Slavische Philologie - Archiv

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! 34 T. Matiö, comme un atome de sa splendeur immense, et il te confie ä la protection de la verdui'e et ä l'amour des fleurs. Aupres de ton eclat celui de I'or pälit, celui des perles s'eteint; ä peine peut-on lui comparer ce feu vainqueur des tenebres qui s'allume, pötille et jaillit, dans la nuit profonde, du sein de l'escarboncle Orientale. Tu es, dans la delicatesse de ta beante, astre modeste des buissons, l'image d'une vierge timide qui ^claire malgr6 elles les secrets de la nuit, du feu de ses regards, en cherchant la trace de l'ami qu'elle aime. Ah! puisses-tu, charmante Luciole, recueillir le prix de ce que tu as fait pour moi! puissent les prairies te prodiguer en tout temps, Luciole bienfaisante, le nectar embaume de leurs fleurs, et le ciel, les douceurs inöpuisables de sa rosee 3. Chanson sur la mort de Villustre epouse d''Asan-Aga. [Voyage en Dalmatie par M. l'abbe Fortis. Traduit de l'italien. Berne 1778. T. I, p. 143.] Quelle blancheur brUle dans ces forets vertes ? Sont-ce des neiges, ou des cygnes? Les neiges seroient fondues aujourd'hui, et les cygnes se seroient envoles. Ce ne sont ni des neiges ni des cygnes, mais les tentes du guerrier Asan-Aga. II y demeure blessö et se plaignant amerement. Sa mere et sa soeur sont all^es le visiter : son epouse seroit venue aussi, mais la pudeur la retient. Quand la douleur de ses blessures s'appaisa, il manda ä sa femme fidelle: »Ne m'attends pas ni dans ma maison blanche, ni dans ma com-, ni parmi mes parensff. En recevant ces dures paroles cette malheureuse reste triste et afflig^e. Dans la maison de son 6poux, eile entend les pas des chevaux, et dösespöree eile court sur une tour pour finir ses jours en se jettant par les feneti-es. Ses deux filles ^pouvant^es, suivent ses pas incertains, en lui criant: Ah, chere mere, ah! ne fuis pas: ces chevaux, ne sont pas ceux de notre pere Asan ; c'est ton frere, le Beg Pintorovich qui vient de voir. A ces voix l'^pouse ^^Asan tourne ses pas, et courant les bras ötendus vers son frere, eile lui dit: »Ah, mon frere! vois ma honte extreme!

: Prosper M6rimee's Mystifikation kroat. Volkslieder. 85 II me röpudie, moi qui lui ai donne cinq enfans ! « Le Beg se tait et ne repond rien : mais il tire d'une bourse de soye vermeille, une feuille de papier, qui permet ä sa soeur de se couronner pour un nouveau mari, aprfes qu'elle sera retournee dans la maison de ses peres. La dame affligöe voyant ce triste ecrit, baise le front de ses fils et les joues de rose de ses deux filles. Mais eile ne peut pas se s^parer de l'enfant au berceau. Le severe Beg Ten arrache, l'entraine avec force, la met ä cbeval, et la ramene dans la maison paternelle. Peu de tems apres son arrivöe, le peu de tems de sept jours ä peine eeoule, de toute part on demande en mariage la jeune et charmante veuve, issue d'un sang illustre. Parmi les nobles prötendants se distingue la kadi ä^Itnoski. D'une voix plaintive eile dit alors ä son frere: »ne me donne pas ä un autre mari, mon eher frere: mon coeur se briseroit dans ma poitiine, si je revoyois mes enfans abandonnes«. Le Beff ne fait point d'attention ä ses prieres, et s' obstine ä la donner au Kadi A^Itnos/ci. Alors eile le prie de nouveau: puisque tu veux absolument me marier, envois au moins une lettre en mon nom au Kadi, et dis-lui: la jeune veuve te salue et te prie par cet ecrit, que quand tu viendras la cbercher, accompagne des seigneurs Svati^ de lui apporter un voile, avec lequel eile puisse se couvrir, afin qu'en passant devant la maison ä^Asan^ eile ne voie pas ses enfans orphelins. Apres avoir rcQu la lettre, le Kadi assemble sur le champ les seigneurs Svati pour chercher son epouse, et pour lui porter le long voile qu'elle demande. Les Svati arrivent heureusement ä la maison de l'epouse, epoux. et la conduisent avec le meme bonheur vers la demeure de son Arriv^e, chemin faisant, devant la maison i^Asan, ses deux filles la voyent d'un balcon, et ses deux fils courent ä sa rencontre, en criant »Obere mere, reste avec nous; prens chez nous des rafralchissemens«. La triste veuve d'^^aw, entendant les cris de ses enfans, se tourne vers le premier Svati: »Pour l'amour de Dieu, eher et vendrable, arrete les chevaux pres de cette maison, afin que je donne ä ces orphelins quelque gage de ma tendresse«. Les chevaux s'arretent devant la porte, eile descend et oflfre des pr^sens ä ses enfans : eile donne aux fils des brodequins d'or, et de beaux voiles aux filles. Au petit inocent, qui couche dans le berceaux, eile envoit une Robe.

