Slavische Philologie - Archiv

82 T. Matic,
Giorgi est l'Anacr^on des Morlaques. La lecture des classiques et
la fr^quentation des villes ont imprime ä son style quelque chose de la
recherche brillante, de l'enthousiasme hyperbolique des Italiens ses
voisins. C'est ce que je n'ai pas vonhi dissimilier dans ma foible Imitation.
Teile qu'eUe est, la Luciole de Giorgi me paroit digne cependant
de soutenir la comparaison avec le Sphinx de Madame de Krudener et la
Violette de Goethe.
L'original, que j'ai tirö des savans Memoires d'Appendini sur les
antiquites de Raguse et la littörature illyrienne est souvent cite comme
autoritö classique dans l'utile dictionnaire italien-iUyrique du P. Ardelio
della Bella. Voy. Lucciole o Lucciola, pag. 80, tom. 2.
Le poeme slave est divisö en quatrains, la seule traduction italienne
que je connoisse, en sixains. J'ai marque par un filet la division
des strophes.
La Luciole.
Ddjä I'humide nuit deploie le vol immense de ses
ailes silencieuses,
et le choeur mystörieux des astres, complices des tendres larcins de
l'amour, commence une danse magique dans les plaines du ciel.
Moi qui ne pense qu'ä ma belle, je profite de l'obscuritö naissante
pour me glisser ä travers les ombres de la maison qu'elle habite. De
9on balcon, descend ä l'extremitö d'un fil de soie une feuille blanche que
le vent balance. Hölas! j'esp^rois davantage.
L'impatience de reconnolti'e au moins dans ce billet les pensöes de
Celle que j'aime fait palpiter et fr^mir mon coeur ; mais la nuit s'est obscui'cie
de plus en plus, et dans la profondeur de ses tönebres, je demande
en vain au message secret de ma belle le signe invisible qu'elle
lui a confiö.
Eflforts impuissants ! plaintes inutiles ! La
chevelure ^clatante de la
lune ne flotte pas encore en ondes argent^es sur le sommet des montagnes
oü cette nymphe assied son trone. Les flambeaux du ciel brillent ti'op
öloignös de mes yeux.
Je m'emporte en reproches contre la nuit dont quelques moments
auparavant j'accusois foUement la lenteur! Je m'indigne du repos des
616ment3 qui me refuaent jusqu'ä la lumiere des tempetes ! . . .