouvoir<br />

d’influencer ce processus ? Comment persuader<br />

l’industrie et le commerce de gros de<br />

ne <strong>pas</strong> emballer inutilement leurs produits et<br />

d’utiliser plus de matériaux recyclés ?<br />

Alice Reitz


Page 10<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

Les ordures cachées<br />

Le Sénégal sale, l’Allemagne propre,<br />

c’est sans doute ce que beaucoup d’entre<br />

nous imaginaient avant notre échange.<br />

Qu’en est-il de <strong>tout</strong> ça après deux séjours<br />

de deux semaines dans les deux pays ?<br />

Lors de notre visite à l’usine d’incinération<br />

des déchets de Francfort, on nous a expliqué<br />

comment les différents matériaux recyclables<br />

sont séparés. Au même moment, des<br />

camions-poubelles arrivaient chaque minute<br />

et déchargeaient des tonnes d’ordures.<br />

Dans une perspective différente, nous<br />

avons visité le magasin « Unverpackt-Laden<br />

» qui veut dire « sans emballage », dans<br />

le quartier « Kreuzberg » à Berlin où tous<br />

les produits vendus sont sans emballage.<br />

Dans <strong>tout</strong>es les maisons des Amis de la Nature,<br />

où nous étions hébergés, une attention<br />

particulière était accordée à la séparation<br />

stricte des déchets…<br />

et donc aussi les déchets accumulés. Dans<br />

une évaluation du cycle de vie qui inclurait<br />

ce gaspillage invisible, l’Allemagne s’en<br />

tirerait bien plus mal que le Sénégal.<br />

L’industrie allemande externalise sa<br />

production vers les pays du Sud, et<br />

donc aussi les déchets accumulés.<br />

Dans une évaluation du cycle de vie<br />

qui inclurait ce gaspillage invisible,<br />

l’Allemagne s’en tirerait bien plus<br />

mal que le Sénégal.<br />

Avant de se plaindre des sacs en plastique<br />

dans les rues de Dakar, on devrait d’abord<br />

réduire le nombre de sacs poubelle en Allemagne<br />

qui s’y accumulent.<br />

Marc Eils<br />

Que peut faire la politique ?<br />

Au Rwanda, il y a une interdiction stricte<br />

des sacs en plastique depuis des années.<br />

Les bagages sont fouillés à l’aéroport à la<br />

recherche de sacs en plastique qui rentrent<br />

clandestinement dans le pays. Une<br />

fois par mois, une journée nationale de<br />

nettoyage est organisée dans <strong>tout</strong> le pays.<br />

Et devant les caméras, le président même<br />

est à l’œuvre. Au Kenya et seulement en<br />

quelques mois, une loi a été adoptée l’année<br />

dernière. Elle interdit la possession<br />

et la vente de sacs en plastique sous peine<br />

de lourdes amendes ou de prison. Rapidement<br />

les sacs en plastique ont été remplacés<br />

par des corbeilles. L’Allemagne<br />

pourrait-elle en tirer des leçons au lieu de<br />

s’appuyer sur des engagements vagues<br />

des chaînes de supermarchés ?<br />

Les sacs d’ordures des habitants sont<br />

déversés dans le camion et les sacs<br />

vides laissés dans la rue afin qu’ils<br />

puissent être réutilisés. En fait très<br />

durable, non ? Néanmoins, le sentiment<br />

du Sénégal sale reste.<br />

Changement de lieu. Petit-Mbao près<br />

de Dakar. Des ordures sont au bord de la<br />

route et il y a des poubelles dans la Maison<br />

des Amis de la Nature. Lors de notre<br />

promenade à la plage, des ordures rejetées<br />

par la mer étaient visibles par<strong>tout</strong>. Sur le<br />

chemin du retour, nous rencontrons un<br />

camion-poubelle. Les sacs d’ordures des<br />

habitants sont déversés dans le camion et<br />

les sacs vides laissés dans la rue afin qu’ils<br />

puissent être réutilisés. En fait très durable,<br />

non ? Néanmoins, le sentiment du Sénégal<br />

sale reste. Sur notre trajet vers le nord du<br />

pays, nous apercevons quelques montagnes<br />

de déchets. Encore et toujours, ces petits<br />

sacs en plastique qui bordent les rues.<br />

Le volume de déchets plastiques par habitant<br />

au Sénégal est de 13 kg. En Allemagne,<br />

il est de 37 kg, soit presque trois fois plus.<br />

L’Allemagne est seulement très habile à<br />

cacher ses déchets.<br />

Chaque année, ils exportent environ 760<br />

000 tonnes de déchets plastiques vers la<br />

Chine. Celle-ci vient de déclarer que le<br />

pays n’a plus envie d’embellir l’écobilan<br />

de l’Allemagne et veut arrêter de recevoir<br />

ces déchets. L’industrie allemande externalise<br />

sa production vers les pays du Sud,


Page 11<br />

“La consommation durable”<br />

Août 2018<br />

Capitalisme vs durabilité<br />

La maximisation de profits est la<br />

première priorité dans le capitalisme.<br />

Cela a des conséquences.<br />

Déjà au siècle dernier, « Tragedy of the<br />

commons » qui signifie « tragédie des biens<br />

communs » ou « tragédie des communaux<br />

» décrivait la surexploitation des biens<br />

publics tels que l’eau propre, l’air pur<br />