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34 T. Matiö,<br />

comme un atome de sa splendeur immense, et il te confie ä la protection<br />

de la verdui'e et ä l'amour des fleurs.<br />

Aupres de ton eclat celui de I'or pälit, celui des perles s'eteint; ä<br />

peine peut-on lui comparer ce feu vainqueur des tenebres qui s'allume,<br />

pötille et jaillit, dans la nuit profonde, du sein de l'escarboncle Orientale.<br />

Tu es, dans la delicatesse de ta beante, astre modeste des buissons,<br />

l'image d'une vierge timide qui ^claire malgr6 elles les secrets de la<br />

nuit, du feu de ses regards, en cherchant la trace de l'ami qu'elle aime.<br />

Ah! puisses-tu, charmante Luciole, recueillir le prix de ce que tu<br />

as fait pour moi! puissent les prairies te prodiguer en tout temps, Luciole<br />

bienfaisante, le nectar embaume de leurs fleurs, et le ciel, les douceurs<br />

inöpuisables de sa rosee<br />

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Chanson sur la mort de Villustre epouse d''Asan-Aga.<br />

[Voyage en Dalmatie par M. l'abbe Fortis. Traduit de l'italien. Berne 1778.<br />

T. I, p. 143.]<br />

Quelle blancheur brUle dans ces forets vertes ?<br />

Sont-ce des neiges,<br />

ou des cygnes? Les neiges seroient fondues aujourd'hui, et les cygnes<br />

se seroient envoles. Ce ne sont ni des neiges ni des cygnes, mais les<br />

tentes du guerrier Asan-Aga.<br />

II y demeure blessö et se plaignant amerement.<br />

Sa mere et sa soeur sont all^es le visiter : son epouse seroit<br />

venue aussi, mais la pudeur la retient.<br />

Quand la douleur de ses blessures s'appaisa, il manda ä sa femme<br />

fidelle: »Ne m'attends pas ni dans ma maison blanche, ni dans ma com-,<br />

ni parmi mes parensff. En recevant ces dures paroles cette malheureuse<br />

reste triste et afflig^e.<br />

Dans la maison de son 6poux, eile entend les pas<br />

des chevaux, et dösespöree eile court sur une tour pour finir ses jours en<br />

se jettant par les feneti-es. Ses deux filles ^pouvant^es, suivent ses pas<br />

incertains, en lui criant: Ah, chere mere, ah! ne fuis pas: ces chevaux,<br />

ne sont pas ceux de notre pere Asan ; c'est ton frere, le Beg Pintorovich<br />

qui vient de voir.<br />

A ces voix l'^pouse ^^Asan tourne ses pas, et courant les bras ötendus<br />

vers son frere, eile lui dit: »Ah, mon frere! vois ma honte extreme!

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