Slavische Philologie - Archiv
gg T. Matiö, Asa)i voyant de loin cette scene, rappelle ses fils : « Revenez ä moi, mes enfans; laissez cetto cruelle mere, qui a un coeur d'airain, et qui ne ressent plus pour vous aucune pitiöcr. Entendant ces paroles, cette affligöe veuve pälit et tombe par terra. Son ame quitte son corps au moment qu'elle voit partii- ses enfans. 4. La femme d'Asan. [Oeuvres de Charles Nodier. Paris 1832. T. HI, p. 149.] Palestna pjezanza plemenite Asan-Aghinize, litteralement, la complainte de la noble ^pouse d'Asan-Aga, est un des poemes le plus c6- lebres de la litt^rature morlaque. U me paroit supörieur ä tous ceux qui me sont connus par la v^rite des moeurs et le pathötique des sentiments. Je ne crois pas qu'il en existe d'autre traduction que celle de Fortis dans le Viaggio in Dalmazia. La femme d^Asan. Quelle blancheur eblouissante öclate au loin sur la verdure immense des plaines et des boeages ? Est-ce la neige ou le cygne, ce brillant oiseau des fleuves qui l'eflFace en blancheui- ? Mais les neiges ont disparu, mais le cygne a repris son vol vers les froides regions du nord. Ce n'est ni la neige, ni le cygne ; c'est le pavillon d'Asan, du brave Asan qui est douloureusement blesse, et qui pleure de sa colere encore plus que de sa blessure. Car voici ce qui est arrive. Sa mere et sa soeur l'ont visitd dans sa tente, et son ^pouse qui les avoit suivies, retenue par la pudeur du devoir ^j, s'est arret^e au-dehors parce qu'l ne l'avait point mandee vers lui. C'est ce qui cause la peine d'Asan. Cependant quand la douleur de sa blessure s'est calm^e, il ecrit ainsi ä sa triste et fidele amio : » Fille de Pintor, vous ne vous prösenterez plus dans ma maison blanche 2); ni dans ma maison, je vous le dis, ni dans Celle de mes parents«-^). A la lecture de cot arret terrible, l'infortunöe demeure accabl^e.
« « Prosper Merimee's Mystifikation kroat. Volkslieder. 87 Depuis ce jour de funeste memoire, un jour .... preoccupöe des pensees du bonheur perdu, eile ^coutoit : son oreille est frappee du retentissement de la terre sous les pas des chevaux. Elle s'elance dösespöree vers la tour, et cherche ä gagner son sommet d'oü eile peut embrasser une mort certaine ; car eile pense que c'est Asan qui vient la poursuivre de ses reproches: mais ses petites filles tremblantes se sont attachees ä ses pas. ))0 ma mere, s'^crientelles, 6 ma mere! cesse de fuir, car ce n'est point notre pere bien-aim6; c'est ton frere, le bey Pintorovich. Ainsi rassuree, eile descend, et jette ses bras au cou du prudent vieillard: »H^las! dit-elle, vous le savez et vous connoissez ma honte et Celle de notre race! 11 a röpudie l'öpouse qui lui a donn6 cinq enfants!« Le bey se tait, il ne r^pond point ^] ; mais il tire d'une bourse de soie vermeille le titre solennel qui permet ä sa soeur de se couronner de nouveau des fleurs et des guirlandes de l'^pousöe, apres qu'elle aura foul^, sur le seuil de la maison natale, la trace des pas de sa mere ^). A peine la malheureuse femme d'Asan a laisse tomber ses yeux sur cet ecrit, eile regarde, eile hösite, eile attend, et puis eile se soumet; car l'ascendant de son frere la domine. Prete ä les quitter, eile baise avec ardeur le front de ces deux jeunes fils. EUe presse de ses levres les joues fraiches et colorees des petites filles qui pleurent sans comprendre tout-ä-fait le sujet de leur douleur; mais eile ne peut se detacher du berceau oü repose le dernier n^ de ses enfants. Elle s'y fixe comme pour l'entrainer avec eile ^). Son frere la saisit d'une main severe, la pousse vers le coursier rapide, et vole avec eile ä la maison de Piutor. Elle n'y demeura pas long-temps. La semaine etait a peine achevöe, qu'une femme si belle et de si noble race fut recherch^e pour dpouse par l'illustre juge d'Imoski ^). EUe tombe eploröe aux pieds de son frere, eile gömit, eile prie: »H61as! dit-elle, ne me donne plus pour epouse ä personne, je t'en conjure par ta vie, je te le demande ä genoux! mon cceur eclatera de douleur, s'il faut que je renonce ä embrasser encore mes pauvres enfants!« Le bey, sourd ä sa voix, a r^solu de l'unir au noble Kadi. Devou6e, eile prie encore: »Du moins, reprend-elle, ecris en ces termes ä l'epoux que tu m'as choisi. Ecoute bien !
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T. Matiö,<br />
Asa)i voyant de loin cette scene, rappelle ses fils : « Revenez ä moi,<br />
mes enfans; laissez cetto cruelle mere, qui a un coeur d'airain, et qui ne<br />
ressent plus pour vous aucune pitiöcr.<br />
Entendant ces paroles, cette affligöe veuve pälit et tombe par terra.<br />
Son ame quitte son corps au moment qu'elle voit partii- ses enfans.<br />
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La femme d'Asan.<br />
[Oeuvres de Charles Nodier. Paris 1832. T. HI, p. 149.]<br />
Palestna pjezanza plemenite Asan-Aghinize, litteralement,<br />
la complainte<br />
de la noble ^pouse d'Asan-Aga, est un des poemes le plus c6-<br />
lebres de la litt^rature morlaque. U me paroit supörieur ä tous ceux qui<br />
me sont connus par la v^rite des moeurs et le pathötique des sentiments.<br />
Je ne crois pas qu'il en existe d'autre traduction que celle de Fortis dans<br />
le Viaggio in Dalmazia.<br />
La femme d^Asan.<br />
Quelle blancheur eblouissante öclate au loin sur la verdure immense<br />
des plaines et des boeages ?<br />
Est-ce la neige ou le cygne, ce brillant oiseau des fleuves qui l'eflFace<br />
en blancheui- ?<br />
Mais les neiges ont disparu, mais le cygne a repris son vol vers les<br />
froides regions du nord.<br />
Ce n'est ni la neige, ni le cygne ; c'est le pavillon d'Asan, du brave<br />
Asan qui est douloureusement blesse, et qui pleure de sa colere encore<br />
plus que de sa blessure.<br />
Car voici ce qui est arrive. Sa mere et sa soeur l'ont visitd dans sa<br />
tente, et son ^pouse qui les avoit suivies, retenue par la pudeur du devoir<br />
^j, s'est arret^e au-dehors parce qu'l ne l'avait point mandee vers<br />
lui.<br />
C'est ce qui cause la peine d'Asan.<br />
Cependant quand la douleur de sa blessure s'est calm^e, il ecrit<br />
ainsi ä sa triste et fidele amio : » Fille de Pintor, vous ne vous prösenterez<br />
plus dans ma maison blanche 2); ni dans ma maison, je vous le dis, ni<br />
dans Celle de mes parents«-^). A la lecture de cot arret terrible, l'infortunöe<br />
demeure accabl^e.