ou les stocks de poissons, pour des intérêts<br />

financiers privés. Une pêche excessive de<br />

poissons peut être rentable pour une seule<br />

entreprise mais à long terme <strong>tout</strong> le monde<br />

en pâtira. En effet, les couts négatifs seront<br />

externalisés et donc répercutés sur <strong>tout</strong>e la<br />

communauté.<br />

La question n’est <strong>pas</strong> seulement de<br />

savoir comment nous voulons organiser<br />

notre société et notre économie.<br />

Plus important encore est la<br />

question de la propriété et de sa<br />

répartition.<br />

La question n’est <strong>pas</strong> seulement de savoir<br />

comment nous voulons organiser notre<br />

société et notre économie. Plus important<br />

encore est la question de la propriété et de<br />

sa répartition. Un petit groupe d’individus<br />

s’approprie de tant de ressources, que leur<br />

propriété commence à devenir source de<br />

pouvoir. Ils utilisent ce pouvoir pour accroitre<br />

leurs biens et mettre tous les autres<br />

groupes en opposition les uns contre les<br />

autres. <strong>Nous</strong> vivons dans une concurrence<br />

permanente : employés contre travailleurs<br />

temporaires, travailleurs précaires contre<br />

chômeurs, chômeurs contre réfugiés.<br />

Même les prétendus gagnants du système<br />

sont opposés les uns aux autres : les PDG<br />

ont des conseils de surveillance, et a l’exception<br />

de quelques super-riches, 99% des<br />

gens ont des patrons au-dessus d’eux. Tous<br />

les hommes recherchent une vie meilleure,<br />

mais pour beaucoup d’entre nous, c’est une<br />

question de survie. Dans le Nord Global<br />

cela signifie « emplois merdiques », dans<br />

d’autres pays <strong>tout</strong> simplement la faim.<br />

<strong>Nous</strong> avons besoin de politiques de solidarité<br />

dans les États-nations et au-delà.<br />

<strong>Nous</strong> devons essayer de faire comprendre<br />

aux gens qu’une politique de gauche ne<br />

signifie <strong>pas</strong> que les gens doivent partager<br />

jusqu’à leurs brosses à dents. Mais il s’agit<br />

plutôt de ne <strong>pas</strong> s’acheter chaque année<br />

un nouveau smartphone et d’accorder plus<br />

d’importance à l’humain qu’aux intérêts<br />

des entreprises et de leurs propriétaires.<br />

Nos économies ne sont ni efficaces ni durables.<br />

Ce qui est paradoxale, c’est que beaucoup<br />

souhaitent un monde différent.<br />

La solution c’est une économie démocratique<br />

et durable. Mais pour cela nous avons<br />

besoins de régulations économiques et d’un<br />

état fort pour les imposer. Par exemple un<br />

salaire minimum qui serait suffisant pour<br />

vivre dignement, ou encore une sortie du<br />

nucléaire et de l’énergie à base de charbon<br />

dans <strong>tout</strong>e l’Europe. <strong>Nous</strong> avons besoin<br />

de subventions, <strong>pas</strong> pour des technologies<br />

dé<strong>pas</strong>sées mais pour de nouvelles technologies<br />

sans émissions de CO2. Ainsi, nous<br />

pourons à nouveau respirer l’air dans nos<br />

villes et ne <strong>pas</strong> nous étouffer par notre propre<br />

prospérité.<br />

Les accords de libre-échanges (les APE par<br />

exemple, l’accord entre l’UE et les 78 États<br />

d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique)<br />

devraient être remplacés par des investissements<br />

sans conditions qui n’engendrent <strong>pas</strong><br />

un néo-colonialisme. <strong>Nous</strong> devrions investir<br />

dans ce dont les gens ont besoin sur<br />

place. Cela pourrait être des puits d’eau,<br />

des écoles ou des poubelles. Dans cette démarche,<br />

il est important de ne <strong>pas</strong> imposer<br />

des solutions présumées, mais d’aider à se<br />

<strong>pas</strong>ser de l’aide, au lieu de rendre les pays<br />

économiquement dépendants de l’aide au<br />

développement. Cela pourrait peut-être<br />

également éliminer les raisons de chercher<br />

une vie meilleure ailleurs.<br />

En bref, nous devons faire le ménage chez<br />

nous et créer des conditions plus démocratiques<br />

pour que d’autres pays et l’environnement<br />

en profitent. Alors, peut-être,<br />

les problèmes liés à «la tragédie des biens<br />

communs » seront résolus, et ceux qui vivent<br />

aux dépens de la communauté réaliseront<br />

leurs erreurs et commenceront à corriger<br />

la situation.<br />

Tilo Podstatny-Scharf


Page 12<br />

Notre Verbandskasten rencontre<br />

Août 2018<br />

2 vols, 2 semaines<br />

Les rencontres internationales sontelles<br />

une atteinte à l’environnement ?<br />

Il y a environ un an et demi, je suis tombé<br />

sur une annonce de cette rencontre germano-sénégalaise.<br />

Le pays : Sénégal, Le<br />

thème : la consommation durable, <strong>tout</strong><br />

ça semblait très fascinant.<br />

Mais alors j’ai commencé à douter : Estce<br />

que c’est correct de prendre l’avion<br />

pour aussi loin pour une rencontre de<br />

deux semaines ?<br />

Depuis plusieurs années, je suis membre de<br />

la « jeunesse des Amis de la Nature ». Pour<br />

moi, les voyages et les rencontres internationales<br />

font partie au même titre que le<br />

développement durable du mouvement des<br />

Amis de la Nature. Mais maintenant je me<br />

demande : Est-ce que <strong>tout</strong> est compatible ?<br />

Je suis arrivé à la conclusion suivante : Oui,<br />

il n’y a <strong>pas</strong> de contradiction. Parce que pour<br />

moi, les effets positifs prédominent. Les<br />

rencontres de jeunes sont précieuses. Elles<br />

contribuent à une plus grande compréhension<br />

mondiale et à l’échange d’idées, qui<br />

aident à réduire les préjugés et favorisent<br />

ainsi un développement plus durable dans<br />

le monde entier. L’échange m’a donné une<br />

idée de la vie au Sénégal. Il a permis aux<br />

participants des deux pays de s’interroger<br />

sur leur propre comportement et les a aidés<br />

à mieux comprendre ceux des autres.<br />

<strong>Nous</strong> avons appris à profondément<br />

réfléchir sur les préjugés et à être<br />

plus ouvert dans nos rapports avec<br />

les autres.<br />

<strong>Nous</strong> avons appris à profondément réfléchir<br />

sur les préjugés et à être plus ouvert<br />

dans nos rapports avec les autres. En termes<br />

de contenu, il était question pour l’essentiel<br />

des objectifs de développement durable<br />

(ODD). Ici aussi, je crois que des solutions<br />

aux problèmes globaux ne peuvent<br />

être trouvées que si l’on<br />

connaît les conditions et liens<br />

complexes et si on travaille ensemble<br />

et si on participe tous à<br />

la recherche de solutions.<br />

L’échange nous a permis de partager des<br />

idées et de connaitre d’autres modes de vie<br />

durables.<br />

En conséquence, nous avons commencé à<br />

réfléchir sur nos comportements en tant que<br />

consommateurs et sur des choses qui sont<br />

évidentes pour les uns mais ne le sont <strong>pas</strong><br />

pour les autres.<br />

Je n’oublierai jamais combien les Amis de<br />

la Nature sénégalais étaient heureux et fiers<br />

quand ils ont cueilli pour la première fois<br />

une pomme.<br />

La jeunesse est l’avenir de notre planète et<br />

elle devrait l’organiser ensemble de façon<br />

universelle !<br />

Jani<strong>nka</strong> Lutze


Page 13<br />

Notre rencontre<br />

Août 2018<br />

Défis et relations<br />

Entretien avec Youssoupha (23 ans et<br />

membre d’un groupe universitaire à l’UGB<br />

de Saint Louis au Sénégal)<br />

Comment évalues-tu la première partie de<br />

l’échange ?<br />

Bon, dans l’ensemble, ça été un succès, car<br />

il a commencé de façon très satisfaisante et<br />

s’est terminé aussi de la même façon.<br />

Y a-t-il eu des difficultés, si oui lesquelles ?<br />

Oui, absolument. C’est toujours difficile<br />

quand deux groupes venant d’horizons différents<br />

se rencontrent pour la première fois.<br />

Chaque groupe ayant ses propres préjugés<br />

et conceptions sur l’autre groupe. C’est<br />

pourquoi il y a toujours bien sûr des malentendus<br />

ou des interprétations erronées qui<br />

peuvent conduire à des tensions et des conflits.<br />

<strong>Nous</strong> avons connu quelques difficultés<br />

à Francfort. Mais c’était normal, car c’était<br />

la première fois que nous venions en Allemagne<br />

et pour les Allemands la première<br />

fois qu’ils vivaient avec des Sénégalais.<br />

Les tensions et les conflits ont disparu<br />

au fur et à mesure que nous<br />

nous connaissions mieux et apprenions<br />

à nous comprendre.<br />

Avez-vous réussi à les surmonter ?<br />

Oui. Les tensions et les conflits ont disparu<br />

au fur et à mesure que nous nous connaissions<br />

mieux et apprenions à nous comprendre.<br />

Cela a alors conduit à la formation d’un<br />

groupe commun et indivisible. C’est comme<br />

mon interprétation des deux cartes que<br />

j’ai choisies pendant l’évaluation à la Maison<br />

des Amis de la Nature (« Naturfreundehaus<br />

») : <strong>Nous</strong> sommes d’heureux « VIP » à<br />

Hanovre, car “on a fait le boulot“ !<br />

Youssoupha<br />

Entretien avec Sandra (21 ans et membre<br />

du mouvement les amis de la nature de<br />

Pforzheim en Allemagne)<br />

Comment était ton séjour au Sénégal ?<br />

J’ai vraiment apprécié le voyage, pour moi<br />

c’était une grande aventure et j’ai beaucoup<br />

appris.<br />

Quelle expérience vécue t’a le plus marqué<br />

?<br />

Ma visite au village de Diadieum 3 a été<br />

celle qui m’a le plus marqué. J’adore cet<br />

endroit car <strong>tout</strong> le monde est très accueillant<br />

et sympathique. C’était agréable d’être<br />

loin des grandes villes et de voir une vie<br />

différente. J’ai particulièrement apprécié<br />

les moments où nous nous sommes assis<br />

ensemble autour d’une grande assiette et<br />

avons mangé le même plat, ainsi que le<br />

mariage auquel nous avons eu le privilège<br />

d’assister.<br />

Sandra<br />

J’ai vu beaucoup de similitudes<br />

entre le Sénégal et l’Allemagne.<br />

Quels enseignements tires-tu de ton séjour<br />

?<br />

J’ai vu beaucoup de similitudes entre le<br />

Sénégal et l’Allemagne. Et j’ai vraiment<br />

apprécié l’ouverture des Sénégalais et la<br />

facilité avec laquelle nous avons fait connaissance.<br />

Peux-tu résumer le voyage en quelques<br />

mots ?<br />

“Lep diam”. C’est le wolof (l’une des<br />

langues nationales au Sénégal) et signifie<br />

“<strong>tout</strong> va bien”.<br />

Interview réalisé par Makha Traore<br />

Interview réalisée par Assane Diop


Page 14 Notre rencontre<br />

Août 2018<br />

Différences et particularités<br />

Que signifie la ponctualité ?<br />

La gestion du temps et la ponctualité sont<br />

très importantes en Allemagne. Dans les<br />

transports en commun, la distance est exprimée<br />

en termes de temps. Dans les gares,<br />

les tableaux d’affichages indiquent toujours<br />

quand le prochain train arrive. Cette<br />

course contre le temps implique que <strong>tout</strong><br />

doit être organisé d’avance. Cette conception<br />

du temps ne correspond <strong>pas</strong> à la vie<br />

au Sénégal. C’est ce qui explique pourquoi<br />

le calendrier serré en Allemagne nous a<br />

stressés. <strong>Nous</strong> Sénégalais planifions notre<br />

vie quotidienne selon notre humeur. Ce qui<br />

fait que <strong>tout</strong> notre programme pour le voyage<br />

a été réellement fixé peu de temps avant<br />

le départ.<br />

Partager ! Partager ! Partager !<br />

Le Sénégal est généralement connu comme<br />

le pays de la « Teranga », ce qui signifie<br />

la terre de l’hospitalité. En tant qu’invite,<br />

on peut facilement causer avec les gens<br />

et pendant les re<strong>pas</strong> profiter de leur hospitalité.<br />

Vous n’aurez jamais à payer pour<br />

utiliser les toilettes. Frappez à n’importe<br />

quelle porte et demandez les toilettes.<br />

Cet esprit communautaire, est encore plus<br />

visible pendant les re<strong>pas</strong>, car dans les familles<br />

sénégalaises <strong>tout</strong> le monde mange<br />

ensemble dans une assiette commune.<br />

Dans les villages comme « Diadieum », où<br />

nous étions, les maisons n’ont même <strong>pas</strong><br />

de porte.<br />

Il y a du sucre dans le café.<br />

Les sénégalais consomment beaucoup de<br />

sucre. Des boissons telles que le café, le<br />

thé ou le lait sont servies avec du sucre au<br />

Sénégal parce que c’est <strong>tout</strong> simplement<br />

l’usage. A l’achat on ne vous demandera<br />

jamais si vous voulez du sucre dans votre<br />

boisson ou non. Ceci s’applique également<br />

au très spécial café local qui est vendu dans<br />

la rue à travers le Sénégal. Les amis allemands<br />

de la nature ont pu goûter ce “Café<br />

Touba” - avec du sucre.<br />

Végétalien ou consommateur de viande.<br />

Le véganisme est un régime ou l’on ne<br />

consomme <strong>pas</strong> de viande, ni de poisson, ni<br />

d’autres produits animaux. Certains le font<br />

pour des raisons de santé, d’autres pour la<br />

protection de l’environnement ou pour des<br />

raisons idéologiques. En Allemagne, et<br />

sur<strong>tout</strong> à Berlin, il y a de plus en plus de<br />

végétaliens. De nombreux amis allemands<br />

de la nature font partie de ce mouvement.<br />

<strong>Nous</strong>, les Sénégalais, avions un plus grand<br />

choix pendant les re<strong>pas</strong> : nous avons essayé<br />

des saucisses végétaliennes, mais avons<br />

aussi mangé de délicieux Döner Kebab.<br />

Dans les plats sénégalais on trouvera presque<br />

toujours de la viande ou du poisson,<br />

comme dans le „Ceebu jen” (riz et poisson)<br />

ou dans le „Yassa Guinar” (riz et poulet<br />

avec sauce à l’oignon et légumes). Cependant,<br />

beaucoup de viande n’est disponible<br />

que pour des occasions spéciales, par exemple<br />

: lorsqu’il y a des invités.<br />

Hé ! Vous marchez sur la piste cyclable<br />

Peux-tu t’imaginer une rue qui est uniquement<br />

réservé aux vélos ?<br />

Les bicyclettes jouent un rôle essentiel dans<br />

le trafic suburbain allemand. Il y a même<br />

des gens qui font du vélo pour aller travailler.<br />

En outre, les bicyclettes ont souvent<br />

leurs propres voies sur lesquelles on peut<br />

conduire en <strong>tout</strong>e sécurité. Au Sénégal, la<br />

<strong>pas</strong>sion générale pour le cyclisme n’est <strong>pas</strong><br />

aussi prononcée. Moi-même personnellement<br />

je ne sais <strong>pas</strong> faire du vélo.<br />

L’arbre aux brosses à dents<br />

En plus de la brosse à dents moderne, les<br />

Sénégalais utilisent depuis longtemps des<br />

branches de « Salvadora Persica » pour<br />

se brosser les dents. Les branches ont les<br />

mêmes avantages que les brosses à dents.<br />

En plus des dents propres et plus blanches,<br />

ces branches possèderaient également des<br />

pouvoirs thérapeutiques curatifs.<br />

Les branches sont mâchées à une extrémité<br />

jusqu’à ce que la structure fibreuse de la<br />

branche soit un peu lâche et ressemble à<br />

une brosse à dents normale.<br />

Assiettes vides<br />

Ne soit <strong>pas</strong> surpris si tu ne trouves plus de<br />

nourriture dans l’assiette de ton voisin.<br />

Les Allemands finissent habituellement<br />

leurs assiettes. Au Sénégal par contre vos<br />

amis se moqueront de vous si vous finissez<br />

votre assiette.<br />

Mamadou Sylla


Page 15 Notre rencontre<br />

Août 2018<br />

Des paysages d’une<br />

beauté époustouflante<br />

Les paysages en Allemagne et au Sénégal<br />

sont très différents. Toutefois, pendant<br />

la saison des pluies, de juillet à octobre,<br />

de petites similitudes peuvent être<br />

observées, car c’est la seule période au<br />

Sénégal, où les arbres se régénèrent et où<br />

les tapis herbacés apparaissent. Cependant,<br />

ce phénomène d’une beauté époustouflante,<br />

est dépendant de l’abondance<br />

de l’eau.<br />

Pendant notre séjour en Allemagne à la<br />

fin de l’été, un paysage avec une diversité<br />

unique s’offrit en nous. Cela a provoqué<br />

parfois de grandes émotions chez nous les<br />

sénégalais et pour beaucoup c’était une expérience<br />

phénoménale et inoubliable.<br />

Dans les trois villes que nous avons visitées,<br />

Berlin, Francfort et Hanovre, nous avons<br />

trouvé des systèmes similaires. Il y a des<br />

parcs, des espaces verts, des espaces publics<br />

et de la verdure le long des autoroutes.<br />

La végétation n’est <strong>pas</strong> limitée aux forêts.<br />

Francfort est même connu sous le nom de<br />

« ville verte » en raison de sa végétation.<br />

Dans les forêts denses autour des villes,<br />

nous avons alors reconnu une bonne gestion<br />

de la flore sur <strong>tout</strong> le territoire. Les<br />

principaux types d’arbres sont le pin, le<br />

chêne, l’épicéa et le hêtre. La riche couverture<br />

végétale peut s’expliquer par un climat<br />

favorable aux plantes et plutôt humide. En<br />

outre, l’automne s’est annoncé par l’apparition<br />

de feuilles brun-rouge. Une particularité<br />

magnifique.<br />

Allemagne<br />

Au sud, en revanche, il existe un<br />

climat subtropical (humide) qui,<br />

avec ses grandes forêts denses<br />

et ses tapis d’herbes, rappelle la<br />

végétation en Allemagne.<br />

Sénégal<br />

Contrairement à l’Allemagne, le Sénégal<br />

offre un climat plus ou moins sec avec une<br />

température pouvant atteindre 40 degrés et<br />

plus, selon la zone et la saison. Cela affecte<br />

le paysage et conduit parfois à seulement<br />

une petite couverture végétale. Cependant,<br />

il existe une grande variété d’espèces<br />

végétales qui rendent le paysages si différents<br />

et admirables en même temps. Ces<br />

espèces comprennent, par exemple, les<br />

baobabs (Gouye, l’emblème national), les<br />

Fedherbias (kad), les balanites (Soumpe) et<br />

les cocotiers (coco).<br />

Du centre jusqu’au nord du pays, nous trouvons<br />

des zones arides et semi-arides avec<br />

des savanes arborées. Au sud, en revanche,<br />

il existe un climat subtropical (humide) qui,<br />

avec ses grandes forêts denses et ses tapis<br />

d’herbes, rappelle la végétation en Allemagne.<br />

Mamadou Diop


Page 16 Notre rencontre<br />

Août 2018<br />

L‘aspect politique du mouvement<br />

des Amis de la Nature<br />

L’action à la conférence des Amis de la Nature internationaux à Brighton en 1987<br />

Le mouvement des Amis de la Nature<br />

s’est engagé depuis sa création à Vienne<br />

en 1895 pour la justice et l’amélioration<br />

des conditions de vie. Son objectif fut<br />

<strong>tout</strong> d’abord de permettre au prolétariat<br />

et aux individus issus d’autres couches<br />

sociales d‘avoir un accès libre à la nature.<br />

Cela n’avait rien d’évident à cette époque.<br />

Le salut typique « Berg Frei », qui<br />

signifie « montagne libre », date de cette<br />

période. C’est la revendication d’un libre<br />

accès pour tous aux sites naturels.<br />

Qu’est ce qui en reste après 123 ans?<br />

Aujourd’hui, le mouvement est très répandu<br />

dans le monde entier sous différentes<br />

formes. A mon avis, l‘ organisation des<br />

Amis de la Nature a hérité des aspects sociopolitiques<br />

et environnementaux des années<br />

de création. Le premier groupe local<br />

en Allemagne fut créé en 1905, juste dix<br />

ans après le lancement du mouvement à<br />

Vienne (Autriche). A noter que qu’il existe<br />

une organisation indépendante de la jeunesse<br />

allemande depuis plus de 90 ans.<br />

Les Amis de la Nature d’Allemagne ont<br />

vécu les deux guerres mondiales en étroite<br />

liaison avec la social--démocratie de leur<br />

pays. Ils ont désapprouvé et rejeté l‘idéologie<br />

inhumaine du fascisme, et beaucoup<br />

de ses membres se sont engagés dans la résistance<br />

active.<br />

Dès 1933, l’organisation fut interdite et<br />

dépossédée de tous ses biens immobiliers<br />

nommés « Maison des Amis de la Nature ».<br />

Beaucoup d’Amis de la Nature n’ont <strong>pas</strong><br />

survécu à ces années de terreur. L’association<br />

fut cependant relancée en 1945 et<br />

comptait parmi ses membres des personnes<br />

comme Herbert Frahm qui, plus tard sous<br />

le nom de « Willy Brandt » devint Président<br />

du SPD et Chancelier de la république<br />

fédérale d’Allemagne. De nos jours, il y a<br />

également beaucoup d’Amis de la Nature<br />

qui sont députés au parlement fédéral de<br />

l’Allemagne (le Bundestag).<br />

L‘engagement dans la société civile<br />

est aussi d‘une importance capitale<br />

dans les prises de décisions politiques.<br />

Pendant ma visite dans le pays, j‘ai compris<br />

que cette présence dans la sphère politique<br />

est une source de force politique. Elle<br />

permet encore de nos jours aux Amis de la<br />

Nature de l’Allemagne de remettre en question<br />

beaucoup de décisions gouvernementales<br />

jugées néfastes pour l’environnement<br />

et la société. L‘engagement dans la société<br />

civile est aussi d‘une importance capitale<br />

dans les prises de décisions politiques. A<br />

travers des manifestations et des actions civiles,<br />

ils s’engagent de manière constante<br />

pour la préservation de l’environnement et<br />

des acquis sociaux. Par exemple, à la suite<br />

de l’accident nucléaire de Fukushima de<br />

2011, ils jouent un rôle important dans la<br />

lutte contre l’énergie nucléaire. Le gouvernement<br />

fédéral de l’époque décida la même<br />

année, que tous les réacteurs nucléaires<br />

soient progressivement arrêtés d’ici 2022.<br />

A la différence de cela, nous Amis de la<br />

Nature du Sénégal, regroupés au sein de<br />

l’Association Sénégalaise des Amis de la<br />

Nature (ASAN), ne sommes <strong>pas</strong> très politiques.<br />

Cette orientation apolitique qui<br />

rompt avec cette logique du mouvement en<br />

Autriche et en Allemagne, peut s’expliquer<br />

à mon avis par le fait que le mouvement du<br />

Sénégal est né beaucoup plus tard en 1983,<br />

soit 80 ans après. Au-delà de cela, le contexte<br />

de sa création était différent. Au Sénégal,<br />

l’enjeu fondamental n’étais <strong>pas</strong> une<br />

lutte de classes dans une société où l’accès<br />

à la nature était réservé à une bourgeoisie<br />

minoritaire, mais plutôt la protection de la<br />

nature contre un accès anarchique. En effet,<br />

cela conduisait très souvent à une exploitation<br />

maladroite et à la destruction de la nature.<br />

Les activités au Sénégal ont été mises<br />

en place de façon indépendante et sans<br />

aucun lien avec le mouvement en Europe.<br />

C’est quelques années après, en 1996, que<br />

commence un véritable contact et l’intégration<br />

de l’ASAN à l’Internationale des Amis<br />

de la Nature (IAN).<br />

Malgré son adhésion au mouvement international<br />

des Amis de la Nature , L’ASAN<br />

reste toujours apolitique. L’accent est mis<br />

sur une approche participative, qui se<br />

traduit par des actions et un grand engagement<br />

bénévole. Plusieurs jeunes s’engagent<br />

dans nos groupes universitaires et organisent<br />

entre autres des activités de formation<br />

et de sensibilisation, de reboisement, de<br />

préservation de la biodiversité et de l’assainissement.<br />

Le développement du partenariat<br />

national et international est aussi une<br />

de nos aspirations les plus fondamentales.<br />

Youssoupha Traore


Page 17<br />

Août 2018<br />

Engagement pour<br />

un monde durable<br />

Pendant notre séjour en Allemagne, dans<br />

le cadre des échanges entre l’Association<br />

Sénégalaise des Amis de la Nature et le<br />

mouvement les Amis de la Nature de<br />

L’Allemagne, j’ai été particulièrement<br />

impressionnée par une chose qui en plus<br />

m’a réjouis : c’est l’engagement et la volonté<br />

des allemands à promouvoir la justice,<br />

l’égalité et le fair-play.<br />

Ceci ne peut sans doute se <strong>pas</strong>ser qu’en Allemagne<br />

: Le nom d’une rue provoque des<br />

disputes et fait l’objet de vandalisme, parce<br />

qu’il exprime une insulte raciste. Il s’agit<br />

de la rue « Mohrenstraße » à Berlin. Le<br />

nom fait allusion au mot français « nègre ».<br />

Cette insulte raciste suscite de la résistance<br />

qui s’exprime aussi à travers un petit jeu<br />

de mots amusant. S‘inspirant d’une action<br />

de l‘association des jeunes Amis de la Nature<br />

(Naturfreunde jugend) de Berlin, les<br />

Berlinois ont pris l’habitude d’ajouter deux<br />

points sur le « o » des plaques ou sont écrits<br />

le nom de la rue. De cette façon, « Mohrenstraße<br />

» devient « Möhrenstraße » qui signifie<br />

« rue des carottes ».<br />

Des actes de protestation exceptionnels<br />

similaires se <strong>pas</strong>sent également dans d’autres<br />

endroits en Allemagne. Il y en a qui<br />

mériteraient un « Oscar ». En guise d’exemple,<br />

je peux citer : une marche funèbre<br />

pour des arbres abattus, où tous les participants<br />

étaient habillés en noir et marchaient<br />

avec des larmes peintes sur le visage. Soit<br />

des amis de la nature déguisés en animaux<br />

sauvages pour faire découvrir la nature<br />

aux enfants, soit un flashmob pendant<br />

lequel un groupe errait çà et là les yeux<br />

bandés, pour protester contre les négociations<br />

secrètes sur l’accord TTIP (traité de<br />

libre-échange transatlantique) entre l’UE<br />

et les États-Unis. A travers tous ces actes,<br />

des personnes engagées dénoncent les abus<br />

et dysfonctionnements dans différents domaines<br />

de la vie en société tels que des accords<br />

commerciaux injustes, la destruction<br />

de la nature ou le racisme.<br />

A cela s’ajoute une culture de développement<br />

durable très marquée, perceptible à<br />

beaucoup d’endroits et dans la vie quotidienne.<br />

Le pays est largement connu pour ses<br />

initiatives écologiques. En 2015 la ville de<br />

Francfort était en tête du classement mondial<br />

des villes les plus durables. Elle s’est<br />

fixée l’objectif ambitieux de réduire ses<br />

émissions de CO2 de 95% d’ici 2050 et<br />

encourage également l’industrie à la suivre<br />

dans cette démarche.<br />

En effet, bien que <strong>tout</strong>es les actions<br />

ne soient <strong>pas</strong> toujours efficaces, de<br />

nombreuses personnes s‘investissent<br />

avec ardeur et dévouement pour le bien-être<br />

de tous.<br />

Mon séjour en Allemagne m’a permis,<br />

malgré le <strong>pas</strong>sé historique cruel avec les<br />

deux guerres mondiales et le colonialisme,<br />

d’avoir une image plus diversifiée de ce<br />

pays. En effet, bien que <strong>tout</strong>es les actions ne<br />

soient <strong>pas</strong> toujours efficaces, de nombreuses<br />

personnes s‘investissent avec ardeur et<br />

dévouement pour le bien-être de tous. Aussi<br />

bien en Allemagne que dans le reste du<br />

monde.<br />

Aïssatou Ndiaye


Page 18<br />

Feuilleton<br />

Août 2018<br />

German-Wolof-Dictionary<br />

Naka <strong>waar</strong><br />

= What´s going on?<br />

= Was ist los?/ Was geht ab?<br />

Nanga deff<br />

= How are you?<br />

= Wie geht’s<br />

dir?<br />

Dafa tang<br />

= It is hot<br />

= Es ist heiss<br />

Dafa sede<br />

= It is cold<br />

= Es ist kalt<br />

Jeureujeuf<br />

= Thank you<br />

= Danke<br />

Fanane jaam<br />

= Good night<br />

= Gute Nacht<br />

Ba souba<br />

= See you<br />

tomorrow<br />

= Bis morgen<br />

Alleu bi<br />

= The forest<br />

= Der Wald<br />

Mbaalit mi<br />

= The waste<br />

= Der Müll<br />

Yay sama xarite<br />

= You are my friend<br />

= Du bist mein*e<br />

Freund*in<br />

Ñou dém<br />

= Let´s go<br />

= Los gehts<br />

Kaay<br />

= Come<br />

= Komm<br />

Gawlën<br />

= Hurry up<br />

= Beeil Dich!<br />

Ñata<br />

= How much<br />

does it cost?<br />

= Wieviel<br />

kostet das?<br />

Neexneu<br />

= It tastes<br />

delicious<br />

= Es schmeckt<br />

lecker<br />

Douma lékk yapeu<br />

= I don’t eat meat<br />

= Ich esse kein<br />

Fleisch<br />

Maaïma ma naane<br />

= Give me some water to<br />

drink<br />

= Gib mir etwas Wasser zu<br />

Trinken<br />

Sandra Lindenmann et<br />

Youssoupha Traore


Fly<br />

i<br />

ng<br />

in<br />

the<br />

w<br />

Flying in the wind<br />

like loose leaves in fall<br />

falling across the world<br />

we are feeling so small<br />

in a life<br />

where money makes you big<br />

the borders make us sick<br />

coming from the same seed<br />

different is the appearance of our trees<br />

common is our fight for freedom and peace<br />

Mother Nature is getting angry<br />

‘cause of the lifestyle of majority<br />

people put value in consumption<br />

producing waste is so badly<br />

so find a solution that everyone’s happy<br />

walk through the nature, friend<br />

counting the stars in our dreams<br />

together we are much stronger than it seems<br />

flying in the wind<br />

yes, like leaves which are getting free<br />

forward to the future we are wanting to see<br />

i<br />

nd<br />

Tanja Kelm et Kristian Schaffner


Naturefriends UGB<br />

Saint-Louis<br />

Réserve<br />

Sylvo-Pastorale<br />

des Six Forage<br />

Au Sénégal nous nous sommes organises<br />

en ASAN (Association Sénégalaise des<br />

Amis de la Nature).<br />

Dakar<br />

Thiès<br />

Kébémer<br />

Asan Isfar<br />

Touba<br />

La Maison des Amis<br />

de la Nature<br />

ASAN/UCAD<br />

ASAN/CFPH<br />

En tant qu’amis de la nature on est dévoué à<br />

la protection de la nature. <strong>Nous</strong> menons des<br />

activités de sensibilisation mais aussi de reboisement,<br />

d’écotourisme et de nettoyage<br />

des déchets plastiques.<br />

Pour plus d’information allez sur le site<br />

www.amisnature-sn.org<br />

Si vous œuvrez dans la nature on serait content<br />

si vous nous joignez à travers une de<br />

nos quatre cellules des universités ou bien<br />

à travers un de nos groupes locaux. Cous<br />

avez juste à contacter les groupes via leurs<br />

pages Facebook .

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